Pour diverses raisons, certains hommes portent le même vêtement pendant plusieurs jours. Par contre, certaines femmes les changent tous les jours.
Les mains propres, le corps parfumé, et tiré à quatre épingles, bien « chaud» mais, le costume et la chemise de style « élégant » blanche, sales ! C’est le constat qui se dégage lorsqu’on se rapproche de plus près d’un cadre dans un ministère de la ville de Yaoundé et en même temps, étudiant dans une école de formation de l’université de Yaoundé II. Le col de sa chemise blanche, sous l’effet de la saleté a presque changé. Le pli creux (bande sur laquelle les boutonnières sont coupées) est sale. Les poignets de la chemise qui débordent la veste sont également noirs. La veste de couleur grise laisse également transparaître la saleté. Le revers (col de la veste) est aussi noir. La petite poche poitrine de la veste, côté gauche l’est également. Les poches de la veste et les manches ne sont pas en reste… Aucune partie n’échappe à la saleté.
Le malheur, c’est que ce sont les camarades, les voisins de bancs qui payent les frais. «Il pue la sueur de lundi à vendredi », déplore Anaïs N. l’air dégouté, une de ses voisines de banc à l’école. Lui, il n’est visiblement pas gêné. Il est à l’aise dans sa peau. Dans un échange au sujet de l’hygiène vestimentaire avec ses camarades, Anaïs N. rapporte que le cadre dit ne pas avoir le temps de ce genre de chose. C’est le travail de la femme. « Il dit à qui veut l’entendre que Madame est resté à Douala avec les enfants. Par conséquent, il n’a personne pour faire la lessive encore moins le guider », déclare sa promotionnaire.
Le long de la rue du Carrefour Ceper, certains acceptent de se prêter au jeu de questions-réponses. A quelle fréquence les hommes et les femmes tout âge confondu changent leurs vêtements. A l’unisson, les réponses de certains hommes sont les mêmes. Deux à trois jours avant de changer un vêtement. Yvan, 35 ans s’arrange à changer les chemises et les hauts. Mais les pantalons non. Pourquoi ? Il l’explique : « Les hauts sont délicats parce qu’il y a la sueur qui se laisse voir sur le col et les aisselles. Le pantalon, lui n’a aucun problème. Surtout lorsque c’est un Jeans. Je peux le mettre pendant trois à quatre jours ». Cyrille, un autre, est également dans le même sillage. Lors de notre échange, il affirme changer ses chemises et ses polos tous les jours. Quant aux pantalons, il peut les porter pendant quatre jours. D’ailleurs, au moment de notre brève conversation, Cyrille, qui est visiblement dans la quarantaine porte le pantalon qu’il a depuis lundi matin et nous sommes jeudi.
« On s’en fout des regards »
« On s’en fout de ce que les gens peuvent penser. Il n’est pas facile de travailler et avoir l’argent à Yaoundé », argue, un autre usager en train de boire la bouillie au Carrefour Ceper. Ses vêtements sont changés deux jours après. Lorsque son polo ou sa chemise sont de couleur blanche, il use de l’astuce suivante : « Je rentre vite le soir le laver, le lendemain je le porte. Si c’est une chemise ou un haut noir, je le remets sans stress ». Son ami assis près de lui, se livre au même exercice. Thomas, 58 ans, porte également une chemise pendant deux jours. Pour lui, c’est au bout du deuxième jour qu’un vêtement se salit. Thomas révèle qu’il peut porter la même tenue pendant plusieurs, mais, parce qu’il est cadre dans une structure de communication, il fait l’effort de la changer après chaque deux jours.
Une image vaut mille mots
Parmi ceux que nous avons rencontrés, il y a des personnes qui tiennent à leurs images. Un jour une tenue pas plus. C’est le même principe chez la dizaine de femmes avec qui nous avons échangé. « Ma fille, les hommes peuvent faire n’importe quoi, mais pas nous les femmes. Le dimanche, j’apprête les cinq tenues de la semaine », déclare Mama Jacqueline. Comme, elle une jeune autre dame de 19 ans affirme changer ses vêtements au quotidien lorsqu’elle s’en va à l’école. « Ma mère m’a appris qu’une femme doit toujours être propre et présentable », laisse-t-elle entendre. Ce n’est qu’à la maison que la jeune fille peut rester avec un vêtement si elle n’a pas assez travaillé.
