Cameroun : Les handicapés du Nord-ouest abandonnés

Course handicapé

Dans le Nord-ouest et le Sud-ouest où sévit ce conflit armé, aggravé par la pandémie du Covid 19, les personnes vivant avec un handicap s’inquiètent d’un accès difficile à l’aide humanitaire.

Dans le Nord-ouest anglophone, l’on estime à près de 400 mille les personnes vivant avec un handicap.

Niba Stanley, âgé de 26 ans, est une personne vivant avec un handicap. Ce dernier raconte que sa jambe artificielle s’est cassée alors qu’il fuyait dans la brousse suite à des heurts entre les séparatistes et les soldats à Batibo, un village dans la région du Nord-ouest. Comme lui, de nombreuses personnes en situation de handicap dans les régions anglophones du Cameroun sont coincées dans les violences. Et elles et luttent pour s’enfuir vers des lieux sûrs lorsque leurs communautés subissent une attaque. Elles rencontrent aussi des difficultés pour obtenir l’aide dont elles ont besoin, explique Chick Sama, président du réseau des personnes vivant avec un handicap dans le Nord-ouest anglophone du Cameroun. Il ajoute que «les besoins des personnes handicapées touchées par la crise sont considérables et peuvent être très spécifiques, mais ils ne sont pas toujours intégrés dans les programmes humanitaires. Même si de l’aide est prévue pour les personnes handicapées, il n’y a pas de programmes spécifiques pour répondre à leurs besoins et en particulier, il n’y a pas assez de services disponibles comme la réadaptation, des appareils fonctionnels et des informations accessibles», a-t-il précisé.

Un défi essentiel pour la fuite des personnes handicapées est l’absence d’appareils fonctionnels tels que les fauteuils roulants, les cannes ou béquilles, qui ont été perdus dans la débandade, détruits ou pillés, témoignent de nombreux handicapés.

Avant la crise sociopolitique et la pandémie du Covid 19, le Nord-ouest anglophone du Cameroun totalisait près de 15% de personnes vivant avec un handicap sur une population d’environ 2millions Selon l’OMS. Aujourd’hui, les données ont changé, explique Awa Jacques Chirac, coordinateur du programme d’Autonomisation socio-économique des personnes handicapées à la Cameroon Baptiste convention. «Le nombre de personnes avec les amputations a augmenté, le nombre de personnes aveugles a aussi augmenté; tout ceci évidement a un impact sur le développement économique, parce que ces personnes dépendent des autres pour survivre et à long terme ce sera un problème», précise Mr Awa Chirac. Dans ce conflit, les urgentistes mènent généralement des actions à large spectre, dont les personnes handicapées et âgées ne peuvent pas bénéficier. Ils ne sont pas formés à les identifier et à les inclure dans leurs réponses à l’urgence, et ne sont donc pas en mesure de répondre correctement à leurs besoins.

Face à cette situation, Cbm, une organisation chrétienne de développement engagé dans l’amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées, a choisi de financer un programme de la CBC ciblés pour répondre aux droits et aux besoins des personnes déplacées handicapées, explique ici le directeur de CBM Cameroun Tchad et RCA Julius Niba Fon. «Il y’ a au total deux enveloppent, la première qui s’élève à près de 300 millions vise à améliorer les soins des personnes ayant les problèmes des yeux, le deuxième enveloppe qui s’élève à un peu plus de 900 millions concerne les actions humanitaires inclusives. Ici on a trois volets d’action: d’abord l’amélioration du plateau technique de nos partenaires, l’appui aux bénéficiaires dans les communautés et renforcement de capacité des acteurs », précise Julius Niba. «Les personnes handicapées figurent parmi les populations les plus marginalisées et les plus à risque dans tout pays affecté par des crises et le Cameroun n’y fait pas exception», expliquait Emina Ćerimović, chercheuse senior auprès de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. «La réponse humanitaire des Nations Unies largement sous-financée ne fait qu’exacerber leurs risques, car de nombreuses personnes handicapées ne parviennent même pas à satisfaire leurs besoins essentiels.»

Au cours des trois dernières années, les régions anglophones du Cameroun se sont empêtrées dans un cycle de violences meurtrières qui ont fait plus de 3 000 morts et arraché près d’un demi-million de personnes à leurs maisons. Les personnes handicapées ont subi des attaques et des abus de la part des belligérants, souvent parce qu’elles ne pouvaient pas s’enfuir.

Frédéric Takang

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