L??affaire semblait pourtant bien partie. Avec la création d??une brigade nationale en charge des logements estudiantins, tout le monde pensait que l??époque des conflits était révolue dans l??univers des mini-cités. Et lorsqu??une grille des prix homologuée est arrêtée, puis
publiée, c??est la cerise sur le gâteau, pense-t-on alors. Et pourtant, depuis l??avènement des loyers « officiels », les relations entre étudiants et promoteurs de logements n??ont jamais été aussi orageuses que ces dernières semaines. Des locataires ont été molestés par des cerbères envoyés par leur bailleur. Juste parce qu??ils avaient osé brandir la grille homologuée. Un bailleur a même porté plainte et obtenu gain de cause. La justice a tranché : l??étudiant doit libérer la chambre. Voilà le dernier grand rebondissement dans le feuilleton des loyers dans les mini-cités universitaires. Un épisode qui, on s??en doute, va donner encore plus de hardiesse aux propriétaires de logements estudiantins dans leur mouvement de résistance à l??homologation des loyers à grille. Les pouvoirs publics pensaient avoir réglé la question constituant la brigade, où siègent des représentants des promoteurs de mini-cités. Mais au lendemain de la publication de la grille des prix homologués, les premières voix se sont élevées pour dire que les bailleurs n??avaient pas été informés. Et qu??ils ne pouvaient pas appliquer des tarifs « imposés » qui ne tenaient pas compte du poids de leurs investissements. Le décor est en tout cas planté pour une impasse. Depuis la semaine dernière, c??est à nouveau le dialogue de sourds. Les autorités publiques, par la voix du ministère de l??Enseignement supérieur semblent décidées à faire appliquer la grille sans restriction. Les bailleurs disent le contraire. Certains ont même recommencé à expulser les locataires qui s??obstinent à vouloir payer le prix fixés par « des tiers ». Et au beau milieu de ce bras de fer, les pauvres étudiants qui ne savent plus à quel saint se vouer. Surtout quand le bailleur refuse de prendre l??argent. Ils ont donc entrepris de manifester l??autre jour à l??université de Yaoundé I, pour attirer l??attention des autorités universitaires sur leur situation plus qu??embarrassante. Mais à l??heure actuelle, la grande question est là : peut-on obliger un propriétaire à appliquer un loyer fixé par l??Etat ? Autour de cette question, les avis sont très partagés, et souvent même passionnés. Avec notamment de véhéments promoteurs, qui estiment que les mini-cités sont des propriétés privées et qu??on ne saurait les obliger à pratiquer certains prix. Et pour le moment, rien n??est tranché. Rien ne semble même bouger depuis les derniers événements. Dans l??intérêt des étudiants-locataires, il faudra bien qu??il y ait une évolution. Quelle forme prendra-t-elle ? Wait and see ! Les parties ont encore le choix, entre l??ouverture de nouvelles concertations qui aboutiraient soit à une nouvelle grille. Soit à une plus meilleure sensibilisation des propriétaires de mini-cités. De toute façon, le blocage actuel ne profite à personne. Surtout pas aux étudiants premiers concernés dans l??affaire. Et premières victimes. En attendant les fins de mois sont aujourd??hui des moments de haute tension dans des mini-cités comme celles du célèbre « Bonamoussadi » à Yaoundé.
Yves ATANGA, Cameroun tribune