Dans le contexte troublé du Cameroun, la zone de crise sécuritaire révèle une facette sombre de l’hypocrisie sociétale. Les récentes atrocités commises soulèvent des questions douloureuses sur la sélectivité de l’indignation publique et la polarisation politique.
Des héros tombés, des criques silencieuses
Le soldat Mvogo Achille, un défenseur de l’ordre public, a perdu la vie alors qu’il tentait de protéger les civils dans la région troublée du Sud-Ouest. Lui qui n’a fait que son devoir a été victime d’une chasse à l’homme meurtrière suite à un tragique accident. De même, le policier Georges, sanctionné par sa hiérarchie pour avoir protégé des civils à Nkwen, fait partie des martyrs de la cause sécuritaire.
L’indignation sélective
Ces tragédies ont suscité une vague de protestations dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun. Des religieux, des femmes, des jeunes sans emploi, et même des personnes âgées ont bravé la peur pour exprimer leur indignation. Ils ont dénoncé l’injustice, exhorté à la paix, et exigé une fin aux tueries.
Cependant, lorsque le vent a tourné et que les victimes ont été tuées par ceux que certains appellent « nos frères qu’on doit comprendre« , un silence étrange s’est installé. Aucune protestation, aucun cri de colère, aucune dénonciation. Il semble que la vie ait soudainement retrouvé sa valeur et que les rues soient silencieuses.
Une question de perspective
C’est une question troublante, qui soulève de sérieux doutes sur l’authenticité de l’indignation publique. Est-ce que les mots « justice« , « droits de l’homme » et « paix » ne sont que des slogans à utiliser à bon escient ? Ou est-ce qu’ils portent une signification universelle, transcendant les clivages politiques et ethniques ?
L’appel à la conscience
Le silence face à l’injustice est complice. Le Cameroun, en tant que nation, doit se lever contre toute forme de violence, quel que soit l’auteur. Il est temps que le pays retrouve son sens de l’unité et de la justice, en mettant de côté les agendas politiques et en mettant en avant la valeur de la vie humaine.
C’est une question d’urgence pour le Cameroun, une question qui nécessite un examen de conscience et une action collective. Car comme l’a si bien dit Martin Luther King Jr., « Au bout du compte, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis. »