Le ministre de la santé a annoncé la phase 1 de la couverture de santé universelle au Cameroun, mais les conditions nécessaires à sa mise en place ne sont pas encore remplies. Cet article explique pourquoi les Camerounais ne devraient pas se réjouir trop vite de cette annonce.
Les conditions financières ne sont pas réunies
Pour que la couverture de santé universelle soit effective, il est essentiel que les ressources financières nécessaires soient mobilisées. Pour l’instant, cela n’est pas le cas. En effet, l’Etat doit mettre en place un système de paiement des soins pour que les patients n’aient plus à payer directement de leurs poches pour les prestations prises en charge par la couverture de santé universelle.
Les protocoles médicaux ne sont pas connus
Il est également important de connaître les protocoles diagnostics remboursés par la couverture de santé universelle ainsi que les protocoles thérapeutiques pris en charge. Pour l’instant, cela n’est pas encore clair. Par exemple, pour une maladie comme le paludisme, il existe plusieurs moyens diagnostics sur le marché, mais il n’est pas précisé lesquels seront financés par la couverture de santé universelle. De même, il n’est pas précisé quels traitements seront pris en charge, ce qui laisse les patients dans l’incertitude.
Les dispositions juridiques ne sont pas en place
Une loi doit fixer le cadre juridique de la couverture de santé universelle, mais elle n’a pas encore été présentée au parlement. En attendant cette loi et ses textes d’application, les consultations médicales, les examens de laboratoire et de radiologie, les interventions chirurgicales, les hospitalisations, etc restent payants dans tous les hôpitaux publics pour les Camerounais, suivant les dispositions du Décret N° 2016/6447/PM du 13 décembre 2016 en vigueur. Le lancement de la couverture universelle dans ces conditions pourrait être considéré comme illégal.
La couverture universelle déjà en place
Il est également important de souligner que certaines des pathologies présentées comme faisant désormais partie de la couverture de santé universelle étaient déjà prises en charge gratuitement avant le lancement de la couverture. Le traitement du paludisme chez les enfants de 0 à 5 ans et la prise en charge de la tuberculose, du VIH/SIDA, de l’ochocercose, etc., sont des prestations qui étaient déjà gratuites et font partie des programmes de santé bien connus depuis des décennies. Les Camerounais doivent donc se demander si cette annonce n’est qu’une manière de vendre une prestation qui était déjà gratuite.
Il est clair que le lancement de la couverture de santé universelle au Cameroun suscite de nombreuses interrogations. Les Camerounais doivent être conscients des lacunes qui existent dans le système actuel et ne pas se réjouir trop vite de cette annonce. Il est essentiel que toutes les conditions nécessaires soient remplies avant que la couverture de santé universelle puisse être mise en place de manière efficace et légale. Les conditions financières doivent être réunies, les protocoles médicaux et thérapeutiques doivent être clarifiés, et les dispositions juridiques doivent être mises en place avant le lancement de la couverture universelle.
Les Camerounais doivent également se rappeler que certaines pathologies déjà gratuites font désormais partie de la couverture universelle, ce qui soulève la question de savoir si cette annonce est simplement une façon de vendre une prestation qui était déjà gratuite. En somme, il est important que la couverture de santé universelle soit mise en place de manière transparente et efficace pour répondre aux besoins de santé de la population camerounaise.