Maitre Mary Concilia Anchang

Opportunité Africaine Face à la Percée Chinoise

Afrique

Sans savoir d’où l’on vient, serait-il possible de savoir qui nous sommes et où on va ? Les années 80/90 furent des années économiquement désastreuses pour l’Afrique.

En effet, ces pays ont connu une crise économique sans précédent. Politiquement souveraines, mais économiquement très dépendantes de l’aide publique au développement des puissances étrangères.

La lourde dépendance de l’Afrique à l’égard de l’exportation de ses matières premières à l’état brut depuis sa colonisation , unique sources de revenus rend le système économique de la majorité de ces pays immobile. Il va sans dire que, la spéculation, la guerre des prix, la chute des cours du pétrole et de matières première au marché mondial, enfonceront davantage ces économies si rien n’est fait.

La récurrente pénurie des devises dans les réserves des changes, les rend vulnérables et toujours dépendantes du FMI pour satisfaire les besoins impérieux de santé, d’éducation, d’alimentation et de paiement des salaires des fonctionnaires. A cela s’ajoutent les épineux problèmes de gouvernance auxquels se greffent les exigences d’états de droit, de démocratie, d’élections libres et de liberté d’expression. Ceci sans compter les guerres civiles et le terrorisme qui alourdissent son fardeau.

En outre, les institutions des Bretton Woods enfoncent le clou avec les plans d’ajustement structurels (P.A.S) rebaptisés documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP) partout en Afrique. Ces programmes de réformes économiques que les Institutions Financières Internationales (IFI) mettent en place pour permettre généralement, justifient-ils, de nous sortir de nos ‘’grandes difficultés’’ économiques, en contrepartie de l’octroi de nouveaux prêts ou de l’échelonnement d’anciens prêts.

Sauf que ces politiques d’ajustement structurel qui ont engendré des privatisations à la chaîne, licenciements massifs, libéralisation des économies, coupe dans les salaires, retraites, services publics restent de retentissants échecs parce que les pays de l’Afrique subsaharienne s’enlisent dans la pauvreté.

Pourtant, le FMI demande aux pays qui envisagent des programmes de réformes, de présenter des situations budgétaires viables, abstraction faite des inégalités, de l’inadéquation entre la croissance et la redistribution.
La situation est d’un cynisme absolu. Prêter aux pays dits pauvres est une aberration en raison de la certitude du défaut de paiement qui pérennise la dépendance du continent. Ces institutions soutiennent l’Afrique comme la corde soutient le pendu. Dans ces conditions, la Chine est-elle un partenaire plus fiable.

Le plus abyssal chamboulement politico-économique jamais vu en Afrique, depuis la fin de la guerre froide, est l’intérêt stratégique de la Chine. Premier partenaire commercial du continent, son principal financeur, la Chine propose une dette soutenable. Cette politique au combien attractive est-elle rentable pour l’Afrique, malgré l’écho peu reluisant sur les méthodes de Pékin et son appétit d’ogre ?

Pendant que les partenaires traditionnels des pays africains appréhendent et interrogent la progression rapide de la collaboration et la proximité naissante entre l`Afrique et la chine, L’empire du milieu avance à grands pas.

Sa concupiscence pour les matières premières malgré tout, favorise une amélioration de la croissance africaine. Mais à quel prix ? Comme dit l’adage Américain, « There is no free lunch », les africains se doivent d`être plus attentifs.
Les chinois sont présents dans toutes les villes Africaines, pour la convoitise du sol et du sous-sol et s’introduisent dans tous les secteurs d’activités, formels et informels, ils sont présents dans toutes les mines et carrières et même dans les secteurs, jadis réservés aux sociétés d’Etats. Aidés par quelques nationaux, Ils sont même dans le foncier pour disent-ils, les terres agricoles mais, en réalité c’est une grosse ‘’tumeur bénigne’’ en Afrique, par ce qu’en réalité, le problème du développement et de la sécurité alimentaire est sous-jacent.

Entre temps les Commerçants chinois et africains d’un autre genre, animent secrètement des affaires hautement juteuses. Par exemple, des produits bon marché fabriqués à profusion dans les usines chinoises, inondent les marchés africains. Ils ne se passent plus des mois sans qu’un chinois ne soit mêlé dans une affaire de possession illégale ou trafic de tout genre en Afrique.

