Cameroun: Lutte contre la corruption, chasse aux fonctionnaires fictifs, paiement de la prépension

Louis-Paul Motaze

Les actes pris par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, depuis sa nomination, le 2 mars 2018, ont permis au Cameroun d’atteindre 4,0% de croissance en 2018, contre 3,7% en 2017.

Cette dynamique devrait se poursuivre en 2019. Le taux projeté est de 4,2%. Malgré des contraintes sécuritaires liées au plan interne à la crise anglophone dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la lutte contre la secte terroriste Boko Haram à l’Extrême-Nord et l’afflux de réfugiés centrafricains à l’Est.

Le ministre des Finances (Minfi) ne s’est pas contenté de rétablir leur prépension. Les pensionnés de l’Etat se sont aussi vus accorder deux ans de moratoire, pour la production de leurs actes de mise en retraite en vue de la régularisation de leur position administrative. Plus de 1800 retraités, dont la prépension avait été suspendue pour déchéance quadriennale, respirent. Ils repassent au guichet depuis mars 2019. La traque lancée contre des fonctionnaires fictifs entre avril et juillet 2018 avait pour but, selon un communiqué du Minfi, «d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’État, tous les agents publics y émargeant irrégulièrement du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré ». Le comptage physique du personnel de l’Etat a donc permis de réaliser des économies budgétaires mensuelles de 394,7 millions FCFA.

2000 fonctionnaires et agents de l’Etat dont les noms ne figuraient pas sur les listes des agents recensés, en plus des salaires de 645 personnes décédées, ont vu leur solde suspendu. Alors que plusieurs responsables du ministère des Finances soupçonnés de détournement de fonds publics, d’environ 13 milliards de FCFA, étalés sur plusieurs années, ont été interpellés par la justice.

AVANCÉES SIGNIFICATIVES

D’autres avancées significatives ont pu être enregistrées dans l’exécution du budget de l’Etat, avec un taux de croissance estimé à 4,0% en 2018 contre 3,7% en 2017. Pour les analystes des questions financières, Louis Paul Motaze, nommé à la tête du ministère des Finances à la faveur d’un remaniement ministériel le 2 mars 2018, après avoir été ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) de 2007 à 2011 et de 2015 à 2018, et secrétariat général des services du Premier ministre de 2011 à 2015, est bien l’homme de la situation, décidé à mener à bien la feuille de route prescrite par le chef de l’État Paul Biya.

Pour la presse et l’opinion publique camerounaises, pas avares en éloges, le Minfi est «l’homme du Président», «l’architecte du pays», «le stratège», «le bulldozer», «Monsieur projets structurants », «le bâtisseur», «l’homme de tous les chantiers». Major de sa promotion à École nationale d’administration et de magistrature (Enam), section économie et finance, Louis Paul Motaze incarne désormais en même temps l’atout charme et la main de fer qui pilote et veille à la parfaite exécution du budget de l’Etat. Un rapport publié la semaine dernière par le ministère des Finances le confirme. «Le budget de l’exercice 2018 s’est exécuté dans un contexte marqué par les bonnes performances au niveau des recettes malgré les contraintes très élevées au niveau des dépenses», précise le document. Les résultats de l’exécution affichent des taux de réalisation de 103,4% pour les recettes internes, 108,2% pour les emprunts et dons. 112,17% et 101,9% pour les recettes pétrolières et non pétrolières respectivement.

DISCIPLINE BUDGÉTAIRE

«Les bonnes performances des recettes fiscales s’expliquent par les réformes administratives et les mesures nouvelles» imputées au Minfi, indique le rapport, qui note également que «la qualité de l’exécution budgétaire a connu des avancées significatives en 2018». Pour ce qui est des dépenses, leur taux d’exécution est de 103,1%. Par grandes rubrique, les taux d’exécution sont de 100,8% pour les dépenses courantes, 111,2% pour les dépenses en capital, et 98,2% pour la dette publique. En dépit des contraintes sécuritaires dans les Régions du Nord-Ouest, du Sud- Ouest du fait de la crise anglophone, à l’Extrême- Nord qui fait face à la secte terroriste Boko Haram et à l’Est envahie par les réfugiés centrafricains, sans oublier la montée annoncée par le FMI, de l’inflation chez certains des principaux partenaires commerciaux du Cameroun (principalement la Chine et ceux de la zone euro), cette dynamique devrait se poursuivre en 2019, avec un taux croissance projeté à 4,2%.

L’atteinte de cet objectif va toutefois nécessiter un minimum de «discipline budgétaire », avait lancé Louis Paul Motaze, à l’endroit de ses collaborateurs et gestionnaires des fonds publics, au cours de la cérémonie de présentation des voeux, en janvier, à Yaoundé. «Les bailleurs de fonds nous attendent parce qu’ils veulent que nous réalisions les objectifs de recettes tels qu’énoncés dans la loi de finances. Vous comprenez que dans ces conditions-là, si des efforts particuliers ne sont pas faits, nous risquons d’être hors des rails. Ceci va nécessiter un gros travail d’explications auprès des autres membres du gouvernement afin qu’ils comprennent pourquoi nous allons être obligés de prendre des mesures inhabituelles», avait-il alors indiqué.

C’est aussi en 2019 que le programme économique et financier avec le FMI va s’achever. «Nous devons rappeler aux autres administrations que compte tenu des contraintes du programme, les budgets doivent être exécutés de manière optimale, en mettant l’accent sur ce qui est prioritaire. Le nouveau régime financier de l’Etat devrait nous aider dans ce sens», a-t-il ajouté.

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