Cameroun : Voici pourquoi le Sdf a dit non à la loi de Finances 2019 à l’assemblée nationale

Deputés à l'assemblée nationale

En quittant l’hémicycle, les députés du parti d’opposition ont ainsi refusé d’examiner à la hâte le texte qui structure le budget de l’Etat, dénonçant aussi l’arrogance du gouvernement vis-à-vis du Parlement.

Il manquait du temps pour examiner la loi de Finances 2019. Il fallait prolonger l’exécution du budget 2018 jusqu’à l’année prochaine. Telle est la position du Social democratic front (Sdf) qui n’a pourtant pas été écouté ce mercredi 28 novembre 2018 à l’Assemblée nationale. Les députés de ce parti politique d’opposition ont même quitté l’hémicycle en signe de protestation. Le Sdf maintient ses objections qui ont d’ailleurs été publiées sur les réseaux sociaux.
Mercredi dernier, les 12 élus présents à la séance plénière, sur les 18 que compte le parti, ont échoué à faire reporter l’examen et le vote de la loi des Finances. Leur requête n’a pas prospéré dans une chambre où le Rdpc, le parti au pouvoir, est ultra majoritaire avec 153 élus sur 180. Aucun autre parti n’a suivi le Sdf dans sa démarche : ni l’Udc, ni le Mrc, ni l’Upc, ni le Mdr encore moins l’Undp.

Après l’opération « Blocus » qui n’avait pas empêché l’adoption du budget en 2017, le Sdf est venu cette année avec une nouvelle action politique : le boycott du vote du budget. Le parti égraine un chapelet de justifications. Au premier rang, il y a les délais illégaux imposés par le gouvernement. En effet, le projet portant loi de Finances 2019 a été déposé en violation de la
réglementation en vigueur. « Le projet de loi de Finances a été déposé le 21 novembre 2018, alors qu’il devait l’être au plus tard le 18 octobre, soit 15 jours avant la convocation de la session de novembre 2018. Le temps imparti à la commission était donc loin d’être suffisant pour l’examiner comme il se doit », écrit le groupe parlementaire Sdf. Pour le parti, la commission des Finances et du Budget de l’Assemblée nationale a été soumise à un rythme de travail infernal, avec jusqu’à neuf ministres passés un même jour défendre les enveloppes budgétaires de leurs ministères respectifs. Sursaut d’orgueil Après l’étape de la commission, le Sdf regrette que la loi des Finances ait ensuite été adoptée « à la hâte » en séance plénière. Or la loi prescrit que le débat et le vote se passent en deux phases distinctes. L’argumentaire s’est alors appuyé sur cet appel au sursaut d’orgueil : « le pouvoir législatif doit cesser d’être la boîte postale du pouvoir exécutif. Si l’Assemblée nationale continue de se laisser acheter à si vil prix, elle finira par perdre de sa valeur, de son importance et de toute son utilité. » L’appel est demeuré sans effet. Le Sdf s’est aussi attaqué au projet de loi de Finances dans le fond ; d’abord en relevant que le texte ne fixe pas les modalités et les conditions d’allocation de l’appui de l’État aux collectivités territoriales décentralisées. Une curiosité car, le gouvernement martèle que l’heure est à l’accélération de la décentralisation présentée comme la solution à la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Une crise nourrie par la contestation de la forme de l’Etat. Ensuite, le budget 2019 répète les tares décriées depuis des années : déséquilibres budgétaires, dépenses futiles, détournements de fonds publics, corruption, mensonges, priorités mal placées, etc. Pour terminer, le Sdf se veut concret en soulignant des problèmes dans la loi de Finances.

Gaspillages

Sur les emprunts et la dette, le Cameroun est en train de créer « un fardeau encombrant » pour les générations futures. La population ne cesse de s’appauvrir et le gouvernement agit comme s’il avait affaire avec des riches. Sur la répartition du budget, le problème soulevé porte sur les disparités entre les régions ; ce qui est source de frustrations sociales, économiques et politiques. Un cas d’imprévision porte sur les enveloppes allouées au ministère de l’Enseignement supérieur et à celui de la Fonction publique. Selon le Sdf, les cagnottes destinées à ces deux administrations ne prennent pas en compte le recrutement en 2019 de 1 000 titulaires du doctorat dans les établissements d’enseignement supérieur public.

Le parti d’opposition poursuit son réquisitoire par ce qu’il appelle les « gaspillages » via les comptes d’affectation spéciale prévus dans le budget 2019. Les années précédentes, ces comptes ont financé les missions et les perdiem de sessions, ainsi que d’autres frais au sein des administrations. Pourtant l’enveloppe est revue à la hausse, soit plus de 45 milliards F.Cfa.
La litanie du Sdf aurait pu être plus longue, juste pour dire que la loi de Finances est mauvaise. Le parti a fini par s’arrêter, pour proposer d’aller en 2019 sans budget et que celui-ci soit voté en mars prochain.

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