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Gare routière Etoudi : Le film d’une nuit sous les flammes

Etoudi en feu

Selon les premiers bilans, 15 boutiques ont été réduites en cendres pour une perte estimée à plusieurs millions de Fcfa. Les causes de l’incendie restent inconnues.

Kuete Dinabel n’en revient pas. Assis à même le sol devant un kiosque à la gare routière d’Etoudi hier matin, il a l’air absent. Ses yeux sont rivés vers sa boutique. Regard hagard, il passe de manière furtive ses mains sur la tête et sur le visage sans mot dire. Le commerçant est dépassé par les évènements. Il a passé la nuit à lutter contre les flammes. Une lutte qui s’est soldée par une défaite car le trentenaire a vu sa boutique de téléphones réduite en cendre sous ses yeux. Il était impuissant face à la fureur du feu.

« Pas assez d’eau pour éteindre le feu »

Tout a commencé vers 22 heures le 22 février 2022 dans une alimentation nous raconte-t-il. « J’étais encore à la gare routière. Ça a commencé par la boutique d’alimentation. On a essayé de limiter les dégâts en vain. On a appelé les sapeurs-pompiers en premier. Ils ont déclaré qu’ils n’ont pas assez d’eau pour éteindre le feu. Ils sont arrivés plusieurs minutes après. Ils ont versé le peu d’eau qu’ils avaient et sont repartis. C’est après leur départ que les autres boutiques ont brulé ». Les 15 boutiques consumées contenaient des draps, des taies d’oreiller, des couvertures, des rideaux et des téléphones. Les pertes sont évaluées à plusieurs millions de Fcfa. « Je suis vendeur et dépanneur de téléphone. Mes pertes s’évaluent à 2 millions. Certains parlent de courant électrique comme cause ; ce qui n’est pas fondé à mon avis. C’est moi qui aie tiré les courants toute la nuit pour essayer de limiter les dégâts. Je soupçonne les personnes mal intentionnées », souligne Kuete Dinabel, désespéré.

A notre arrivée sur les lieux de l’incendie, les commerçants sinistrés faisaient le ménage. Les amas de déchets (cd brulés, coques de téléphone, draps, couvre-lits, taies d’oreiller, lattes…) renseignaient sur la furie des flammes. Le secteur était tout noir avec une odeur âcre dans les airs. « Le feu n’a pas eu du mal à se répandre. Les boutiques étaient construites en matériaux provisoires. En contact avec les téléphones, c’était un autre niveau », a renseigné un témoin oculaire. Cet incendie a commencé devant Etoma Tassi de retour du travail vers 22 heures. « Ce n’était pas encore intense. Nous nous sommes rapprochés des sapeurs d’Etoudi pour solliciter leur intervention. Ils sont arrivés une heure après. Pourtant, ils ne sont pas loin. Ce sont les sapeurs de Mimboman qui sont arrivés, avec d’autres, pour éteindre le feu ».

« Plusieurs millions perdus »

Nous avons d’ailleurs appris que certains commerçants ont essayé de sauver ce qu’il pouvait. « A un niveau, les commerçants ne pouvaient plus se rapprocher ; sinon on pouvait perdre des vies car le feu a pris une hauteur inquiétante », a souligné un autre témoin de la scène.
La scène était triste. On entendait dans la foule : « Voilà l’argent des gens qui est parti en fumée » ou encore « comment rembourser le crédit que j’ai pris maintenant ». Des passants essayaient d’apporter aux commerçants leur soutien moral en ces moments difficiles. « C’est un coup dur pour nous. Certains ont pris des crédits pour se débrouiller. D’autres ont vu leurs années d’économie s’envoler en quelques minutes. On va reparti à zéro », a glissé d’un air téméraire une victime.

En quittant les lieux hier matin, certains réinstallaient des étals de fortune sur la noirceur du site en signe de courage et d’espoir.

Solière Champlain Paka / 237online.com

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