Cameroun – Upc: 57 ans après le Mpodol, le Crabe compte mille pattes

Au fil du temps, le parti historique se divise en factions.Bien malin, qui peut aujourd’hui citer avec précision le nombre de factions que compte aujourd’hui l’Union des populations du Cameroun (Upc). Entre autres, le Pr Bahebeck, le Dr Sende Pierre, Basile Luka, Robert Bapooh Lipot,… Mais aussi de noms bien connus du parti comme Adolphe Papy Ndoumbè, se disputent le leadership du parti depuis le décès d’Augustin Frédéric Kodock. L’ancien ministre d’Etat qui concentrait toutes ces forces dans une faction qui avait réussi le pari de protéger les symboles de l’Upc, pour essayer de confisquer le parti dans la guerre qu’il menait contre ceux qui voyaient en lui un intrus parmi les militants du parti des crabes. Augustin Frédéric Kodock, jadis chassé du parti par Moumié, ayant été au service du régime Unc-Rdpc considéré par les «croyants» de l’Upc comme celui de la décimation du parti historique. Pour que sa faction soit considérée par le gouvernement comme celle légale.
C’est peut-être ce strapontin aménagé par le régime qui a combattu l’Upc des Um Nyobè, qui attise autant les appétits. Chacun y allant de ses arguments les plus solides : si Papi-Ndoumbè peut brandir lecoups reçus comme communicateur/parfois porte-parole de l’Upc, version Kodock, Bapooh Lipot se targue d’avoir hérité du sac du patriarche qu’il portait. Pierre Sende va-au-delà de Kodock. Le médecin de formation a déclaré sur Radio France internationale qu’il était d’autant plus légitime qu’il a épousé la fille de Um Nyobè. Des arguments allant dans tous les sens.

[b]Les années 90, tournant décisif[/b]
Et même la tentative de René Emmanuel Sadi, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minadt), d’«unifier» les différentes tendances de cette faction restée fidèle aux institutions, aura fait long feu. Juste le temps de la préparation du double scrutin municipal et législatif de 2013. Avant que les vieux démons de la division ne reviennent en force, revigorés par les bruits de billets de banque (pour le financement de la campagne électorale). Alors que les successeurs d’Augustin Fédéric Kodock se multipliaient, René Sadi a tranché pour Robert Bapooh Lipot. Mais l’élection de ce fils du Nyong-et-Kelle, comme député (unique député Upc) à l’Assemblée nationale, n’aura pas que arrangé les choses. Pourtant, l’homme semble avoir plus bénéficié du label Upc défendu par les «croyants» de l’idéologie du Parti des crabes que de la popularité de ses partisans au sein de la faction.
Il y a 25 ans on pouvait parler d’Upc-K (faction Kodock), d’Upc-H (faction Hogbe Nlend) ou encore d’Upc des fidèles (celle de Samuel Mack-it). Sans oublier le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) qui se réclamait des pères fondateurs, sans s’allier pour autant à la faction des fidèles. A ces premières années d’ouverture démocratique au Cameroun, l’élection présidentielle de 1992 charriait des passions. Le retour au multipartisme était l’occasion ou jamais de déterrer une page du passé tournée sans être lue. Un passé nourri de réminiscences d’un projet de société nationaliste enterré par les repreneurs du Kamerun déclaré indépendant le 1er janvier 1960. Malheureusement, les leaders porteurs du projet d’un Grand Kamerun unifié avant d’être indépendant étant morts, tous de façon dramatique et sans préparer la relève, toutes les élites du parti historique encore vivants, ont rivalisé d’adresse pour reprendre le contrôle d’un mouvement qui avait perdu de sa vigueur. Les luttes de positionnement aidant, les égoïsmes s’exprimant plus fort que les intérêts communs, le crabe a dû se multiplier les pattes pour mieux mourir sans donner une impression trop claire de mourir. Le temps passe, les pattes du Crabe se multiplient. Le legs des Um Nyobe se meurt.

[b]L.N.[/b]

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