Mairie de Douala: Que cache l’exclusion des Bassa, Bakoko et des nordistes ?

Roger Mbassa Ndine

Au départ comme à l’arrivée, le Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) avait d’office éliminé les Bassa, Bakoko et même les nordistes.

C’est donc acté et même lancé : Les grands Maires de villes élus sont déjà tous installés; notamment à Douala où, personne ne l’a oublié, l’élection du super Maire avait failli tourner à une guerre de tranchées entre, d’une part, les candidats qui s’attendaient, et s’étaient préparés à une compétition électorale, et d’autre part le comité central du Rdpc dont l’émissaire avait fait sursauter les quelques 269 conseillers municipaux des six communes d’arrondissement de la capitale économique, venus pour voter, en optant – non pour l’élection que tout le monde attendait – mais carrément pour une investiture. Tous les conseillers avaient évidemment à l’esprit, l’alinéa 2 de l’article 246 de la loi sur la Décentralisation qui stipule : « Le Maire de la ville et ses adjoints sont élus par un collège constitué de l’ensemble des conseillers municipaux des communes d’arrondissement, sur convocation du représentant de de l’Etat suivant les modalités fixées à l’article 200 de la même Loi. »

Élection ou investiture ?

Comment les choses avaient-elles donc pu subitement basculer dans une situation de non élection, et littéralement d’investiture impérative ? En somme les choses avaient viré à l’adoubement d’une liste arrêtée qu’il avait été question de proclamer devant le corps électoral composé de l’ensemble des conseillers des six mairies d’arrondissement de la ville de Douala ! Dès lors, se demande-t-on ici et là, pourquoi la Loi ayant prévu l’élection du
Maire de la ville, a-t-elle pu se muer en investiture d’une liste subrepticement concoctée par la nomenklatura du parti de Paul Biya comprenant un Maire choisi en douce flanqué d’adjoints tout autant préférés de façon arbitraire et subjective ? De quoi se poser cette question : Quelle différence alors avec les nominations des désormais ex-délégués du Gouvernement ? 237online.com
En fait, après la consécration des six maires d’arrondissement de la ville de Douala victorieux à l’issue du scrutin couplé du 9 février dernier, tous et chacun des citadins des berges du Wouri n’attendaient plus que l’élection du Super maire, le Maire de la Ville. A cet effet, quatre candidats – tous militants du parti au pouvoir avaient manifesté leur ambition de postuler à ce poste.

Quatre candidats, un investi.

Quatre prétendants aux profils intéressants : Jean Jacques Lengue Malapa – maire nouvellement réélu pour la troisième fois à la mairie de Douala 1er -, Gérémie Sollè – Docteur en médecine et ex Délégué régional de la Santé pour le Littoral et ancien directeur de l’Hôpital Laquintinie -, Roger Mbassa Ndinè – haut cadre retraité de la fonction publique et ex sénateur -, et enfin Isaac Ngwem Mode, un technocrate bon chic bon genre. Pendant près de dix jours, ces quatre prétendants avaient fait le tour des conseils municipaux et des réseaux sociaux pour présenter leurs ambitions respectives pour la ville de Douala.

La date de l’élection avait été fixée au 05 mars

Mais coup de théâtre le jour dit : Alors que les quatre candidats s’attendaient au scrutin, le mandataire du Rdpc – en l’occurrence le ministre Ndong Soumhet, entre dans la salle, brandit une liste sur laquelle figure le nom du Maire de la ville investi par le Rdpc, ainsi que ceux de ses
adjoints déjà arrêtés par le parti : Yobé Pamphile, Njitchoua Roger, Ndomè Moukoko Léonide et Mme Touonguéné. Surprise et stupéfaction dans la salle. Et réaction inattendue : Murmures et vitupérations dans la salle et parmi les candidats. Le suppositoire s’est avéré trop gros et avait provoqué une réaction de désapprobation. Surpris, le mandataire du Rdpc tente de rouler des yeux, mais rien n’y fait. La salle gronde et s’agite. Le délégué du Rdpc sue à grosses gouttes et multiplie les coups de téléphone. A Yaoundé certainement.

Il aura fallu deux jours – pudiquement qualifiés de « négociations » – pour que les candidats se plient … à la discipline du Parti. Comme s’il était question d’un renouvellement d’un organe de base du Rdpc. En tout cas au terme de cette « élection », et grâce au coup de pouce de la 25è heure de Jean Jacques Ekindi ayant permis de qualifier ce qui venait de se passer d’élection, le candidat investi Roger Mbassa Ndinè a été déclaré gagnant, et ipso facto consacré Premier Maire de la Ville de Douala.

Les floués de la course

Applaudissements, youyous, embrassades, grands sourires, bisous, poignées de mains et poses de photos avec de larges sourires. L’essentiel est resté sauf. La discipline du Parti avait gagné ! Mais à quel prix ! Parce que la liste des adjoints « élus » du Maire a tout autant provoqué des questionnements. En effet le Dr Sollé Gérémie se retrouve 1er adjoint du Maire sans avoir compéti. Et contrairement à la première liste « investie » par le comité central du Rdpc, deux personnalités – Yobé Pamphile et Mme Touanguene avaient été escamotées et remplacées par Gérémie Sollè et Mme Moukoko Ebole Léonide aux rangs de 1er et quatrième adjoints. Autre grosse récrimination, mais celle-là sur le plan sociologique. 237online.com Il est reproché qu’il ne figure aucun ressortissant Bassa ou Bakoko : les deux autres composantes de base du département du Wouri. Pourquoi ? L’investiture aurait certainement des raisons que la raison ignore.

De même, l’autre reproche aigre qui est psalmodié, mais de façon sourde par une bonne frange de la population de Douala est qu’aucun originaire du Grand Nord ne figure sur la liste de la Grande Mairie de Douala, alors qu’il est connu et reconnu que le poids des membres de la communauté du Septentrion – Adamaoua, Nord et Extrême Nord – a toujours permis au Rdpc de se tailler de confortables résultats électoraux dans le département du Wouri. Au final, à l’arrivée des courses pour la compétition à la Grande Mairie de Douala, il y en a beaucoup qui se sont sentis copieusement floués.

One thought on “Mairie de Douala: Que cache l’exclusion des Bassa, Bakoko et des nordistes ?

  1. Quant on ne respecte même pas les règles qu’on s’est soit même établies…
    Vous comprendrez donc à la suite de votre analyse révélatrice où le rdpc veut conduire les communautés… dans la division, l’exclusion, l’instrumentalisation et l’usurpation loin de la cohésion sociale chantée à tout va.
    Et qq « idiots utiles » se prêtent à ce jeu.
    C’est sur le terrains que nous verrons s’ils jouent pour ou contre les autres…

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