Cameroun: Un membre du comité de vigilance abattu par Boko Haram à Bakarifé

Il surveillait avec ses camarades les troupeaux de bœufs du village.

Tibagou Kilani, un membre du comité de vigilance de la localité de Bakarifé sis dans l’arrondissement de Kolofata, a été froidement abattu par des combattants de Boko Haram dans la nuit du 15 au 16 octobre dernier. Il a été atteint par une balle à la tête alors que lui et quatre autres membres du comité de vigilance tentaient de battre en retraite face aux combattants de Boko Haram.

Ces derniers les avaient surpris dans un poste de contrôle et ouvert le feu sur eux. «Il était exactement 22 h et 22 minutes quand ils ont fait irruption au poste de contrôle où nous étions. Ils étaient habillés en noir et ressemblaient énormément aux éléments du BIR qui sont en poste dans notre localité et qui nous prêtent régulièrement main forte lors des patrouilles. Ils ont réussi à les imiter même dans leur marche. C’est ce qui ne nous a pas permis de douter de leur identité. C’est quand les premiers étaient à moins de dix mètres de nous que nous avons compris que c’était eux. Nous avons cherché à battre en retraite mais, c’était tard. Ils ont ouvert le feu sur nous pour nous neutraliser. Nous avons réagi avec nos fusils de fabrication traditionnelle pour les dissuader et pouvoir nous enfuir. Cela les a retardés dans leur marche et nous a permis de replier au village. Nous nous sommes engouffrés dans un champ de mil qui est situé à moins de 80 mètres de là où nous étions. Nous quatre leur avons échappé. Notre compagnon Tibagou Kilani n’a pas eu la même chance que nous. Il se trouvait à la tête de file au moment où ils ont fait irruption au poste. Il s’était retrouvé nez-à-nez avec eux. C’est comme ça qu’ils lui ont logé une balle dans la tête», déclare Mahmat Godem, un rescapé de l’attaque.

Les assaillants étaient une trentaine à avoir assiégé ce poste de contrôle du comité de vigilance situé à moins de 50 mètres de la base du BIR. Les membres du comité de vigilance veillaient sur les troupeaux du village. Depuis l’avènement du phénomène de Boko Haram, chaque village rassemble leurs troupeaux sur un même site et des membres du comité de vigilance devant assurer la sécurité desdits animaux y sont nuitamment déployés. Ce fut donc le cas à Bakarifé cette nuit-là.

L’objectif de l’incursion de ces hors-la-loi était de s’emparer des animaux. Ils devaient donc pour ce faire, neutraliser leurs membres du comité de vigilance puis emporter tous les bœufs.

«Ils venaient voler les bœufs. C’est le seul objectif visé. Mais mal leur en a pris car ils ont été très vite trahis par des coups de feu. Le crépitement des armes a semé la panique dans tout le village et c’est comme ça que ce fut une confusion totale. Les gens couraient dans tous les sens. L’armée ne pouvait pas intervenir de peur de mettre en péril la vie de la population. Elle s’est contentée de tirer en l’air pour les dissuader. Ils ont peur et ont replié au Nigéria. Ils se sont engouffrés dans la brousse de Gouderi avant de rallier leur camp» poursuit Mahmat Godem.

Pour nombre de témoins, ces derniers jouiraient de la complicité de quelques membres du village. Ceux-ci les guident et leur donnent des informations fiables tant sur la position des membres du comité de vigilance que celle des forces armées. «J’ai cette conviction que cette attaque comme toutes les autres que nous subissons a été diligentée de l’intérieur du village. Deux choses me confortent dans cette position. Première chose : ils ont emprunté le chemin qu’ils redoutaient par le passé. La voie qu’ils ont empruntée cette nuit-là pour accéder à l’enclos débouchait sur le poste permanent et connu des militaires qui veillent sur la population. Ils changé de position ce soir-là et c’est comme ça qu’ils ont osé se frayer un passage par-là. Qui leur a donné l’information selon laquelle la voie était libre si ce n’est quelqu’un qui maitrise les mouvements des militaires ?
Segundo : ils ont changé d’accoutrement et même leur manière de marcher pour ne pas faire repérer. C’est comme ça qu’ils ont réussi à accéder facilement dans l’enclos. Je pense donc qu’il y a des ennemis du village tapis au milieu de nous qui nous trahissent au quotidien.
Nous œuvrerons pour que cela cesse
», martèle Salé Anayim, président du comité de vigilance de Bakarifé.

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