Cameroun : L’histoire se rattrape 33 ans après à Bangou

Un descendant de Paul-Bernard Kemayou ( Kemayou l’Africain) succède au trône royal laissé par Kezembou Marcel allias Tayo II Marcel.

Le groupement Bangou a dû attendre ce lundi 28 janvier 2019 pour connaître son nouveau roi. Gambou Kemayou Maurice présidera aux destinées de ce groupement du département des Hauts plateaux. Ainsi en ont décidé les notables. « C’est le dernier fils du roi Kemayou Paul Bernard », renseigne un natif du village. Sous la supervision du sous-préfet Manou Diguir, le chef supérieur Bazou a ouvert les rites d’initiation du nouveau chef, selon la tradition séculaire dans cette contrée ; en lui remettant ses premiers attributs, avant de le faire introduire au Laakam pour la suite de son initiation. Après un week-end perturbé dans ce groupement par les dernières tractations. Les obsèques du chef annoncées par l’honorable Théodore Datouo ayant été suspendues par le sous-préfet, avant d’être autorisées. L’autorité administrative évoque l’incompétence du président du comité de coordination. Rappelant que cette responsabilité de programmation des obsèques revient au préfet qui devra « procéder par consultation auprès des notables pour désigner le nouveau chef », comme il est généralement procédé, rapporte le site internet actucameroun. Une incertitude gagnait désormais les populations, car si rien ne changeait, il ne fallait pas attendre un dénouement dans les prochains jours. Le préfet des Hauts plateaux étant décédé récemment. Et en attendant ses obsèques, le président de la République n’a pas encore procédé au remplacement de son représentant dans ce département de la région de l’Ouest. Finalement, « c’est le ministre de l’Administration territoriale lui-même qui a demandé au sous-préfet de laisser se tenir ces obsèques », apprend-t-on d’une source proche du Comité d’organisation des cérémonies.

La plus grosse difficulté qu’éprouvait l’autorité administrative depuis le décès de Kezembou Marcel allias Tayo II Marcel le 16 novembre 2018, était la résolution de la crise successorale qui secoue ce groupement depuis des décennies. Le décès du dernier chef ayant relancé la guerre de légitimité que se mènent plusieurs factions de la famille royale. Alors que les obsèques officielles d’un ancien chef n’ont jamais été organisées. Il s’agit de feu Paul Bernard Kemayou décédé en Guinée Conakry en 1985. L’homme jadis cadre de l’Union des populations du Cameroun (Upc) a dû abandonner le trône royal en 1961 pour s’exiler face à la persécution du pouvoir colonial. Alors qu’une tendance souhaite ramener le pouvoir à cette souche originelle, certains militent pour la continuité avec la lignée Marcel Tayo II. Des sources annonçaient Nana Sinkam sur le départ également. Ce fonctionnaire du Fonds monétaire international (Fmi) est également issu de la souche royale, mais ni de la lignée Kemayou, ni de celle de Kezembou.

Gambou Kemayou Maurice présidera aux destinées de ce groupement du département des Hauts plateaux

Une lettre de Nana Sinkam, prince de la chefferie supérieure Bangou, servie aux différentes parties prenantes, avait désavoué Théodore Datouo, président du Comité d’organisation des cérémonies. L’auteur de la lettre non seulement ne se reconnaissait pas dans cette programmation et s’en tenait à la dernière réunion de concertation tenue en décembre dernier, et qui visait à taire les divergences et préparer les obsèques du défunt. Ce qui devrait ouvrir la voie au processus de désignation d’un nouveau chef. Après deux jours de lamentations officielles, le groupement Bangou a connu son nouveau roi. Les notables ont ainsi privilégié la souche originelle. Celle du 12ème roi de la dynastie décédé en 1983 en exil en Guinée et dont les obsèques officielles ainsi que les rites traditionnels n’ont jamais été bouclées. La lignée du défunt chef, Marcel Kezembou allias Tayo Marcel, ayant été ignorée. Les notables, principaux concernés dans cette opération de succession, sont jusqu’ici restés muets, mais ont le devoir de sortir le groupement Bangou de cette crise qui dure depuis plus de cinquante ans, et qui ne peut se résoudre qu’à l’occasion du décès d’un chef. Après avoir longtemps subi, Bangou semble vouloir définitivement tourner la page.

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