Cameroun – Marches blanches du MRC : Un pétard mouillé, finalement

Une marche du MRC

Les dirigeants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) avaient annoncé des mouvements «gigantesques» à travers le pays le 1er juin 2019.

L’appel au soulèvement populaire n’a pas été suivi par des populations qui vaquent tranquillement à leurs occupations.

Mamadou Mota et Me Emmanuel Simh, respectivement 1er et 3e vice-président du MRC voulaient, à travers de nouvelles «Marches blanches» programmées le 1er juin 2019, défier les autorités pour demander la libération des militants emprisonnés, la fin de la guerre au Nord-Ouest et au Sud-Ouest et les sanctions relatives au scandale de la CAN Cameroun 2019. Un disque rouillé. Bref, du déjà entendu. Finalement, la montagne n’a accouché que d’une souris. Au grand dam des réseaux sociaux qui avaient annoncé une déferlante dans les rues et quartiers des grandes métropoles camerounaises, de militants de ce parti d’opposition à l’image fortement écornée par ses appels au soulèvement populaire.

La contestation a viré au fiasco.

La marche «gigantesque » tant annoncée est allée du Marché central à la Poste. Quelques centaines de mètres seulement parcourus par une poignée d’adeptes. Lesquels ont ensuite été stoppés net par les forces de maintien de l’ordre. Plusieurs militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun ont été interpellés par la police et la gendarmerie à Yaoundé, Douala, Bafoussam, Bagangté et Nkongsamba. Le collectif d’avocats du parti, dirigé par Me Hippolyte Meli, a produit un rapport. Celui-ci renseigne que 354 personnes ont été arrêtées à travers le pays. Parmi elles, de hauts-cadres à l’instar de Mamadou Mota, vice-président du MRC, Sa Majesté Pierre Marie Biloa Effa, et Dr Oko Apollinaire Legrand. Globalement, un calme plat a régné dans les autres artères de Yaoundé. L’appel lancé plusieurs jours auparavant par les caciques du MRC a été peu suivi, une fois de plus. La circulation était plutôt fluide. Avec des populations vaquant normalement à leurs occupations quotidiennes.

ECHEC

Ce énième échec des «Marches blanches» n’est pas le premier qu’essuie le MRC. Bien plus, ce flop politique témoigne de la navigation à vue qui prévaut dans les rangs du parti depuis l’interpellation et la mise sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé, du leader de ce parti, Maurice Kamto. C’était le 28 janvier 2019, deux jours après les manifestations interdites de Douala et le saccage des ambassades du Cameroun à Paris (France) et Berlin (Allemagne) par ses partisans. A la suite de l’annulation des «Marches blanches» des 2 et 9 février 2019, le 17 mars 2019, le parti avait annoncé une grande «Marche blanche» pour revendiquer la libération de Maurice Kamto, avec des charters venus de Douala, Maroua, Bafoussam, N’Gaoundéré, Edéa, Bafia, Kribi, Bertoua, Njombe, Nkongsamba, Penja, Bafang. Etc. Fiasco total pour ce mouvement qui voulait profiter de l’arrivée dans la capitale politique camerounaise, du secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires africaines, Tibor Nagy, farouchement opposé à la détention de certains caciques du MRC.

PRÉSIDENTIELLE 2018

Les «Marches blanches» ont été initiées au lendemain de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. A travers ces manifestations interdites pour «la préservation de l’ordre public» selon le préfet du Mfoundi Jean Claude Tsila, les dirigeants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun et leurs sympathisants tiennent à dire «Non au hold-up électoral, non au holdup de la paix dans les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, non au hold-up des fonds publics sous couvert de l’organisation de la CAN 2019».

Même si les responsables du MRC soutiennent que ces manifestations se déroulent «pacifiquement, sans détérioration d’édifices publics ou privés ou de tout bien meuble», les pouvoirs publics ont procédé, à l’issue des marches du 26 janvier 2019, à des interpellations à Douala, Yaoundé, Bafoussam, Dschang et Bafang, à la fois des militants et des têtes de proue de la rébellion. Maurice Kamto, ancien ministre de la Justice autoproclamé «Président» a officiellement obtenu 14% de suffrages, loin derrière le chef de l’État sortant Paul Biya crédité de 71,28% de suffrages par le Conseil constitutionnel, est aux arrêts depuis le 28 janvier 2019 avec les activistes Célestin Djamen, Christian Penda Ekoka, Engelbert Lebon Datchoua, Albert Dzongang. Il est accusé de «Rébellion, incitation à l’insurrection, attroupement», hostilité à la patrie, trouble à l’ordre public, association de malfaiteurs.

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