L’aide publique au développement de Pékin (APD), reste cafardeuse en Afrique en ce que, la Chine fournit rarement un inventaire mais, par une stratégie médiatique, elle profite des visites ministérielles ou des conférences, pour faire un communiqué de presse pompeux sur son action.
En principe, le poids de la dette devrait être allégé pas le transfert de technologie, la mise en valeur du contenu local et la réduction du chômage en Afrique. Mais seulement, est-ce que nos états veillent à l’exécution des conventions et traités qu’ils ont librement signés?
L’empire du milieu est présent à la Banque asiatique de développement et aux organisations de Bretton Woods et est entrée au capital de la BEAC, de la BECAO, et de la BAD. Face à la nouvelle route de la soie, « Belt & Road initiative (BRI) » La Chine s’illustre en Afrique par des initiatives boulimiques, appuyées par des positions stratégiques sur le contient aux allures impérialistes.

Bien que s’appuyant sur le développement, l’investissement, et le dialogue « sud-sud », les relations sino-africaines méritent tout de même, un toilettage. La puissance africaine, forte de ses ressources naturelles et humaines est malheureusement, en ballotage entre la coopération et la prédation.
La pléthore de conventions signées entre l`Afrique et la Chine plante tout simplement le cadre d’une nouvelle forme de féodalité comme le démontrent ses méthodes. La Chine investit l’Afrique pour résoudre les problèmes inhérents à sa démographie en humiliant la main d’œuvre locale et en confisquant son savoir-faire. Business as usual. Malheureusement, la vitesse exponentielle du déploiement de la Chine sur nos terres indiquent que nos dirigeants manque de perspicacité et de vigilance.

A la lecture de ce qui précède, quelle est donc la place de l’Afrique dans un monde multipolaire ?
Mais, comment rester silencieux face aux images venant de la chine sur le difficile vivre ensemble entre les Africains résidents et le chinois. Ces images nous parlent et nous indignent ! Le Covid-Organics, une découverte Africaine parmi tant d`autres recherches aguicheuses, atteste de la compétence du personnel africain.

Avec la Pandémie du COVID-19, l’Afrique est bien placée pour apporter des solutions et des réponses à un occident inquiet et en perte de vitesse. Elle doit en outre prendre toute sa place dans ce nouveau monde par la refondation du cadre de sa coopération. Le Covid-Organics provenant du Madagascar comme traitement alternatif en est une parfaite illustration.

Nous partageons l’avis de Paul Francis TONYE selon lequel: « L’Union africaine, à travers ses organes sous régionaux, en l’occurrence les Communautés économiques régionales (CER) et la (CEA), doit donner l’impulsion aux Etats afin qu’ils s’émancipent des différentes aides qui sont autant de pièges. Il est question que tous ces pays transforment sur place leurs richesses minières et agricoles grâce à l’industrialisation, de la transformation du paysage économique. La présence en Afrique des cabinets d’expertise étrangers pourvoyeurs patentés de rapports en tous genre n’est pas rassurante ».

L’Afrique qui a suffisamment d’experts, de financiers, de chercheurs, de Juristes, d’Avocats, de banquiers, d’ingénieurs, d’assureurs, de scientifiques, d’économistes, médecines etc…, doit pouvoir elle-même diriger ses initiatives.
D’ailleurs qu’est devenue la fameuse facilité d’Assistance Juridique en vue d’aider les pays africains à mieux défendre leurs intérêts, mise en place par la BAD ?

Pour éviter, un endettement exagéré de l’Afrique, nous préconisons un allégement de cette dette, avec non seulement un transfert de technologie appuyé mais aussi, une formation renforcée des techniciens, des métiers divers et des cadres techniques et scientifiques africains sur place, par les pays du nord et la Chine. Cette politique, impacterait positivement la valeur ajoutée, quantitative et qualitative de nos produits et services, pour une compétitivité optimum sur le marché.

L’Afrique doit suivre de près, la constance dans la politique du Maroc, qui a juste changé de manière et d’approche et place désormais l’Afrique au rang de ses priorités. L’échange, la coopération, l’association, la collaboration et la confiance sont des points dominants du modèle de partenariat qu’offre le Royaume du Maroc au Continent, à l’instar des experts (IMIS) et autres. D’ailleurs une certaine presse occidentale en fait ses choux gras.

The African Chamber & Trade & Commerce et ses partenaires osent espérer que notre plaidoyer fera bouger les lignes, car toute l’Afrique est en proie à la corruption, à la mauvaise gouvernance et à la gabegie. Mais, notre continent a un très bel avenir que lui seul peut rendre décisif, avec l’ensemble des actions complémentaires qui pourront avoir des effets inclusifs et progressifs.
Africains, agissons donc !

Par Maitre Mary Concilia Anchang
The African Chamber of Trade &Commerce
President Fondatrice

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