L’enthousiasme que suscite l’annonce de la cérémonie du Prix Pierre Castel, prévue pour le 14 septembre 2023 à Douala, la capitale économique du Cameroun, n’efface pas les critiques sous-jacentes qui entourent cet événement. Certes, il peut sembler généreux de soutenir de jeunes entrepreneurs africains, mais à quel prix?
Des sommes dérisoires pour de grands rêves
Lorsqu’on évoque les enveloppes allouées aux lauréats du prix, une question se pose inévitablement: est-ce suffisant? 10 millions de FCFA (15 000 euros) pour le premier et 6,5 millions de FCFA (10 000 euros) pour le second. À première vue, ces montants peuvent paraître significatifs, mais en réalité, ils sont bien en dessous des besoins réels des entrepreneurs, surtout lorsqu’on parle d’innovation agricole. Combien coûte l’achat de matériel agricole de pointe, la recherche ou même la formation nécessaire pour se lancer? Sans parler de la gestion des imprévus. En somme, ces sommes, distribuées avec tant de fanfare, risquent de n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan des défis auxquels sont confrontés les lauréats.
Un écran de fumée pour masquer les vrais problèmes ?
Le choix du thème pour la table ronde, « Quelles solutions en soutien à l’entrepreneuriat agricole des jeunes? », est ironique. Au lieu d’organiser de grands événements publicitaires, ne serait-il pas plus judicieux que des institutions comme le Fonds Pierre Castel se penchent vraiment sur les obstacles structurels auxquels sont confrontés les jeunes entrepreneurs africains? Si l’on souhaite vraiment soutenir ces jeunes, n’est-il pas temps de passer des paroles aux actes ?
L’Africanité en question
Alors que le site 237online.com met souvent en lumière les merveilles et les défis du Cameroun, il convient de se demander si des récompenses comme le Prix Pierre Castel ne sont pas, en quelque sorte, une validation néocoloniale. Oui, le financement est essentiel, mais doit-il toujours venir avec le nom d’un homme d’affaires français en gros titre ? Où sont les noms africains, les héros locaux qui soutiennent nos entrepreneurs?
L’initiative peut avoir de bonnes intentions, mais le Prix Pierre Castel 2023 semble manquer le coche. Dans une époque où l’Afrique aspire à se définir par elle-même, il est essentiel de questionner les motivations et l’impact réel de tels événements. L’Afrique n’a pas besoin de miettes; elle mérite un véritable soutien, à la mesure de son potentiel.
