« Les Supplices de la chair » de Caroline Meva dénonce les conséquences du viol et de la misogynie sur la vie de certaines femmes.
Les prostituées sont-elles condamnées à finir leur vie de la même manière ? Seules, malades et ruinées. Mabelle, protagoniste principale de ce roman de 200 pages n’y échappe pas. Pourtant rien ne destinait la petite fille du quartier Melen à Yaoundé à un destin aussi funeste. Issue d’un milieu certes pauvre, Mabelle aimait cependant l’amour comme d’autres aiment le vin.Mais sa condition de fille va la rattraper avant ses 15 ans quand elle est victime d’un viol. Un crime commis par un oncle, lequel sans remords et indifférent aux souffrances physiques et morales de sa nièce va se vanter de son acte.
Le traumatisme est grand d’autant que Mabelle évolue dans un environnement familial fragilisé par un père violent et d’une mère sous l’emprise de son tyran d’époux. Le réconfort dans le bras de ce garçon qu’elle aime et croit amoureux d’elle ne lui apporte qu’une grossesse précoce. La suite est prévisible. Écrasée par une société qui donne très peu la parole aux femmes, Mabelle étouffe son cri de désespoir. Désorientée, sans éclaireur, elle va accumuler les mauvais choix. Elle va plier sous le joug de la domination masculine. Trouvant dans la prostitution, la seule issue possible pour sa destinée.Au fil des pages de « Les Supplices de la chair »Le lecteur suit son parcours dans les méandres des milieux de la prostitution. De « vendeuse de piment » des quartiers malfamés à la carrière d’une madame Claude (célèbre proxénète française) tropicale, Mabelle va même flirter avec les milieux des pouvoirs où se recrute sa clientèle de fonctionnaires corrompus dépensant impunément l’argent du contribuable dans des orgies inimaginables.
L’histoire de « Les Supplices de la chair » nous enseigne l’importance créer des cadres protecteurs pour la fille en même temps qu’elle interpelle les parents qui se doivent d’apprendre le respect de la femme et de la fille aux garçons dès le bas âge. »Les Supplices de la chair » aborde un lot de sujets aussi graves les uns que les autres comme la parenté responsable, la pédophilie, l’inceste, les grossesses précoces, la prostitution, la drogue, la violence, le décrochage scolaire. De sa plume avisée, Caroline Meva décolle le vernie d’une société patriarcale, moralisatrice envers la femme mais pourtant pleine de vices.Le style de l’auteure est pour beaucoup dans la réussite de ce livre. Car il faut le reconnaître, le sujet n’est pas plus original. Mais Caroline Meva se distingue par sa maîtrise de l’écriture romanesque. La trame est bien construite et le vocabulaire diversifié. Il est vrai que pour coller au contexte du roman, il aurait été préférable d’avoir l’image des jambes d’une femme noire sur la première des couvertures. Mais la bonne qualité d’impression et du papier du livre édité chez Le Lys Bleu concourent également à faire de ce roman un « must have.