C’est une position diplomatique qui ne passe pas inaperçue. Dans un communiqué rendu public ce 29 octobre 2025, le Haut-Commissariat du Canada au Cameroun a déclaré avoir “pris note” des résultats de l’élection présidentielle proclamés par le Conseil constitutionnel, tout en réaffirmant sa volonté de collaborer avec le gouvernement camerounais.
Une formule sobre, mais lourde de sens : pour de nombreux analystes, Ottawa reconnaît ainsi de facto la victoire de Paul Biya. Tout en appelant à la paix et au dialogue, le Canada semble privilégier la stabilité à la confrontation. Un signal fort venu d’un partenaire de longue date ?
Ottawa appelle au calme mais confirme sa coopération
Dans sa déclaration officielle, le Haut-Commissariat du Canada se dit “profondément préoccupé par les violences survenues ces derniers jours” et “déplore les pertes de vies humaines”.
Mais surtout, le communiqué indique que le Canada “demeure engagé à collaborer avec le Cameroun sur des enjeux d’intérêt commun, dans un esprit de prospérité et de sécurité partagées.”
Une phrase que les observateurs diplomatiques interprètent comme une validation implicite du nouveau mandat de Paul Biya, réélu le 27 octobre 2025.
“C’est une reconnaissance diplomatique sans le dire ouvertement”, estime un analyste politique joint par 237online.com. “Le Canada veut maintenir ses relations stratégiques, tout en appelant à la retenue.”
Cette position tranche avec celle de certains pays européens plus critiques, mais s’inscrit dans la ligne pragmatique du Canada, acteur discret mais influent en Afrique centrale.
Un partenaire de longue date du Cameroun
Présent au Cameroun depuis plus de 60 ans, le Canada est un partenaire majeur dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la gouvernance et du développement économique.
Des centaines d’étudiants camerounais rejoignent chaque année les universités canadiennes, tandis que plusieurs entreprises canadiennes participent à des projets miniers, forestiers et technologiques dans le pays.
Le message publié ce 29 octobre reflète cette volonté de préserver des relations constructives, même dans un contexte politique tendu.
“Nous appelons toutes les parties à agir de manière responsable et à résoudre les différends par le dialogue”, conclut la déclaration officielle.
Selon des sources diplomatiques, Ottawa mise sur la stabilité politique du Cameroun pour poursuivre sa coopération bilatérale, notamment dans la lutte contre les changements climatiques et la formation technique des jeunes.
Une validation diplomatique qui pèse lourd
En se positionnant de manière mesurée mais claire, le Canada rejoint le cercle des pays occidentaux ayant pris acte des résultats officiels, aux côtés de la France et de l’Union européenne.
Cette reconnaissance progressive de la communauté internationale consolide la légitimité internationale de Paul Biya, tout en maintenant la pression sur le respect des droits fondamentaux.
Pour le gouvernement camerounais, cette attitude est perçue comme un signal d’apaisement, dans un contexte où le pays cherche à tourner la page d’un scrutin contesté.
Le Canada, fidèle à sa diplomatie équilibrée, a choisi la voie de la reconnaissance prudente : il prend acte de la réélection de Paul Biya tout en prônant la paix et le dialogue.
Un geste diplomatique calculé qui, au-delà des mots, conforte Yaoundé sur la scène internationale.
Reste à savoir : cette “validation discrète” ouvrira-t-elle une nouvelle ère de coopération entre Ottawa et Yaoundé ?
