Du fer à fleur de montagne à Mbalam

En attendant la signature de la convention minière, les missions de cartographie se poursuivent sur le site.Où est la mine de fer ? S??interroge notre confrère Serge Pouth. « Le fer est sous nos pieds. Le camp de Cam Iron où nous nous trouvons est bâti sur le gisement », lui répond Ateh Banilia Ako, Senior research geologist chez Cam Iron, l??entreprise titulaire du permis de recherche sur le gisement, situé à plus de 500

km de Yaoundé, au c??ur de la forêt vierge, dans la région de l??Est. Après le voyage qui aura duré plus de 10 h, de Yaoundé à Mbalam, en passant par Sangmelima où s??achève la route bitumée, puis Djoum et Mintom dans la région du Sud, avant d??entrer dans la région de l??Est par Lele, la fatigue n??a en rien émoussé l??enthousiasme des reporters qui débarquent ici pour la première fois, le moral en acier. Dans un container abritant un bureau, les échantillons de fer rangés sur une étagère aiguisent davantage la curiosité. Il est 19 h ce 21 mars. Le voile de la nuit recouvre la base-vie de Cam Iron. Il faut aller se reposer. Le lendemain, sous la conduite de Rob Longley, directeur général de la géologie chez le géant minier australien, assisté de Melvin Nforba, géologue, la projection d??un documentaire donne une vue globale du projet. Puis, on est émerveillé pendant la visite du site de Mbarga, principal massif parmi les cinq que compte le gisement de fer de Mbalam. Au sommet de la montagne, le minerai affleure à proximité de l??héliport. Les visiteurs accourent. Des morceaux sont ramassés pour conserver le souvenir. Ce n??est en réalité qu??un avant-goût. Car une centaine de mètres plus loin, dans la forêt, au bout d??une piste parsemée de points de sondage où des profondeurs de 600 m sont atteintes, un minerai colossal apparaît à la surface. Sur une crête. Charles Ilouga, géologue, déclare que cet affleurement a été baptisé « Look- Out », parce qu??il offre une vue panoramique sur l??ensemble du gisement. Ici, point de doute. La couleur noire du rocher trahit sa nature. C??est bel et bien du minerai de fer. Augustine Ketua, Assistant Laboratory Supervisor, expliquera qu??il s??agit de l??hématite massif contenant entre 62 et 65% de fer pur. A quelques encablures de là, il y a aussi de l??hématite friable (entre 60 et 62% de fer pur). Une tranchée donne une idée de sa vaste étendue. 35 millions de tonnes par an
Après la signature, espère-t-on, en fin avril prochain de la convention minière entre le gouvernement et l??opérateur Cam Iron, Sundances Resources Limited, le major détenteur de 90% du capital de Cam Iron, aura le sésame déliant les cordons de la bourse des bailleurs de fonds. Une fois les financements levés, les travaux de construction de la mine pourront commencer ainsi que les infrastructures de transport indispensables. A l??instar de la ligne de chemin de fer longue de 510 km pour relier Mbalam au terminal minéralier de Lolabe dans le complexe industrialo-portuaire de Krib. La construction de la mine et de la voie ferrée ouvrira l??ère de l??exploitation du minerai. Selon le documentaire, la première étape consistera en l??exploitation à ciel ouvert de l??hématite à haute teneur et d??une partie des matières qui recouvrent l??itabirite. Lors de la deuxième phase, le minerai d??itabirite sera extrait d??une bien plus importante et profonde fosse coulée. La construction de l??usine de traitement d??itabirite sera achevée avant l??épuisement des ressources d??hématite à haute teneur et ce, afin de garantir un rendement annuel d??environ 35 millions de tonnes. Le mélange des stocks à la gare minière sera primordial en vue de satisfaire le contrôle de qualité des clients de l??entreprise. Le chargement des wagons du train sera automatisé.
La deuxième mine, Nabeba, située à 42 km au Sud de Mbarga, sera exploitée par Congo Iron, une autre filiale de Sundance Resources Limited, de l??autre côté de la frontière. En 2010, les forages effectués par Sundance sur ce gisement ont identifié une présence abondante d??hématite à haute teneur. La multinationale compte exploiter simultanément les gisements de Mbarga et Nabeba, afin d??optimiser la rentabilité du projet. Pour ce faire, une autre ligne de chemin de fer longue de 70 km sera construite pour relier les gisements de Nabeba et Mbalam. Seront mis en service, des trains minéraliers spécialement conçus pour le transport des charges lourdes, comprennent un maximum de trois locomotives et 200 wagons de minerais, soit un poids total de 20 000 tonnes. L??exploitation du minerai de fer de Mbalam exigera la mise en service de 15 trains par jour en vue d??atteindre la capacité annuelle d??exportation prévue par le projet. Les trains chargés effectueront un trajet de plus de 500 km sans arrêt jusqu??au port de Lolabe. De retour à la mine, les trains vides en attente de chargement stationneront sur une voie de garage spéciale pour laisser le passage aux trains chargés.
Les responsables du projet croisent les doigts pour que la convention minière soit signée rapidement. Car l??enjeu, selon eux, c??est que le Cameroun soit le premier dans la sous-région à construire une ligne de chemin de fer de l??envergure de celle projetée. L??infrastructure, dans cette zone transfrontalière où les gisements se côtoient, peut accueillir plusieurs expéditeurs. En attendant, explique Charles Ilouga, sur le gisement de Mbalam, le travail sur la minéralisation itabirite qui devait nécessiter un traitement, principalement la minéralisation supergène, a été bouclé. Des réserves évaluées à 2,3 milliards de tonnes d??itabirite-hématite existent et pourront être exploitées pendant plusieurs années. En attendant la convention minière, la cartographie géologique du grand massif se poursuit en vue d??identifier de probables zones, soit de minéralisation d??itabirite, soit de minéralisation supergène. Les machines à sonder ont été redéployées. Une seule se trouve à Mbalam actuellement. Les trois autres, nous confie Ateh Banilia Ako, ont franchi la frontière et servent dans le gisement voisin de Nabeba au Congo.

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