Comprendre la TVA au Cameroun

La TVA est sans doute l’impôt le plus célèbre sous nos cieux et dans les pays d’héritage juridique français.

On entend tellement de choses à propos et notamment Monsieur lambda se targuer lors de discussion publique de ce qu’il paye ses impots du fait qu’il paye la TVA lors de ses différents achats. Cette assertion populaire est-elle vérifiée ? le présent article nous donne de éclairages sur ce qu’est véritablement la TVA.

Définition et principe de fonctionnement

Une approche en trois temps sera mise en œuvre sous ce prisme. Elle fera apparaitre la définition de la TVA (a), l’exposé de son principe de fonctionnement (b) et une illustration de son mécanisme opératoire au Cameroun (c). Définir de manière exhaustive la TVA n’est pas chose aisée de sorte que pour le faire de façon accessible, nous allons opter pour une double approche. La TVA peut être considérée comme un impôt sur la valeur ajoutée supporté par tout consommateur à la dépense et reversé par les entreprises qui la collecte à l’Etat. Ainsi dit, le mystère ne disparait mais certains éléments de compréhension se dégagent. La deuxième approche s’appuiera sur ces derniers. La TVA est un impôt multi facette dont la compréhension repose sur des éléments clés que voici :
La TVA est un impôt indirect, il est reversé par les redevables légaux à l’Etat que sont les entreprises alors même qu’il est payé ou supporté par les redevables réels que sont les consommateurs ;
La TVA est un impôt réel, il frappe une opération, un fait ou un évènement soumis à son prélèvement et non une personne ou catégorie de personne donnée. Il est donc payé indifféremment par toute personne physique ou morale qui réalise son fait générateur ;
La TVA est un impôt sur la consommation, il se réalise donc toute fois qu’il y’a achat ou vente. On dit qu’il frappe la dépense, de sorte que toute opération sans lien direct ou indirect avec le fait d’achat ou de vente lui échappe ;
La TVA est un impôt à paiement fractionné, car il est encaissé par les services du trésor à plusieurs stades de la chaine de production d’un bien ;
La TVA est un impôt unique, car bien qu’il soit perçu à divers stades de la production, seul son prélèvement sur le bien payé par le consommateur final est conservé au bénéfice de l’Etat.

Principe de fonctionnement de la TVA

Tel que les éléments sus mentionnés l’ont indiqué, la TVA est un impôt neutre pour les entreprises et supporté par le consommateur final de tout produit, bien ou service. Pour comprendre son principe, il faut d’abord saisir le sens de l’expression valeur ajoutée. Cela désigne une bonification ou une amélioration de la valeur marchande d’un bien via un processus de transformation humain ou mécanique (production). Cette bonification subit alors une taxe qui va être prise en compte dans la détermination de son prix de vente au consommateur. D’où les expressions montant hors taxes (HT) et montant toutes taxes comprises (TTC). La TVA est générée par application de son taux sur le prix de vente arrêté par le producteur du bien. On obtient alors le prix TTC auquel sera normalement vendu le bien ou le service au consommateur. A chaque consommation dudit bien ou service, le consommateur paye à la fois le prix normal et la TVA. L’entreprise retient dans ses caisses ce qui lui revient et reverse la TVA collectée à l’Etat. Si le bien ainsi acheté va servir à la production d’un autre à valeur ajoutée, alors le même schéma se reproduit. Toutefois, seul le consommateur du bien supporte la TVA et non son producteur.

A cet effet, la TVA supportée par l’entreprise pour l’achat des différentes composantes ayant servi à la production de son bien lui sera déduite par l’Etat. On dit que la TVA déductible grève les achats. Chaque producteur, même dans l’hypothèse d’une chaine multiple, ne prend donc en compte que le coût d’achat HT des biens de production au moment de fixer le prix de vente avant d’y rajouter la TVA. Ce faisant, seul le bien final et son consommateur supportent la TVA. Ce processus évite de générer des coûts de production trop élevé. Au final, l’entreprise comptabilise la TVA supportée pour la production et celle collectée sur les ventes et reverse à l’Etat l’excédent de la TVA « vente » sur celle des achats. Si la VA « achat » est supérieur à celle des ventes, alors l’Etat lui rembourse la différence. On parle du crédit TVA.

Illustration du mécanisme de la TVA

Pour se faciliter la tâche, imaginons un taux de TVA à un chiffre entier, tel le taux de 20% appliqué en France.
Une PME opérant dans le textile livre du tissu à un grossiste au coût de 10.000Fcfa HT soit 12.000Fcfa TTC
Le grossiste achète donc à 12.000Fcfa les tissus et les revend à une entreprise créatrice de produits dérivés à 20.000Fcfa HT soit 24.000Fcfa TTC. Elle prélève alors 4000Fcfa de TVA mais ne reversera que 2000Fcfa à l’Etat.
L’entreprise à son tour crée des produits dérivés (sacs, chaussures…) qu’elle revend à 50.000Fcfa HT soit 60.000Fcfa TTC (TVA à 20%). Comme dans le cas de figure précédent, elle va collecter 10.000Fcfa de TVA lors de ses ventes, conserver les 4000Fcfa supportés à l’achat chez le grossiste et reverser 6000Fcfa à l’Etat.
Au final, le consommateur du produit fini l’achète 60.000Fcfa TTC mais personne ne lui remboursera la TVA. On dit qu’il est redevable réel car c’est lui qui paye en fait et les entreprises reversent tout simplement auprès de l’administration.
On comprend dès lors pourquoi l’on dit que la TVA est un impôt à paiement fractionné (perception à différent stade), unique (véritablement payé par le consommateur final) et neutre pour les entreprises (elle leur est déduite/remboursée). On peut donc conclure en disant qu’il est vrai que tout citoyen paye les impôts, car tous payent à minima la TVA. La TVA saisie, on peut à présent s’attarder sur son mode de fonctionnement au Cameroun.

Samuel TCHIDJO

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