Can féminine 2016: le Cameroun demande un report auprès de la Caf

Les retards accusés dans la construction des infrastructures obligent les autorités à solliciter un sursis de six mois à un an auprès de la Confédération africaine de football (Caf).[pagebreak] Une manœuvre qui embarrasse le président Issa Hayatou.
La nouvelle qui ne fait pas plaisir à la grande famille du football africain a d’abord été vécue comme un canular. Puis, interprétée comme une plaisanterie de mauvais goût. Alors que tous les regards, depuis septembre 2013, sont tournés vers l’échéance de 2016, les autorités politiques, de concert avec la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) viennent de décider de faire marche arrière. Une délégation de 12 personnes a ainsi quitté Yaoundé le week-end dernier, dans la discrétion la plus totale, à destination de Zurich, à l’effet de rencontrer les dirigeants de la Caf.
De manière concrète, les douze (12) membres parmi lesquels des représentants de la présidence de la République, de la Primature, du ministère des Sports et de l’Éducation physique et de la Fédération camerounaise de football, ont pour mission d’employer tous les moyens, afin de dissuader les membres de la Caf présents dans la capitale suisse pour le 65e Congrès la Fédération internationale de football association (Fifa) prévu le 29 mai prochain, d’accepter de reporter, de six mois au moins, à un an, la phase finale de la douzième édition du championnat d’Afrique de football féminin initialement prévue au Cameroun en 2016.
Selon des informations obtenues puis recoupées par La Météo, ce report vivement sollicité devrait faire beaucoup de bien à la partie camerounaise. Ce pays d’Afrique centrale, qui n’a plus jamais accueilli de phase finale d’une compétition de football d’envergure internationale depuis la huitième Can masculine en 1972, accuse un retard énorme, voire ahurissant dans les préparatifs, et plus précisément dans le domaine de la construction des infrastructures sportives.
L’envie du Cameroun d’organiser la Can de football masculine de 2019 aura été l’une des raisons de batailler pour obtenir la Can féminine 2016. La loi étant claire à la Caf, pour organiser une Can senior masculine, il faut avoir organisé au moins une Can mineure. Dans les milieux du football féminin, l’on espérait que cette attribution de la Can féminine au Cameroun allait amener les autorités à parachever la construction de plusieurs stades de football, des piscines olympiques et des gymnases dans les chefs-lieux de région, de départements et des arrondissements grâce aux aides multiples de partenaires extérieurs donc la Chine.
Les stades omnisports de Yaoundé et de Douala construits à la faveur de la phase finale de la Can 1972 et même celui de Garoua n’obéissent plus aux normes internationales. En plus des aires de jeu qui ne sont plus acceptables, le Cameroun devra équiper ces arènes de matériels modernes (sièges, restaurant, tribune de presse, connexion Internet, toilettes modernes et fonctionnelles, vestiaires et autres …).
En outre, la construction de nouveaux stades traîne le pas. Si le stade de Limbé, dans la région du Sud-ouest, construit en 2012, d’une capacité de 20.000 places assises, répond partiellement aux normes internationales, en attendant l’aménagement des principales voies d’accès, et d’autres commodités, les stades de Bafoussam à l’Ouest, Yaoundé dans le Centre ou Douala dans la zone du Littoral, quant à eux, connaissent une évolution en dent de scie. Les études pédologiques ne sont pas terminées pour certains cas, et les travaux pour d’autres, sont carrément à l’arrêt en raison des problèmes liés à l’indemnisation des populations riveraines. Certaines études mal faites ont même parfois poussé les pouvoirs publics à changer de sites, accusant ainsi des retards énormes dans la livraison des chantiers. L’échéance de 2016 arrive à grands pas. Le Cameroun cherche désespérément une bouée de sauvetage. De toute évidence, seul un éventuel report pourrait permettre aux autorités de sauver la face.

Hypothétique report
Un report de la Can 2016 paraît beaucoup plus compliqué, selon des analystes sportifs. Après avoir opposé une fin de non recevoir au Maroc, qui demandait un renvoi de quelques mois de la phase finale de la Can 2015, en raison des risques de propagation de la fièvre Ebola sur son territoire, le président de la Caf va-t-il se discréditer davantage en accordant un moratoire à son pays ?
Rien n’est moins sûr, au vue des intérêts financiers en jeu. En effet, une coupe d’Afrique est toujours l’occasion, pour l’instance faîtière du football continentale, de renflouer ses caisses. Les bénéfices se chiffrent à hauteur de milliards, grâces aux recettes publicitaires et autres contributions de mécènes. La demande de report formulée par le Cameroun embarrasse donc au haut plus point Issa Hayatou, actuellement sous le feu des critiques pour certaines décisions controversées prises contre non seulement le Maroc, mais davantage l’Algérie déclassée au profit du Gabon pour organiser la Can 2017, après celle de 2012 et la Tunisie sanctionnée durement pour avoir contesté des décisions d’arbitrage lors du match de quart de finale de la Can 2015 contre le pays organisateur, la Guinée équatoriale.
Dans un climat de tension apparent, Issa Hayatou va pourtant réunir son état major pour étudier la demande de report du Cameroun. Les membres du bureau exécutif de la Caf sont présents à Zurich, à l’effet de prendre part au 65e Congrès de la Fifa qui se tiendra –comme on l’a dit plus haut- le 29 mai. Joseph Sepp Blatter (79 ans), président de la Fifa depuis 1998 et imperméable aux crises à répétition de son instance, reste favori pour un cinquième mandat lors de l’élection qui l’opposera au Prince de Jordanie Ali Bin Al Hussein (39 ans), un de ses vice-présidents, vendredi, à Zurich.
Les Lionnes indomptables, actuellement en stage au Canada, pour la Coupe du monde qui y sera organisée du 6 juin au 5 juillet, suivront certes le scrutin avec une attention soutenue. Mais, elles seront davantage intéressées par la décision qu’est amenée à prendra la Caf au sujet du report sollicité par le Cameroun. Une attitude légitime. Car, si toutes les conditions sont réunies, la Can 2016 pourrait être l’occasion pour les Lionnes indomptables, de monter pour la première fois sur la plus haute marche du podium. Après avoir disputé deux finales sans succès, elles restent sur la 3e marche du podium à la phase finale de Can disputée en 2012 en Guinée équatoriale et sur une deuxième place acquise en 2014 en Namibie. Leur meilleure performance est la médaille d’or gagnée aux 10e Jeux africains de Maputo au Mozambique en 2011.

Jean Robert Fouda

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