Vincent Bolloré, le patron du groupe Canal +, n’a pas apprécié la rediffusion d’un reportage de l’émission « Complément d’enquête » sur les activités de son groupe.
Le groupe Bolloré, dénonçant « une volonté avérée de lui nuire en le dénigrant gravement », a annoncé vendredi qu’il réclamait 50 millions d’euros à France 2, pour avoir rediffusé jeudi soir un « Complément d’enquête » consacré à son patron Vincent Bolloré.
Vincent Bolloré n’a pas digéré le Complément d’enquête qui lui était consacré, en avril dernier. Le chef d’entreprise a annoncé ce vendredi dans un communiqué assigner France 2 devant le Tribunal de commerce de Paris à la suite de la rediffusion le 21 juillet de l’émission concernant son groupe. L’industriel breton réclame 50 millions d’euros de préjudice.
« Cette émission totalement à charge et tendancieuse à l’encontre du Groupe Bolloré, caractérise désormais une volonté avérée de lui nuire en le dénigrant gravement. Ceci porte atteinte à ses intérêts commerciaux« , avance le groupe.
Des ouvriers mineurs
Diffusée une première fois le 7 avril, l’émission s’est notamment intéressée à l’huile de palme produite par son groupe, interrogeant des ouvriers mineurs qui travaillent dans ses plantations au Cameroun.
Le 3 juin, l’homme d’affaires a assuré devant ses actionnaires que le reportage de France 2 était bidonné (à 1h23 dans cette vidéo capturée lors de l’assemblée générale) et que ses ouvriers n’étaient en aucun cas mineurs. Selon lui, ses ouvriers ont été soudoyés pour qu’ils mentent face caméra.
« Sidération » et « colère » du réalisateur
Le rédacteur en chef du magazine Complément d’enquête, Thomas Horeau, et son réalisateur Tristan Waleckx avaient répondu à ces accusations dans une interview à Télérama en juin. Ils démentaient « en bloc« : « Si Vincent Bolloré le souhaite, nous disposons d’autres témoignages de jeunes mineurs qui travaillent sur la même plantation« , expliquait Thomas Horeau.
Tristan Waleckx, lui, partageait sa « sidération et [sa] colère« . « Il nous accuse tout de même de choses graves. […] Il n’y a pas le début d’un commencement de vérité dans ses accusations. […] Vincent Bolloré est dans une espèce de partie de poker, de grand bluff. Il explique qu’il a les preuves que France 2 a bidonné le reportage. Nous savons à quel point il est procédurier avec les journalistes. S’il disposait de preuves établies devant huissier, il aurait déjà porté plainte. »
Le 9 juin, Nicolas Poincaré, le présentateur du programme, a également répondu aux propos de Vincent Bolloré, diffusant des images d’autres ouvriers mineurs, que les téléspectateurs n’avaient pas vues en avril dernier.
LEXPRESS.fr avec AFP