La coopération contre-terroriste entre le Cameroun et le Royaume-Uni vire au bras de fer feutré entre les deux armées, sur fond de rivalités intestines au sein des forces camerounaises. En cause, la situation administrative chaotique de la quarantaine de militaires britanniques présents dans l’Extrême-Nord pour conseiller le Bataillon d’intervention rapide (BIR). Analyse exclusive de cette situation inédite.
Des instructeurs britanniques au cœur des rivalités BIR – état-major
Début 2022, à grand renfort de communication, une mission de l’armée britannique était déployée au Cameroun pour “conseiller” les troupes d’élite du BIR engagées dans la lutte contre Boko Haram. Près d’un an plus tard, cette coopération semble vite tourner court.
En cause, le flou persistant autour du statut des 42 soldats anglais présents sur le théâtre des opérations dans le Grand Nord. Malgré les demandes répétées de Londres, ces derniers n’ont toujours pas obtenu leurs visas diplomatiques, contrairement à l’engagement initial de Yaoundé. Une situation ubuesque qui tend considérablement les relations.
Selon nos informations, ce blocage incompréhensible cache en réalité une guerre d’influence sourde entre l’état-major traditionnel et le BIR, force montante aux méthodes expéditives. Jaloux du statut privilégié des instructeurs étrangers, l’état-major traînerait donc des pieds pour régulariser leur situation, au grand dam du Bataillon d’intervention rapide.
Le BIR vent debout pour défendre “ses” instructeurs britanniques
Du côté de la prestigieuse unité d’élite, cette fébrilité de l’état-major à entériner le statut des 42 “conseillers” britanniques est très mal vécue. D’autant que ces derniers dispensent une formation de pointe aux troupes du BIR, vivement appréciée par la hiérarchie.
“Nos hommes sont formés aux frais du contribuable britannique, c’est inacceptable que leurs instructeurs soient traités de la sorte“, pestait récemment une source sous couvert d’anonymat.
Vers un départ prématuré des forces spéciales d’élite ?
Difficile toutefois de savoir comment ce bras de fer à distance entre le BIR et les satellites de l’état-major va se terminer. Mais une chose semble sûre, le prestige de l’armée camerounaise en ressort déjà écorné.
Car après moins d’un an sur place, la mission britannique pourrait être écourtée si les visa diplomatiques ne sont pas rapidement délivrés aux instructeurs. Un camouflet qui entacherait sérieusement l’image des forces armées nationales, en plus de tendre encore plus les rapports avec Londres.
De quoi donner des maux de tête supplémentaires aux autorités de Yaoundé, déjà empêtrées sur d’autres fronts sécuritaires sensibles. Affaire à suivre donc…