Selon la société Metafrique Steel, les industries de transformation du fer craignent une disparition de cette matière première, d’ici les prochaines années.
Les industriels du secteur de la métallurgie déboursent en moyenne 60 milliards de FCFA chaque année, dans l’achat des déchets de fer, communément appelé, ferraille. Selon les responsables de Metafrique Steel, entreprise spécialisée dans la collecte, le recyclage et le traitement des déchets de fer, cette somme représente le montant que dépensent les industries de transformation du fer, que sont Prometal, Scieries Fokou, Metafrique Steel, etc., pour l’achat de la ferraille. Cependant, ce secteur fait aujourd’hui face à d’énormes difficultés. 237online.com Les industriels qui craignent le pire, redoutent que d’ici quelques années, la ferraille disparaisse totalement. D’après Didier Yimkoua, consultant à Metafrique Steel, la ferraille est « en train de s’évanouir dans la nature ». Pour justifier ses propos, il indique qu’en l’espace de cinq ans, le Cameroun est passé de 450 000 tonnes de prévision à 150 000 t. Et, à cette allure, « d’ici 05 ans encore, on aura plus de ferraille et la filière de recyclage va disparaître », indique le consultant. Le manque à gagner risque d’être énorme. Car, cette situation pourra bien évidement amener les industriels à éliminer le segment four. Une décision « catastrophique », parce que le secteur emploie des centaines de personnes. A Metafrique Steel, par exemple, ce ne sont pas moins de 200 personnes qui travaillent dans ce segment. Mais au total, ils ont « 400 emplois directs, 1 500 indirects et environ 2 000 transporteurs et collecteurs ». Pour sauver la filière ferraille au Cameroun, les responsables de Metafrique pensent qu’il faut protéger l’industrie de la rudologie (étude des déchets) au Cameroun. Et comme solutions, ils indiquent qu’il est aujourd’hui important d’ouvrir la voie à l’importation des déchets métalliques. Pourtant, depuis 2007, la réglementation du ministère des Mines, de l’industrie et du développement technologique (Mimidt), interdit l’exportation des métaux ferreux et non ferreux. En misant sur l’économie circulaire, ceux-ci trouvent nécessaire d’y repenser. Mais pour le faire, les entreprises locales doivent être outillées pour recevoir ces déchets. « Il faut se rassurer que les entreprises qui doivent capter ces déchets ont la capacité de gérer les impacts négatifs, c’est-à-dire les fumées, les eaux résiduels, le bruit et tout ce qu’il y a comme autres risques », indiquent les responsables de Metafrique Steel. Parallèlement, les industriels se verront également obligés d’importer des biellettes, c’est-à-dire des lingots de fer. Pourtant, le fer de Mbalam peut être l’une des solutions au problème de ces industriels de la métallurgie. Et, dans le cahier de charge du gouvernement, l’on apprend que, 25% du fer de Mbalam doit être vendu sur le territoire national. Ainsi, le gouvernement est « obligé » de sélectionner les entreprises potentielles qui pourront faire partie de la liste des bénéficiaires. De ce fait, Metafrique Steel est déjà depuis quelques temps en pourparlers avec le gouvernement camerounais pour faire partie de celles devant profiter de la matière première de Mbalam. « Nous possédons les outils nécessaires pour l’exploitation du fer. Et, qu’en plus de cela, on emploie énormément de Camerounais », relève Bengi Hendrika Sah, la responsable des ressources humaines de Metafrique Steel. Toujours dans l’optique de sauver la filière, les ingénieurs mettent également l’accent sur la formation.« Nous pensons que l’Etat doit accompagner la filière rudologie. Sinon, on va produire des chômeurs. C’est quand même un nouveau métier. Et cette filière est rare dans nos écoles de formation ou universitaires », indiquent-ils.
Ghislaine Deudjui