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L'ouverture sur le Cameroun

Discours de proclamation de l'Indépendance du Cameroun

Camerounais, Camerounaises,  le Cameroun est libre.Ces mots font vibrer  en chacun de nous une émotion que nous ne dissimulons pas tant elle est  naturelle, tant elle touche aux aspirations les plus pures de tous ceux portent  le nom d??homme. Camerounais, mes frères, ce jour tant souhaité, nous devons le  vivre aujourd??hui avec grave ferveur.Sa signification doit  envahir nos c??urs ; notre joie pour être totale, doit être lourde de  l??attente que nous avons vécue et des espoirs que nous avons nourris.

Après une longue  ascension nous faisons halte et nous contemplons le chemin parcouru. Nous nous  réjouissons mais aussi nous mesurons  le  trajet qu??il nous reste à effectuer et nous rassemblons nos forces. Tous ensembles, notre  volonté tendue vers le but grandiose que nous atteignons aujourd??hui, nous  avons franchi des obstacles, nous avons contourné les embûches, mais nous  savons que notre effort n??est pas terminé. Depuis la lointaine  époque où tribus libres, mais divisées, rivalisaient de vigueur guerrière, une  nation s??est forgé, s??est dégagée de la marqueterie des races, des religions,  des croyances et des coutumes. Comme partout dans le  monde où au cours des siècles, des nations se sont créées, les hommes de e pays  n??avaient à l??origine que peu de chose communes. Des liens, cependant,  se nouèrent peu à peu, puis se fortifièrent pour aboutir à la formation d??un  sentiment national que nous ressentons profondément. Le choc de la seconde  guerre mondiale, en rapprochant les peuples qui combattaient pour une même  cause, accéléra un mouvement dont les racines étaient déjà profondes. La grande soif de  liberté, le besoin de responsabilité qui envahit tous les hommes épris de  justice retentit au Cameroun et y trouva un écho puissant. Chacun d??entre nous  savait que cette volonté profonde d??assumer librement son destin trouverait un  jour sa récompense et son aboutissement. Nous ne nous étions  pas trompés. Nous devons aux Nations Unies et à la puissance tutrice, la  France, de nous avoir aidés à construire notre nation en dehors de la haine et  de la force.  Quelles en soient  remerciées. Nous ne croyons pas,  en effet comme quelques-uns attardés dans un romantisme désuet, que les luttes  meurtrières soient nécessaires aux mouvements de l??histoire et que les nations  doivent se créer dans le sang. Un état naissant n??a  rien à gaspiller : ni ses hommes, ni ses biens. Déplorer que le Cameroun  soit fondé dans la paix, avec l??accord et le soutien de tous, ressortit à une  vision du monde tournée vers un passé dont les exemples sont néfastes, alors  que nos regards distinguent déjà l??ébauche d??une communauté universelle et  pacifique, unie et ouverte à tous. Ceux qui se sont  séparés de nous et ont tenté de conquérir seuls les objectifs qui revenaient à  tout un peuple n??ont fait qu??entraver la marche de leurs frères. Qu??ils reconnaissent  leur erreur et nous rejoignent. Nous oublierons leurs défections et l??histoire  ne retiendra que l??action commune d??un peuple épris de dignité, de justice et  de liberté. Nous voulons que  demain nos rangs soit serrés qu??hier car le travail qui nous reste à accomplir  nécessitera la mobilisation de tous les énergies. Aucun enfant de ce  pays ne saurait se dérober à la tâche qui lui est réservée sans trahir la  patrie que nous fêtons aujourd??hui. L??indépendance, comme  la liberté, est un bien que l??on conquiert et se reconquiert chaque jour, et  personne n??est de trop pour la défendre, la fortifier, la préserver de toutes  ses forces et de toute son âme. Nous savons bien  qu??il ya pas de dignité pour ceux qui attendent tout des autres, nous savons  que cette indépendance que nous venons d??obtenir ne serait qu??un leurre si nous  ne pouvions l??assurer dans la réalité quotidienne. Nous sommes décidés à lui  donner une existence qui ne soit pas seulement façade. Nous serons jugés sur  nos actes. Le monde attend que nous lui fournissions la preuve de notre  sérieux, de notre capacité à nous diriger nous-mêmes. Nous la lui donnerons,  car tous nous le voulions. Camerounais, je sais  que cette indépendance vous l??avez trop ardemment souhaitée pour ne pas la  porter quel qu??en soit le poids, pour ne pas y consacrer tous vos soins et  toutes vos forces. Vous ne serez d??ailleurs  pas seul, et les conditions de la naissance du Cameroun indépendant sont les  plus sûrs garantis de sa croissance de demain. Les Nations unies au  sein desquelles nous allons prochainement prendre place, ainsi que la France  dont l??amitié nous réconforte chaque jour, seront pour nous les guides naturels  de nos premiers pas. Nous savons que nous  aurons besoin de leur aide, nous sommes sûrs qu??elle ne sera pas marchandée et  qu??elle aura pour unique objet de consolider notre indépendance et nos  libertés. Nous voulons, en ce  jour solennel, leur apporter le témoignage de notre reconnaissance et leur  rendre l??hommage amical d??un peuple qui a conscience de ce qu??il leur doit. Nous étions hier leur  pupille, nous sommes aujourd??hui leur partenaire. Les liens d??amitié qui nous  unissent maintenant seront plus solides dans l??avenir que par le passé. La grande famille des  nations indépendantes nous accueil en ce jour solennel. Notre place nous  attend, il nous tarde de la rejoindre, afin de prouver à tous ceux qui ont témoigné  leur amitié que nos actes seront à la mesure de leur confiance. Camerounais des  villes, des villages et des campagnes, nos c??urs battent aujourd??hui ensemble  d??un même rythme ; notre drapeau national flotte partout au vent de notre  joie. Nous sommes soulevés  par le souffle exaltant des grands commencements. Nous saurons dans  l??enthousiasme bâtir une nation dont nos enfants seront fier et qui dans le  monde marquera sa place sous le triple signe de notre devise nationale :  Paix ?? Travail ?? Patrie ! Vive la  liberté ! Vive le Cameroun  indépendant ! Yaoundé le 1er janvier 1960

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