Voici le compte rendu de l’audience du 13 avril 2023 à la Cour d’appel concernant Jean Pierre Amougou Belinga, PDG du groupe l’Anecdote, accusé dans l’assassinat de Martinez Zogo.
Amougou Belinga était présent pour la deuxième fois dans le cadre de sa demande de libération provisoire. L’audience portait sur deux requêtes : sa demande de mise en liberté provisoire et son recours contre le refus du juge d’instruction de donner le dossier de la procédure à ses avocats.
Sous un important dispositif de sécurité, Amougou Belinga est arrivé à la Cour d’appel à bord d’une Hiace blanche, communément appelée « Sans Payer ». Il était vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise blanche. Les journalistes et les employés de Vision 4 se trouvaient à l’extérieur de la cour. Les avocats de Amougou Belinga, notamment Me Charles Tchougang, Me Ndoumou, Me Essono Blandine et un autre étaient présents.
Le juge de la collégialité, le célèbre juge Gilbert Schlick, assisté des vices-présidents Emgbang René et Tafeu Simon, a commencé par le dossier de Amougou Belinga. Les avocats de la défense ont demandé la mise en liberté provisoire de leur client en arguant que celui-ci est victime d’une conspiration de personnes tapies dans l’ombre qui veulent sa chute. Ils ont également soutenu que leur client est un homme d’affaires, père de plusieurs enfants et polygame avec trois femmes.
Les avocats ont affirmé que l’ordre économique est menacé depuis que leur client est privé de liberté, ses affaires piétinant et qu’il emploie des milliers de Camerounais. Ils ont ajouté que leur client a des activités en France, en Centrafrique, et qu’il est en train de créer une société pétrolière dont l’inauguration des stations est prévue le lendemain sur toute l’étendue du territoire. Ils ont souligné que leur client n’a rien à voir avec l’assassinat de Martinez Zogo et qu’il ne peut pas laisser ses activités pour se soustraire à la justice. Les conseils ont demandé comment leur client peut abandonner tous ces investissements pour fuir.
Les avocats ont également contesté la certitude que le corps retrouvé à Ebogo 3 soit celui de Martinez Zogo.
Le ministère public, représenté par Ton Gilbert Alex, a fait ses réquisitions sur les deux requêtes. Sur la demande de mise en liberté provisoire, le MP a relevé la violation de la loi en ce que le premier juge n’a pas répondu aux conclusions des conseils d’Amougou Belinga portant sur sa mise en liberté sous caution. Le ministère public a ajouté que le premier juge n’a pas répondu à cette demande et que les juges de la Cour vont examiner au fond le bien-fondé de cette demande de mise en liberté. À ce sujet, le ministère public n’a requis ni le rejet ni l’accord.
Concernant le recours portant sur le rejet de leur demande de dossier de procédure, le ministère public a soutenu que le juge d’instruction avait le droit de refuser de donner le dossier avant la fin de l’enquête et que les avocats de la défense pourront avoir accès au dossier plus tard. Le MP a également rappelé que les avocats de la défense avaient déjà eu accès à une partie du dossier et que cela leur permettait de préparer correctement la défense de leur client.
Les avocats de la défense ont répondu en affirmant que leur client a le droit de se défendre de manière effective et que pour cela, il doit avoir accès à l’intégralité du dossier. Ils ont également contesté le fait que le juge d’instruction ait le droit de refuser de donner le dossier avant la fin de l’enquête, en soulignant que cela était contraire aux droits de la défense.
Le juge de la collégialité a pris note des arguments des deux parties et a annoncé qu’il rendrait sa décision dans les prochains jours. Il a également indiqué que la cour examinerait la demande de mise en liberté provisoire de manière approfondie et qu’elle prendrait en compte tous les éléments pertinents, y compris les arguments avancés par les avocats de la défense et le ministère public. Enfin, il a rappelé que la présomption d’innocence s’appliquait à toutes les personnes accusées, y compris Jean Pierre Amougou Belinga.