Face à la presse à Abuja mercredi, le président Paul Biya a démenti la rumeur d’une prétendue base-arrière de Boko Haram qui aurait existé au Cameroun ; son homologue nigérian a réaffirmé l’engagement de son pays à respecter le verdict de la CIJ sur l’affaire Bakassi.
Lecture et la signature du communiqué conjoint par le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama et le ministre camerounais des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella. Ensuite, le président Paul Biya et son homologue nigérian Muhammadu Buhari face à la presse, dans l’une des salles de conférence de l’hôtel Transcorp Hilton. Telles sont les deux principales articulations de la seconde journée de la visite d’Etat du président de la République au Nigéria les 3 et 4 mai 2016. La conférence de presse s’est déroulée en présence de hautes autorités nigérianes et des membres de la délégation camerounaise. Les deux chefs d’Etat ont introduit la séance, chacun, par un propos liminaire. Invité le premier à prendre la parole, le président Paul Biya a souligné le renforcement des excellentes relations entre les deux pays et la convergence totale de vues sur toutes les questions abordées avec son homologue nigérian au cours de cette visite. Dans son propos liminaire, le président Muhammadu Buhari a relevé que la sécurité et le développement économique ont été les principaux sujets d’échanges entre lui-même et son hôte, notant d’ailleurs que le communiqué conjoint était complet et précis à cet égard. Il a réitéré son engagement et sa détermination à œuvrer avec le président Paul Biya et leurs homologues des pays du bassin du lac Tchad, avec l’appui des partenaires, en vue de l’éradication de la secte terroriste Boko Haram. Il a remercié le Cameroun, son président et son peuple, pour l’hospitalité accordée à plus de 54 000 réfugiés nigérians. Après leurs propos liminaires respectifs, les deux chefs d’Etat ont ensuite répondu chacun à une question. Le président Paul Biya, le premier, a répondu à une question de la presse nigériane.
Boko Haram n’a jamais eu de bases au cameroun
Après avoir noté que le Cameroun et le Nigéria coopèrent dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, le journaliste a avancé que les éléments de cette secte terroriste chassés du Nigéria par la force multinationale mixte, auraient une base au Cameroun qui les aurait abrités. La question était de savoir ce qu’en dit le président Paul Biya. La réponse du chef de l’Etat a été la suivante : « Eh bien, Monsieur, ma réponse à votre question sera brève. A aucun moment le Cameroun n’a été indifférent vis-à-vis des actes de Boko Haram. C’est vrai, j’ai entendu pour la première fois cette idée, cette critique dans une conférence européenne où on disait que le Cameroun servait de base-arrière au Boko Haram. Franchement, j’en étais surpris, je tombais des nues. Qu’est-ce qui peut nous rapprocher de Boko Haram ? L’idéologie ? L’intérêt financier ? La religion ? Je ne vois pas. L’islam chez nous est orthodoxe. Non, c’était une mauvaise information. Nous avons toujours combattu le terrorisme et nous n’avons fait qu’amplifier cette action. Et je crois que tout le monde aujourd’hui voit que le Cameroun est pleinement engagé aux côtés du Nigéria, du Tchad et du Niger dans ce combat qui est capital pour notre région. L’information a été fausse et je tiens à la démentir aujourd’hui. Je vous remercie ».
Question vérité sur Bakassi
nt Muhammadu Buhari a répondu à une question de la presse camerounaise se faisant l’écho de l’opinion camerounaise préoccupée par les suites de l’affaire Bakassi en rapport, pense-t-elle, avec l’exploitation que ferait le Nigéria de certaines richesses de cette zone, notamment les hydrocarbures et les ressources halieutiques. Invité à faire entendre sa voix sur ces allégations, le chef de l’Etat nigérian a répondu clairement en deux points. D’abord, il a tenu à « rassurer le président Paul Biya et les Camerounais ». Le Nigéria, a-t-il dit, est un pays qui respecte la loi. Il y a eu une crise connue couramment sous le nom de « affaire Bakassi » entre le Cameroun et le Nigéria. L’affaire a été réglée par la Cour Internationale de Justice et les accords de Greentree. Le Nigéria respecte toutes les décisions prises. Mais, il y a des questions techniques sur lesquelles les experts travaillent et le processus est en cours. Ils vont soumettre, le moment venu, des recommandations aux chefs d’Etat des deux pays. Et des décisions seront alors prises. Une fois de plus, le président Buhari a rassuré les Camerounais sur l’engagement de son pays à respecter les règles de droit internationales et les décisions prises au sujet de Bakassi. Ainsi donc, en réponse à cette question vérité, le président Muhammadu Buhari a saisi l’occasion pour réaffirmer solennellement l’engagement de la République fédérale du Nigeria à respecter la décision de la cour internationale de la Haye et l’accord de Greentree. Pour la paix et la coopération entre deux voisins responsables.