Cameroun: Paul Biya et ses concessions

Paul Biya pretant serment

Le 06 novembre passé, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) a célébré avec faste et solennité un anniversaire.

Celui de l’accession de Paul Biya au pouvoir. Cet événement coïncide avec le premier anniversaire du « septennat des grandes opportunités ». Dans « un programme pour l’avenir », Paul Biya a indiqué que le second point de son intérêt au cours de son mandat porte sur la consolidation de la paix. Il s’agit ici du maintien de la paix sur le territoire national.

Un an après, il est clair que toutes les mesures prises pour ramener la paix dans le NoSo, ont accouché d’une souris. La présentation de l’acte uniforme Ohada n’a pas persuadé les avocats anglophones. Une kyrielle d’autres mesures dont, l’organisation du grand dialogue national, la libération de certains prisonniers anglophones ; le recrutement de 1000 enseignants bilingues dans les collèges scientifiques et techniques et la création d’une section de la Commonlaw dans les universités d’Etat ont été sans effets du côté des sécessionnistes. Pour qui connait le Président Paul Biya, ce président secret, solidaire, à la fois omni absent et omniprésent, qui aime être maitres du temps et du calendrier que, dos au mur face à l’opiniâtreté de ses vis-à-vis, il a dû lâcher du lest. Mais jouer la montre n’aura servi qu’à envenimer les choses.

Nonobstant cela, Paul Biya ne s’est pas découragé et continuera encore à faire des concessions. Les frondeurs réclament la libération des leaders anglophones qui sont actuellement sous les verrous. Sauf qu’il n’est pas sûr qu’en cas de libération, les choses se tassent, puisque la forme de l’Etat est devenue un sujet d’intérêt supra pour les grévistes : elle sous-tend désormais leurs revendications, au grand dam de l’Etat qui l’a classé dans le giron des sujets tabous. Biya sait que « ne dure pas au pouvoir qui veut mais qui peut », a-t-il fanfaronné en juillet 2015 devant François Hollande, un autre machiavélien congédié par ses compatriotes. Des hommes politiques machiavéliens comme Biya, le philosophe Roger Pol Droit dit qu’ils sont « froidement lucides, tendus vers l’action, la conquête du pouvoir et sa conservation. Pourvus d’une intelligence aigue, dépourvu de doctrine rigide. Réalistes et pragmatiques, font attention aux faits, à l’égard des lieux, aux rapports de force » . Le seul but étant d’accéder au pouvoir quand on ne l’a pas, le conserver quand on le détient. Et Nicolas Machiavel de dire, « gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser ».

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