Plusieurs défis sont à relever en termes de financement, de pédagogie, de modernisation des curricula pour arrimer le système éducatif africain au diapason du 21ème siècle. C’est la quintessence des travaux des Journées de l’Education de l’université panafricaine tenues les 30 et 31 juillet 2024 à Yaoundé.
Deux jours de réflexions intenses riches en débats. Les experts ont présenté des propositions pouvant œuvrer dans la mise en place d’un système éducatif qui réponde aux réalités africaines. Pour plusieurs observateurs, il faut que l’UPA travaille hardiment à la décolonisation du système éducatif africain. Placées sous le thème de « Construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à un apprentissage inclusif, qualitatif, durable et pertinent pour l’Afrique », les journées de l’éducation de l’UPA, ouvertes le 30 juillet dernier se sont achevées hier mercredi. Elles visaient tout d’abord à mettre la lumière sur les activités de l’université Panafricaine, en termes d’offres de formation, qui restent peu connues des jeunes africains. Une réflexion est déjà engagée pour qu’un des instituts qui s’occupe des sciences fondamentales puisse mettre en place un module d’intelligence artificielle.
Des défis à relever
Au menu des échanges également, les enjeux de l’éducation en Afrique, de la petite enfance jusqu’au supérieur ; ainsi que les défis auxquels est exposé l’Afrique et la manière dont ces défis pourraient être relevés. En autres défis l’on enregistre une population de 500 millions de jeunes qui ont entre 5 et 19 ans en Afrique. Parmi eux, 100 millions ne vont pas à l’école, soit n’ont jamais mis pieds à l’école, soit ont été exclus aux différents paliers de l’enseignement primaire ou secondaire. Pour les experts, il faut donner une deuxième chance à ces jeunes-là à travers la formation technique et professionnelle à travers d’autres mécanismes d’insertion sociale.
De l’avis de S.E Pr Mohammed Belhocine, Commissaire de l’Union Africaine, en charge de l’Education, des sciences, des technologies et de l’innovation (ESTI) le problème aussi de la pauvreté éducationnelle c’est l’incapacité d’un jeune à l’âge de 10 ans de lire et de comprendre un texte simple adapté à son âge et ce taux atteint jusqu’à 90%. Ce qui veut dire que neuf enfants sur dix aujourd’hui à l’âge de 10 ans sont dans l’incapacité de lire et de comprendre un texte simple adapté à leur âge. « Ça aussi c’est un défi. Cela veut dire que nous sommes en train d’investir dans l’éducation d’un gamin entre 5 et 10 ans et au bout de cinq années on n’a pas le résultat qu’on espère avoir, qu’il puisse lire un texte simple, le comprendre », a-t-il déclaré.
Coté supérieur, plusieurs défis sont également à relever si l’on veut avoir des étudiants qualifiés à qui l’on va donner des outils pour soit innover, devenir chercheur ou entrepreneur. Pour l’heure, l’Afrique regorge des infrastructures qui ne sont pas convenables, un déficit de qualification des enseignants, un déficit budgétaire entre autres. « Les dépenses de l’éducation sont relativement faibles en Afrique. Le reste du monde dépense entre 8000 et 9000 dollars par an et par élève, tandis que le meilleur des pays africains dépense autour de 900 dollars c’est-à-dire 1/10ème de ce que le reste du monde dépense. Et là je parle des pays africains à revenus intermédiaires si on regarde les pays à revenus faibles, on est autour de 60 dollars », révèle le Commissaire de l’ESTI.
Des avancées
L’Université Panafricaine constitue l’une des avancées du système éducatif en Afrique. Cette infrastructure a été mise en place par les Etats membres et est en voie de consolidation. C’est une institution qui a quatre instituts lesquels ont formé 500 doctorants et 2000 maitrises, venant de 53 nationalités africaines. Au terme de ces échanges de deux jours, les experts ont souhaité que leurs efforts soient couronnés de succès.