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L'ouverture sur le Cameroun

Ne dites plus jamais que le Cameroun est un pays bilingue !

On a l’habitude de dire chez nous, pour se vanter, que nous sommes dans un pays bilingue. Quand on se compare avec les autre pays de la région ou bien du continent, et on les regarde de haut en disant, « Nous, on est bilingues, pas eux. »[pagebreak] On s’estime privilégié d’appartenir à la fois à la Francophonie et au Commonwealth. Mais on oublie de dire que ce bilinguisme qui nous sert de tremplin pour s’élever au dessus des autres est en réalité fictif.
Au Cameroun, nous avons deux langues officielles, le français et l’anglais. Ça, c’est officiellement. Malheureusement, rien n’est plus officiel depuis longtemps ici. Car dans les ministères, on ne parle que français – et ewondo. Si vous avez besoin d’un service, assurez-vous que vous pouvez le demander en français. Même le mercredi, pourtant choisi comme journée hebdomadaire du bilinguisme (journée pendant laquelle on fait l’effort de s’exprimer dans la langue officielle qu’on maîtrise le moins). C’est affiché sur toutes les portes dans les ministères. Mais ça, c’est officiel. Nous, on fait les choses officieusement.

Notre système éducatif ne favorise pas le bilinguisme. Pour commencer, nous avons deux sous-systèmes. Dans le sous-système francophone, l’anglais est juste une matière au même titre que l’allemand, l’espagnol ou bien l’histoire-géographie. On ne lui accorde pas assez d’importance. Certains enseignants d’anglais font d’ailleurs cours en français, l’essentiel pour eux étant que les élèves aient de bonnes notes dans la matière. Tant pis s’ils ne parlent pas, ils ont le français qui est également une langue officielle.

Dans le sous-système anglophone, c’est même pire. En Lower Sixth (6ème année d’études secondaires)  et en Upper Sixth (7ème année d’études secondaires), les élèves ont la possibilité de ne pas faire de français du tout ! Ils ont en effet la possibilité de choisir les matières qui les intéressent, selon leurs objectifs et leurs aptitudes. Tout le monde s’en fout des difficultés auxquelles ils auront à faire face plus tard, quand ils seront obligés de passer un entretien d’embauche en français. C’est le Cameroun qui est bilingue, et non les élèves.

Même officiellement, certains textes qui régissent le pays ne sont pas en faveur du bilinguisme. Par exemple, pour occuper des hautes fonctions comme président de la république, il faut pouvoir s’exprimer en français OU en anglais. Idem pour les ministres, députés, sénateurs, maires, etc. Alors comment peut-on promouvoir le bilinguisme, si les institutions qui représentent le pays ne le sont pas ? Comment encourager nos petits frères à s’exprimer en anglais quand même le président de la république (le premier Camerounais) lui-même en est incapable ?
Dire que le Cameroun est bilingue, c’est dire que ceux qui le représentent le sont également. Dernièrement, lors du sommet du Commonwealth organisé au Cameroun, nous avons vu nos représentants suer à grosses goûtes devant quelques phrases écrites en anglais. Les plus courageux lisaient carrément l’anglais en français tandis que les plus réalistes ont simplement fait leurs discours en français. Quel embarras ! Quelle honte ! Quel déshonneur ! Quelle insulte à notre statut de pays bilingue !

Aujourd’hui, on a réussi à digérer la honte et la disgrâce. On recommence à se montrer sans voir les sourires moqueurs du monde entier. Mais une chose est sûre, on ne pourra plus jamais se faire passer pour un pays bilingue. … LIRE L’ARTICLE SUR LE PETIT ECOLIER

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