Cameroun: Paul Biya, le cœur en dehors de la presse

Le président Paul BIYA reçoit Christophe Guilhou

Dans son adresse à la nation le 19 mai 2020, le président de la République n’a tressé aucun laurier aux médias locaux.

Résolument positif, Paul Biya n’a pas hésité à user de la fibre sentimentale avec des phrases comme «Je tiens également à saluer l’extrême courage du corps médical camerounais et de ceux qui l’assistent», «Avec les moyens qui sont les nôtres, ils font le maximum pour soigner les personnes infectées. En effet, ils ne baissent pas les bras face à la gravité de l’infection au Covid-19. La Nation, par ma voix, les en félicite et les encourage à persévérer dans cette voie». En plus du personnel sanitaire, le chef de l’État, pendant son discours prononcé à la veille de la 48 e édition de la Fête de l’Unité, a aussi pensé à ceux qui ont déjà versé des contributions au Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus.

Lue et relue, cette distribution des lauriers a lésé ceux qui, avec leurs plumes, caméras et micros, mettent aussi l’épaule à la roue en pleine crise de la Covid-19 au Cameroun. «Quand depuis plusieurs jours voire semaines, on a pu voir dans les médias se multiplier les initiatives pour transmettre les informations sur la pandémie, c’est une injustice!», s’emporte Jean-Marc Bikoko, point focal de l’Ong internationale Dynamique citoyenne au Cameroun.

Aboudi Ottou relève chez Paul Biya «un manque de considération pour la presse locale». Pour le journaliste de Ecofin, «le soutien de l’État sous son magistère est loin d’être substantiel». À côté de cette sentence rode une insatisfaction globale dans la galaxie médiatique privée locale. C’est que, entre le gouvernement et le Réseau des patrons de presse du Cameroun (Repac), le ton n’est pas aimable.

Dans un communiqué rédigé le 28 avril dernier, les seconds ont interpellé le premier sur «le refus de soutenir la résilience de la presse à capitaux privés face à la pandémie de la Covid-19 ; le non déblocage à temps de l’appui institutionnel de l’État anciennement appelé (aide à la presse) aux médias à capitaux privés ; l’accumulation des arriérés de payement des prestations dues à la presse par les organismes et administrations publiques», entre autres. La colère du Repac a pris de l’ampleur avec une journée «Presse morte» le 4 mai 2020. De sources dignes de foi, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication, a pris en main le dossier. Depuis, on attend la première brique d’une refondation des relations entre les médias à capitaux privés et l’exécutif.

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