Le duo spécialisé dans le tripatouillage des pesées et magouilles diverses est attrapé la main dans le sac la semaine dernière à Ngaoundéré.[pagebreak]Fin de magouille pour deux (02) agents du poste de pesage de Manwi par Ngaoundéré 3e. Ils ont été pris en flagrant délit le 8 octobre dernier par le gouverneur de l’Adamaoua. C’est à la faveur de bons renseignements remontés à son oreille qu’Abakar Ahamat est personnellement descendu sur le terrain, non sans avoir monté le traquenard qui va mettre à nu le pot-aux-roses. Il s’agit d’un vaste réseau qui, à l’image d’«une pieuvre géante», étendait ses tentacules sur tous les engins en surcharges. Les contrevenants étaient alors astreints de « négocier » moyennant des sommes sonnantes. Tout se passait depuis plusieurs mois au mépris de la loi. «Nous avons reçu les informations selon lesquelles, six (06) camions à destination du Tchad allaient traverser le poste de pesage de Manwi sans passer à la pesée. Nous leur avons tendu une embuscade (…) Sur les six (06), nous avons mis la main sur trois (03) au carrefour Malang. Les trois autres ont certainement eu vent de la situation et sont restés en ville. Nous avons leurs numéros d’immatriculation donc, ils ne vont pas nous échapper», a expliqué le gouverneur Abakar à la presse.
Les dessous de l’histoire : le 07 octobre au soir, le numéro 1 de l’Adamaoua dépêche une équipe sur la nationale n°1, non loin de la station de pesage de Manwi. Les délits des camions en situation de surcharge sont constatés. Il s’agit de gros porteurs immatriculés 18T0328A TCH, 18S0314A TCH, AD TR 694AA, AD SR 651 AA, 18T3134 A TCH et 18S 1431 A TCH. Comme à leur habitude, les agents en poste à la station de pesage ferment l’œil sur la surcharge et empochent quelques billets. «Les camions concernés étaient tous en situation de surcharge. Ils transportaient tous à destination du Tchad un produit destiné à la fabrication du ciment. Les agents les ont laissés passer contre de l’argent», relate un collaborateur du gouverneur.
Sanction exemplaire
A la suite de ces infractions sur fond de corruption, Abakar Ahamat a effectué une descente le 8 octobre au poste du pesage. Celui qu’accompagnait le procureur de la République a de nouveau fait passer à la pesée les camions en question. Curieusement, les résultats obtenus «n’avaient rien à voir avec la pesée effectuée la veille par les agents». Comment des camions en surcharge ont-ils pu échapper aux amendes et délestages prévus par les textes en vigueur ? Si l’on en croit des indiscrétions, chaque camion en situation de surcharge peut «échapper» à la pesée moyennant le versement de la somme de 250.000 Fcfa. Une somme que se partageraient les agents et forces de sécurité en poste. «Comme on a pu le constater, c’est une machine bien huilée. Mais malheureusement tous ceux qui sont impliqués dans ces actes se trouvent être dans le circuit du fret», a déploré Abakar Ahamat. Le gouverneur a d’ailleurs, en l’espace d’une demi heure généré une recette d’environ 5 000 000 Fcfa. La recette déclarée par les agents en poste la veille était de 30 000 FCfa. Comme il fallait s’y attendre, la sanction est tombée. Les agents impliqués dans l’affaire sont démis de leur fonction. Le gouverneur a instruit qu’une nouvelle équipe soit mise en place. D’autres contrôles inopinés dans d’autres services ne sont pas exclus.
Abakar Ahamat: «Les faussaires sont frappés de sanctions»
Le gouverneur de l’Adamaoua retrace les faits dans l’affaire de la corruption au poste de pesage de Manwi.
Cette descente sur le terrain n’est pas le fait du hasard. Nous avons constaté des surcharges se de camions ces derniers temps en direction du Tchad. Nos informations ayant été très précises sur la question, dans la nuit on a tendu un guet-apens et on en a pris trois (03) en situation de surcharge. Il se trouve que trois (03) autres qui étaient également en situation de surcharge sont volatilisés dans la nature. Nous allons finir par les rattraper. La mission consistait à les faire revenir à la station de pesage pour la pesée sur le pont bascule. C’est ce que nous n’avions pas réussi à faire la veille parce que la mission que nous avons envoyée a été semée par les chauffeurs qui ont abandonné les camions nuitamment. On s’est donc rendu sur place pour terminer cette mission. La pesée a été faite devant tout le monde, on a constaté que c’était des camions véritablement surchargés et ils ne devraient pas passer inaperçus. Mais curieusement ils sont passés un jour plus tôt sans être pesés, certainement parce qu’il y a des pots-de-vin qui ont circulé. Aujourd’hui qu’ils sont pris, les propriétaires de ces camions en surcharge vont être frappés d’amendes.
