Cameroun : Maurice Kamto dénonce un « coup d’État » en préparation avant 2025

Maurice Kamto

Maurice Kamto, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2025, a publié ce lundi 16 juin une série de tweets explosifs sur son compte X (ex-Twitter). Le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) accuse ouvertement le régime RDPC de préparer un double coup d’État – électoral et militaire – pour éviter une défaite annoncée aux urnes. Cette publication intervient alors que le pays entre officiellement dans la période légale de convocation du corps électoral.

Dans une longue série de trois tweets que 237online a analysée intégralement, l’ancien ministre et professeur de droit dresse un tableau sombre de la situation politique camerounaise. « Il flotte un air de coup d’État sur le Cameroun », martèle-t-il d’emblée, pointant du doigt un régime « aux abois » face au « réveil du peuple camerounais assommé par la misère ».

Les failles juridiques du RDPC exposées au grand jour

L’une des révélations les plus percutantes de Maurice Kamto concerne la situation juridique précaire du parti au pouvoir. Selon ses informations, rapportées par un conseiller municipal RDPC de Monatélé, le mandat du président national du RDPC et de toutes ses instances dirigeantes aurait expiré depuis septembre 2016.

« Faute pour le RDPC d’avoir tenu son Congrès ordinaire à la date du 16 septembre 2016, le mandat de son président national et celui de toutes les instances dirigeantes ont expiré depuis lors », explique le candidat présidentiel. Cette situation juridique inédite placerait le parti au pouvoir dans l’impossibilité légale de présenter un candidat à la prochaine élection présidentielle.

Face à cette impasse, Kamto dénonce les « manœuvres et provocations visant à semer le trouble afin d’éviter la tenue d’une élection présidentielle apaisée ». Le refus d’ELECAM de publier la liste électorale nationale, pourtant exigée par l’article 80 du Code Électoral, constitue selon lui la « meilleure illustration » de la préparation active d’un coup d’État électoral.

Des menaces de putsch militaire documentées

Plus grave encore, Maurice Kamto rappelle des déclarations publiques de militants RDPC appelant explicitement à un coup d’État militaire en cas de victoire du MRC. Le 3 septembre 2023, lors d’un débat télévisé sur Équinoxe TV, un représentant officiel du RDPC déclarait sans ambages : « Si le MRC gagne l’élection présidentielle en 2025, l’armée peut faire un coup d’État contre KAMTO ».

Ces propos ont été relayés sur Facebook par un autre communicant du parti au pouvoir, précisant que « si c’est le MRC ou un parti ayant investi le président du MRC qui gagne, il y aura automatiquement un coup d’État ». Une plainte déposée par le MRC le 23 septembre 2023 reste « bloquée » au Tribunal de Première Instance de Yaoundé, alimentant les soupçons de protection politique des auteurs de ces menaces.

« Une telle impunité est inquiétante, dans un pays qui a déjà été secoué par une tentative de coup d’État militaire qui a laissé des blessures profondes », s’alarme Kamto, faisant référence aux événements passés du Cameroun.

MRC Maurice Kamto Message

L’impact du meeting de Paris sur le pouvoir

Le candidat du MRC révèle l’ampleur de l’ébranlement causé par son meeting « MK2025 » du 31 mai à Paris. « Le succès populaire du meeting a littéralement mis en transe le pouvoir », observe-t-il, citant « l’abandon par certains ministres de leur travail au profit des sorties ubuesques sur les réseaux sociaux ».

Cette nervosité du régime s’est manifestée par les réactions du Secrétaire Général du Comité central du RDPC, contraint de publier une longue tribune le 10 juin, ainsi que par les condamnations « hypocrites » de la violence verbale prononcées par les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale lors de la rentrée parlementaire.

Kamto n’hésite pas à rappeler les contradictions du pouvoir, évoquant l’incendie public de T-shirts et écharpes du MRC organisé le 14 juillet 2018 à Maroua par le président de l’Assemblée nationale lui-même, « en compagnie de plusieurs de ses camarades ministres et devant des autorités administratives et des forces de sécurité ».

La dimension internationale de la crise

L’analyse de Maurice Kamto s’étend aux implications internationales de cette crise pré-électorale. Il dénonce la signature « en catimini » le 9 mai 2025 d’une convention entre l’ONU et ELECAM, censée « crédibiliser » l’élection présidentielle alors que cet organisme refuse de publier la liste électorale nationale.

Plus troublant encore, il évoque la visite le 8 juin 2025 d’un « Général d’Armée, patron de la gendarmerie française » venu rencontrer les autorités sécuritaires camerounaises pour « évoquer l’élection présidentielle à venir ». « La France et l’ONU sont-elles vraiment conscientes du rôle que veut leur faire jouer le régime RDPC dans la mise en application de son projet de coup d’État militaire ? », s’interroge-t-il.

Un appel à la vigilance démocratique

Malgré ce tableau sombre, Maurice Kamto maintient sa ligne de conduite apaisante, évoquant son « souci d’apaisement et de rassemblement » et son engagement à « protéger le Président de la République en fonction et sa famille ». Il insiste sur sa volonté de « reconstruire l’unité du pays » et d’éviter « les cycles de revanches ».

Le candidat présidentiel conclut en rappelant que depuis le 15 juin, « le Cameroun est déjà entré dans la période de l’élection présidentielle de 2025 ». Tout report de ce scrutin constituerait selon lui « un coup d’État électoral » qui « déclencherait automatiquement la légitime défense » du peuple camerounais.

Cette déclaration de Maurice Kamto, par son timing et sa précision, place la classe politique camerounaise face à ses responsabilités à quelques mois d’un scrutin présidentiel qui s’annonce décisif pour l’avenir démocratique du pays.

La question demeure : le Cameroun saura-t-il éviter les écueils dénoncés par l’opposant pour organiser une élection libre et transparente ?

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