La semaine dernière, le quartier 5 ‘’As deux ponts’’ a été le théâtre d’un évènement dramatique très émouvant.
Le décès pour le moins inattendu et brutal, de la jeune Prisca, élève au Lycée de Lonako à Nkongsamba a laissé les habitants de ce quartier populeux sans voix. Cette dernière selon le témoignage de l’entourage et de ses camarades jouissait apparemment d’une bonne santé. Dans la nuit du lundi 09 décembre, après avoir étudié ses leçons elle va aller se coucher, sans que personne ne puisse imaginer que c’était sa dernière nuit dans le monde des vivants.
En effet, quelques heures seulement après, ses gémissements et contorsions sur le lit vont attirer l’attention de sa jeune sœur, qui va aussitôt alerter la famille. Interrogée, la jeune Prisca essayera avec peine de dire à son père qu’elle est en train de se battre pour sortir de la gueule d’un gros serpent. Apparemment, Ce combat plus ou moins imaginaire avait considérablement affaibli la jeune fille, d’autant plus qu’elle respirait difficilement et ne parvenait plus à s’exprimer. Transporté d’urgence à l’hôpital des sœurs à Fraouton elle va rendre l’âme au petit matin.
La mère de la fille qui depuis quatre ans ne vivait plus sous même toit que son marie, ayant appris les circonstances de la mort de sa fille, va pointer un doigt accusateur sur ce dernier sans aucune forme de procès. Soutenue par sa famille qui croie dure comme fer que le père de la fille est à l’origine de cette mort, va saisir les autorités judiciaires qui vont immédiatement procéder à l’interpellation et la garde à vue du chef de famille, ainsi qu’au scellé du corps pour des besoins d’enquête. Entre temps c’est une bataille rangée qui est engagée entre les deux familles, de la petite. La famille paternelle furieuse d’être injustement accusé de sorcellerie, et la famille maternelle très inconsolable.
Comme c’est de notoriété dans nos us et coutumes les Chefs de communautés sont appelés à la rescousse. Il est alors suggéré aux deux parties d’abandonner la voie légale du judiciaire pour se tourner vers les oracles plus à même de démêler les chevaux. C’est ainsi qu’ils vont se rendre au village, où devant un parterre de tradipraticiens manifestement au sommet de leur art, ils vont assister à un interminable rituel fait d’incantations d’invocation de tout genre. Au terme de celui-ci les ‘’Ta’a-nkou’’ les maîtres de la danse mystique de l’Ouest Cameroun appelé Nkoungan, savaient d’ores et déjà qui était coupable de la mort de la petite Prisca. Mais ne faisant pas dans la dentelle, Ils demandèrent où étaient le père et l’oncle maternel de Prisca. On les fit venir.
Devant un grand feu ou se trouvait une petite hache chauffée à blanc, le grand-maître féticheur tint ces propos : « nous sommes tout ici devant le feu sacré des ancêtres, le feu de la vérité, et de la sagesse. La hache qui s’y trouve est aussi rouge que les braises ardentes. Cependant, quiconque est innocent n’aura aucune crainte à la saisir. Je commencerai par moi-même, puis je remettrai la hache à tous ceux qui sont accusés de la mort de cet enfant. » ainsi dit, il se saisi de la hache brulante sans peine ni douleur aucune. Il appela le père et dit « si tu ne te reproche de rien, si tu es innocent et ne connais rien dans la mort de cet enfant, tu n’as rien à craindre, saisi cette hache qui est l’ami de la vérité » le père de la fille malgré la peur s’efforça et fini par saisir la hache. A sa grande surprise et la grande stupéfaction de l’assistante la hache rouge entre ses mains ne le brulait pas. « Bien ! dit le Nta’à-Nkou, tu es innocent.
Maintenant c’est le tour de l’oncle maternel de l’enfant, qu’il vienne immédiatement. Certes il n’a pas été accusé, mais les oracles évoquent son nom. Il doit aussi subir l’épreuve de la hache. » obnubilée par le spectacle, personne ne s’était rendu compte de la fuite de l’oncle en question. Il avait tout simplement filé à l’anglaise. Le père de la fille les larmes aux yeux, la foule surchauffée, tout le monde voulait en découdre avec la belle famille. N’eût été la dextérité et la grande sagesse des autorités traditionnelle, le pire serait arrivé ce jour-là à en croire les féticheurs, il s’agissait bel et bien d’une histoire de sorcellerie. La petite Prisca avait été avalée mystiquement par un serpent. Sauf que ce serpent n’était pas celui de son père comme avait prétendu la mère de l’enfant mais celui de son oncle maternel.