Pour renflouer les caisses de la communauté urbaine de Yaoundé, le délégué du gouvernement multiplie des postes de recettes.[pagebreak]«Payez… l’entrée avant d’être servi ! ». Cet avertissement aurait toute sa place sur un écriteau à l’entrée des Bois Sainte-Anastasie sis au carrefour Warda à Yaoundé. A la guérite, clients du restaurant et autres promeneurs des lieux sont souvent empoignés, bloqués ou retenus pour faute de payement du ticket d’entrée. Pour obliger les visiteurs entrés en voiture à s’acquitter des frais d’accès, les agents de la guérite sont parfois obligés de baisser la herse pour empêcher la sortie du véhicule.
Le passage n’est de nouveau ouvert qu’après payement de la somme correspondante au nombre d’occupants et du véhicule même. Les piétons sont plus faciles à contrôler. Les agents de la guérite font chaque fois le rappel à toute personne qui franchit le seuil de la barrière. La disposition est régulièrement à la base des altercations entre le public et les agents de la communauté urbaine en service sur les lieux. Dans l’épreuve de force qui les oppose de temps en temps au public, les agents de la guérite remarquent que « les Blancs ne compliquent pas. Ce sont nos frères qui sont difficiles », rapporte un agent.
Quand ils accueillent des groupes, les responsables du restaurant « s’approchent du guichet et payent pour ne pas gêner les clients », ajoute le même agent. Les organisateurs de fêtes prennent les mêmes dispositions. Pour un mariage par exemple, il faut débourser un forfait de 20.000 francs CFA. Depuis « plus de six ans », rappelle par téléphone M. Gilbert Tsimi Evouna, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé (Cuy), la règlementation fixe à 100 francs CFA le prix du ticket d’entrée aux Bois Sainte-Anastasie.
Ledit ticket est valable pour toute la journée. Son détenteur a droit aux entrées multiples au cours d’une même journée. « Les Bois Sainte-Anastasie c’est plus que manger. C’est aussi un lieu de détente. Il faut éviter le désordre à l’intérieur en limitant l’accès et empêcher que les enfants de la rue entrent. Vous voyez que beaucoup restent à la barrière. Il faut par ailleurs faire vivre la ville. Les entrées permettent ainsi d’entretenir les lieux et d’assurer la sécurité et la propreté des lieux », se justifie le délégué du gouvernement toujours au téléphone.
pollution
Ouvert au public tous les jours de 08 heures à 22 heures, le parc des Bois Sainte-Anastasie fonctionnent sur la base d’un règlement intérieur affiché ça et là, même sur un arbre dans le parc. Pour y entrer, il faut s’acquitter d’une somme de 2000 francs CFA si on est en possession d’un appareil photo, de 100 francs CFA par personne et par voiture. Un parking de 66 places est prévu à cet effet. Celui ci est interdit aux motos. Il est par ailleurs interdit entre autres de transporter sur soi des bouteilles en verre.
Le règlement intérieur proscrit « des comportements contraires à la pudeur, aux bonnes moeurs et à l’ordre public », lit-on. Allusion faite aux « scènes d’amour » dont témoignent les agents de service. Les contrevenants s’exposent aux poursuites judiciaires ou à une amende de 5.000 francs CFA infligée par les agents de contrôle. Crées en 2007, les Bois Sainte-Anastasie abritent un étang de poissons, un restaurant, trois salles en location, un poste de police, des toilettes publiques gratuites et un jardin avec aire de promenade. Le tout arrosé par la rivière Ekozoa dont les eaux bleuâtres et visiblement souillées de toutes sortes d’immondices, dégagent malheureusement une forte puanteur à faire écourter le séjour aux promeneurs, amoureux de la nature.
Ce qui ne décourage pas pour autant les mille visiteurs par jour pour une recette journalière d’environ cent mille francs CFA lorsque « 10 carnets de cent tickets sont parfois épuisés en une journée », indique un agent du guichet. Les Bois Sainte-Anastasie constituent ainsi une importante source de revenus pour la communauté urbaine de Yaoundé. A la faveur de la loi sur la décentralisation en effet, « Elle [la Cuy] en dispose comme elle veut. Le ministère du tourisme et des loisirs suit et fait l’évaluation de tout ce qui se passe au niveau des régions », décline-t-on toute responsabilité à la direction des sites touristiques du ministère de tutelle.