Cameroun : Médecins Sans Frontières chassé du Nord-Ouest

Médecins sans Frontières

Médecins sans Frontières clame sa neutralité, le Ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji avait parlé de tolérance zéro pour les amis de la sécession.

Dans la sale guerre que se livrent forces gouvernementales et miliciens séparatistes dans le Noso, l’aide médicale n’est pas épargnée par les accusations de complicité. Le 19 février 2020, des militaires poursuivent une voiture jusque dans l’enceinte d’un hôpital soutenu par Médecins sans Frontières dans le Nord-Ouest. Sur le parking réservé aux ambulances, un des militaires ouvre le feu, tuant le conducteur, selon l’Ong. Si on ignore la suite de l’enquête ouverte après la mise à l’arrêt du soldat par la hiérarchie militaire, il est clair par contre que le « respect absolu des installations médicales, des ambulances, du personnel médical et des patients » dont parlent les conventions ratifiées par le Cameroun, fait l’objet de graves violations. Ils « ont fait l’objet de menaces régulières, notamment d’intimidation armée, de la part des différentes parties », souligne Msf.

« Nous sommes pris entre deux feux », témoignait pour sa part Ayah Abine, président de l’Ayah Foundation, une association créée pour secourir les populations en détresse sur le même terrain. Le porte-parole de l’armée, Cyrille Atonfack Guemo, a parlé dans ce contexte de l’émergence d’ « un sentiment de méfiance vis-à-vis de certaines organisations humanitaires, dont des actes contribuent à installer le doute quant à leur intégrité ».
Quant à Msf, il a été dit que « ses ambulances … ont été retrouvées transportant des combattants armés ainsi que des armes et munitions ». Bien entendu, l’Ong a nié ces accusations. Msf « réfute de la façon la plus catégorique qui soit ce type d’accusations, graves et dangereuses pour nos patients et nos équipes …

‘’Ses’’ ambulances ne servent qu’à transporter des patients non armés, ayant besoin de soins immédiats, sans discrimination ». Mais le malentendu persiste. Msf est accusé de soutien aux groupes armés. Les autorités administratives sont vraiment fâchées d’entendre que des séparatistes blessés sont aussi accueillis et soignés par des médecins, qui se cachent derrière le serment d’Hippocrate. Le 8 décembre 2020, le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique signe la décision régionale n°966/RD/E/GNWR.22/IGRS « suspendant le partenariat entre Médecins Sans Frontières et St Maria Soledad ainsi que les partenariats connexes avec d’autres formations sanitaires de la Région du Nord-Ouest en attendant la définition d’un cadre d’activités pour Médecins Sans Frontières par le Ministre de la Santé Publique ». Le gouverneur de la région du Nord-Ouest trouvait qu’au travers de sa collaboration avec cet hôpital, Msf permet non seulement de prendre en charge les membres des groupes armés séparatistes, mais aussi de leur offrir une protection.

Le nouveau cadre tarde à venir. Plusieurs mois d’échanges avec les autorités n’ont pas permis la reprise des activités de ces médecins bénévoles qui ont redonné du sourire à certains. En mai 2021, le directeur général de Msf, Stephen Cornish, a fait le déplacement de Yaoundé. Il a rencontré les officiels camerounais pendant plusieurs jours. « Si notre visite a été l’occasion d’examiner des questions importantes, aucun accord n’a pu malheureusement être atteint sur une reprise immédiate de notre assistance médicale dans la région du Nord-Ouest. Cela est décevant, mais nous gardons espoir que la levée de cette interdiction peut intervenir dans les prochains jours », avait-il déclaré à la fin de sa mission. Le divorce semble profond.

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