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L'ouverture sur le Cameroun

Kamerun : les Bulu et la lutte de libération nationale

L’Upécisme a marqué toutes les populations du Kamerun. Même jusqu’au Nord – Kamerun par les patriotes et surtout par la témérité du Dr Félix Moumié envoyé au dans le Nord du pays en affectation politiquement disciplinaire.

Aujourd’hui à la faveur des nouveaux archives, des documents et des travaux variés sur l’Histoire du Kamerun, demeurons plus sur les faits, qui sont têtus.

L’UPC a été, au demeurant, un mouvement nationaliste radical qui deviendra révolutionnaire par la nature et la forme des combats que lui imposeront la France et ses alliés impérialistes. Malheureusement son nationalisme radical fut à tort confondu au communisme.

Ainsi l’UPC et d’autres mouvements radicaux africains furent condamnés à mort par la France colonialiste dans le soucis de la perpétuation du pillage des ressources humaines et matérielles et de la soumission des peuples autochtones colonisés ou sous tutelle ayant pourtant vocation à l’autodétermination. Cela, dans le contexte de la Guerre froide. Relisons les Mémoires de François Mitterand (1).

Il fallait traduire cette condamnation à mort par les actes au Kamerun, par :

  • La nomination de Roland Pré, un gouverneur spécialisé dans la répression des mouvements d’émancipation des peuples colonisés dont la mission était d’éliminer l’UPC de la scène politique; (2)
  • Le déclenchement prémédité des massacres sanglants des militants upeciste et des patriotes kamerunais en mai 1955 et l’interdiction de l’UPC et ses annexes en juillet 1955 pour asseoir à l’approche de l’indépendance des partis politiques fantoches. (3)
  • Le harcèlement criminel des militants et patriotes partout sur l’étendue du pays; pour les pousser enfin, et hélas, à la riposte qu’ils ignoraient organiquement et à laquelle ils n’étaient pas préparés.

Après l’échec de multiples protestations de l’UPC contre ce scénario machiavélique et le refus de l’administration française de lever l’interdiction de l’UPC avant les élections de la Loi-Cadre de décembre 1956; lors de la Session

du Comité directeur élargi tenue du 1er au 04 novembre 1956 à Kumba, démocratiquement et à la majorité, l’UPC sous la clandestinité adopta la Résolution n° 2/SECD dénommée : Programme 1956 en 6 points. Rappelons que le présidium de cette Session du Comité directeur élargie était composé de :- le président d’honneur : Ruben Um Nyobe; – le président de la séance : Ernest Ouandie – le secrétaire : Sende Jean Paul

L’article n°1 de cette Résolution stipulait : <> (4)

C’est sur la base de cette Résolution qu’: << Au cours d’une réunion tenue les 2 et 3 décembre 1956 à Makai dans la Sanaga Maritime, les militants votèrent la formation d’une organisation militaire du parti., le Comité National d’organisation (CNO) et un programme attaquant violemment les adversaires de l’UPC. >> (5)

Et rappelons que le premier chef d’état – major du Comité National d’organisation (CNO ) fut Foé Gorgon.

Ainsi : <> avait commencé. >> (6)

Voilà les faits historiques. Que des militants ou des patriotes Bulu ou des patriotes d’autres ethnies se réclamant du mouvement nationaliste aient refusé d’appliquer une Résolution démocratique de la direction de l’UPC est synonyme d’insubordination et même de démission devant l’ Histoire. Pourquoi pas la trahison.

Néanmoins parler d’une communauté comme un bloc uniforme ou monolithique n’est pas objectif. Le député Owona Mimbo Simon (Bulu) demeura en contact direct avec le president Félix Moumié, exilé en Guinée -Conakry. Nous citons aussi Zeze Samuel (Bulu) qui était dans les rangs du chef d’état – major du CNO Foé Gorgon et plus tard Zeze Samuel a combattu dans le Deuxième front de l’UPC dirigé par Woungly Massaga.

Enfin l’ONU qui avait mis le Kamerun sous la tutelle de la France et de la Grande-Bretagne, c’est dans l’enceinte onusienne que fut joué le dernier et fatal jeu des impérialistes à l’encontre de l’UPC. Lors de la dernière Session de l’ONU sur le dossier Cameroun en février et mars 1959 à New York ; à la majorité, des États votèrent contre la levée de l’interdiction dirigée l’UPC et à la demande de l’UPC de l’organisation de nouvelles élections générales sous la supervision de l’ONU avant la levée de la Tutelle. L’UPC convaincu de la connivence des pays capitalistes et impérialistes à l’ONU, compris que seul son combat révolutionnaire restait, hélas, son ultime recours… De là, Félix Moumié relança la lutte armée par la création de l’Armée de Libération Nationale du Kamerun (ALNK) en août 1959 et l’UPC était sur le point de la mise en place d’un Gouvernement révolutionnaire en exil lorsque la France fasciste assassina Félix Moumié à Genève (Suisse ) le 03 novembre 1960.

Rappelons que la décision de recourir à la lutte armée révolutionnaire n’a point été un choix délibéré du Mouvement nationaliste. L’UPC a été poussé à la lutte armée.

La liberté s’arrache au prix des sacrifices…

-1 Mitterand, François, Présence française ou abandon, Plon
-2- Abwa, Daniel, Commissaires et Hauts – Commissaires de la France au Cameroun (1916-1960), Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé et Presses de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, 2000, p, 360
-3 Um Nyobe, Ruben, Le problème national kamerunais, Paris, L’Harmattan, 1984, p, 333
-4 Anonyme, L’unique voie du succès, Imprimerie de l’UPC, 1960, p, 55
-5 Joseph, Richard, Le mouvement nationaliste a eu Cameroun, Paris, Karthala, 1986, p, 344
-6 Joseph, Richard, ibid, p, 344

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