Un rapport historique de 1000 pages sur la violence coloniale française au Cameroun entre 1945 et 1971 vient d’être remis aux présidents Paul Biya et Emmanuel Macron. Cette enquête sans précédent, menée par une commission mixte franco-camerounaise, dévoile l’ampleur des exactions commises pendant cette période sombre de notre histoire.
Des révélations qui ébranlent les certitudes
Cette commission d’historiens, dirigée par Karine Ramondy, a eu accès à des archives déclassifiées et des témoignages directs. Les conclusions sont accablantes : la France a mené une guerre d’une “violence extrême” au Cameroun, utilisant des méthodes déjà expérimentées en Indochine et en Algérie.
Une stratégie de répression systématique
L’enquête approfondie révèle un système de répression minutieusement organisé :
- Création de zones d’exception en Sanaga-Maritime
- Ratissages massifs des populations
- Torture institutionnalisée
- Déplacements forcés de communautés entières
- Assassinats ciblés de leaders indépendantistes
- Restriction des libertés fondamentales
- Actions psychologiques sur les populations
- Politique de regroupements forcés
- Traque systématique des opposants
Un devoir de mémoire enfin assumé
Cette reconnaissance officielle marque un tournant dans les relations franco-camerounaises. Le rapport, fruit de deux ans de recherches minutieuses, répond à l’engagement pris par Emmanuel Macron lors de sa visite au Cameroun en 2022 de faire la lumière sur cette période.
Les chercheurs soulignent particulièrement l’année 1955 comme un point de basculement. L’interdiction de l’UPC déclenche une escalade de violence, avec d’un côté des actions de guérilla et de l’autre une répression généralisée touchant l’ensemble de la société camerounaise.
L’impact de ces violences se mesure encore aujourd’hui :
- Traumatismes transgénérationnels
- Destructions d’infrastructures
- Déstructuration du tissu social
- Perturbation du développement économique
- Séquelles politiques persistantes
Ce rapport intervient dans un contexte de questionnement global sur l’héritage colonial français en Afrique. Il offre enfin une reconnaissance officielle aux victimes et à leurs descendants, tout en posant les bases d’une possible réconciliation mémorielle.
La remise simultanée du rapport aux deux chefs d’État symbolise une volonté partagée d’affronter ce passé douloureux. Reste maintenant à voir quelles suites concrètes seront données à ces révélations, notamment en termes de réparations et de reconnaissance officielle des préjudices subis.