Cameroun: Les fossoyeurs du village Bangou enfin identifiés

Bangou

C’est bien Moïse Ngnépi (Mekep Ngépi) et quelques autres de ses amis qui portent la responsabilité de la déstructuration et du désordre qu’a connu la chefferie bangou et, partant, tout le village, depuis maintenant plus de 50 ans.

C’est en effet la révélation paradoxale de la plaidoirie que vient de commettre la Famille Ngnépi, portée par son digne fils et néanmoins messager, Fankou Ngnépi Jean‐Paul. L’objectif de cette plaidoirie était, de toute évidence, de faire l’apologie de l’ancêtre et de ses « hauts faits » dans Bangou. Malheureusement, cette plaidoirie aura produit l’effet contraire aux yeux des lecteurs avertis. La Famille Ngnépi ne s’y serait pas prise autrement si elle avait voulu livrer la mémoire de leur père à la vindicte du peuple Bangou. Et c’est bien ce qu’elle a réussi par la voix/plume de son messager.

En effet, on a désormais la confirmation, par une bouche des plus autorisées, celle de son propre fils, que Ngnépi Moïse est bien la tête de proue de ceux par qui le désordre et l’instabilité ont fait leur nid à la chefferie Bangou. On a désormais la preuve que ce sont eux qui ont fait revenir à la charge, 30 ans après (1937‐1967), Djomo Christophe et l’ont convaincu de s’installer à la chefferie Bangou. On sait désormais que ce sont encore eux qui ont imposé, pour succéder à leur ami et protégé Djomo, un certain Kezembou Marcel, alias Tayo Marcel, qu’ils ne pouvaient ne pas savoir être un fils adoptif, indépendamment du rôle qu’on prête à Ngnépi Moïse dans l’établissement d’un faux acte de naissance à ce fils adoptif. Et c’est bien par‐là que je vais commencer ma réaction à cette plaidoirie.

Tayo Marcel est bel et bien né Kezembou Marcel !…

A propos de la filiation exacte de Tayo/Kezembou Marcel, il me vient à l’esprit ce proverbe de chez nous qui dit :
« Quand on dispose d’un tam‐tam, on ne joue pas la musique avec la bouche ! » En effet, comment peut‐on en être encore aujourd’hui à épiloguer et à émettre des doutes sur le fait que l’identité de « Tayo Marcel » est bien le résultat d’un faux et usage de faux ? Comment peut‐on en être encore aujourd’hui à épiloguer sur la question, alors que des enquêtes les plus approfondies ont permis d’exhumer, à la mairie de Melong, et avec un certificat de conformité, son vrai acte de naissance au nom de Kezembou Marcel, fils de Tiela Joseph et de Mazakou Elisabeth, tous deux originaires du village Bamendjou ?.
Comment peut‐on continuer à en douter alors que le tribunal a clairement établi qu’il était détenteur de deux actes de mariage, l’un au nom de Kezembou Marcel (1974) et l’autre de Tayo Marcel (1978) et avec la même épouse Patouo Julienne?
Au vu des originaux de ces actes qui ont du reste été largement diffusés, y compris sur les réseaux, au vu de l’ordonnance de renvoi ‐ l’authenticité peut en être vérifiée auprès des instances compétentes ‐ de Tayo Marcel et de son épouse Patouo Julienne devant le tribunal de première instance de Bafoussam statuant en matière criminelle pour faux et usage de faux, au vu de tout cela, le débat sur cette affaire devrait être définitivement clos !… Et tous ceux qui ont cautionné ou continuent de cautionner cette forfaiture devraient se taire et se cacher, pendant que le peuple Bangou boit sa honte d’avoir été « gouverné », pendant près de 40 ans, par un « quidam » n’ayant pas une seule goutte de sang royal Bangou dans ses veines ! … Et on veut, toute honte bue, imposer son fils comme nouveau chef du village ?… C’est vraiment le monde qui s’effondre!…

D’autres acteurs/responsables de la forfaiture

Le messager de la famille Ngnépi Moïse (Mekep Ngnépi), tout en réservant le beau rôle à leur père, n’a pas oublié d’autres acteurs de premier ordre qui ont contribué à porter, indument, Djomo Christophe et Tayo/Kezembou Marcel au trône de Bangou. D’autres acteurs qui, comme lui, ont hérité, en récompense symbolique tout au moins, des titres de notabilité des plus prestigieux; entre autres, Gambou Maurice (Mekep Gambou), Djosseu Abaham (Mekep Djosseu), Ouethy Nana Oscar (Mba Ndouona), Tchouanlong Jean René (Wemba Tchouanlong), pour ne citer que les plus connus.

Révélatrice fin de vie pour certains de ces acteurs

Ce que le messager de la Famille Ngnépi n’a pas dit, c’est que leur père, Mekep Ngnépi, et Wemba Tchoualong, tous deux anciens de l’Eglise Evangélique du Cameroun, ainsi que Ouethy Nana Oscar, chrétien catholique, se sont rendus compte du mal qu’ils avaient fait au village Bangou en cautionnant le faux, et se sont rétractés, pour ne pas dire « repentis », avant leur mort. Mais l’on doit à la vérité de relever que, si ce qui s’est apparenté à une « repentance » a réglé le problème pour leur descendance, il n’en a rien été pour le village Bangou qui continue à vivre dans la tourmente.

En effet, tous les trois ont rendu à la chefferie, avant leur mort, les attributs dont on les avait parés, et ont demandé à être enterrés chrétiennement, sans donc aucune implication des sociétés secrètes auxquelles ils appartenaient. Qui plus est, ils ont dispensé leurs successeurs de toute obligation liée à leur titre de notabilité à l’égard de la chefferie bangou. Ce n’est pas Denis Ngnépi, le digne successeur, qui me démentirait,
pas plus d’ailleurs que tous ceux qui, comme moi, ont eu le privilège d’assister aux obsèques de son père. En effet, toute l’assistance a découvert, non sans étonnement, que Mekep Ngnépi Moïse avait confié son testament, non pas à la chefferie ou à ses pairs notables, mais à son Pasteur.
Et ce dernier – de toute évidence à la demande du disparu ‐ l’a lu en pleine cérémonie des obsèques et devant sa dépouille exposée, contrairement aux us et coutumes qui veulent que l’on en use autrement pour les notables de son rang. Il en a du reste été de même pour les deux autres Tchouanlong Jean René et Nana Ouethy Oscar enterrés tout aussi chrétiennement. Quelle meilleure preuve de la reconnaissance de leur forfaiture ?…

Sinkam Charles était bel et bien l’héritier testamentaire de Tayo Mehguep?

A propos de la prétendue substitution de Sinkam Charles à Djomo Christophe, qui serait le vrai successeur désigné par Tayo Mehguep, il faut que ce soit dit, une fois pour toute ‐ et pour que nul n’en ignore désormais – que si Djomo Christophe a été, dans un premier temps, effectivement
pressenti par son père pour lui succéder, ce dernier a changé d’avis, bien avant sa mort, et a clairement signifié ses dernières volontés aux notables habilités, pour dire que c’était désormais Sinkam Charles.
Deux raisons fondamentales à ce changement. La première a fait suite à une pression sur le chef Tayo Mehguep, de son vivant, par les notables dépositaires du premier testament, lesquels essuyaient de la part de leur pair, le grand‐ père maternel de Djomo Christophe, un certain Dzossop, des menaces exprimées en des termes sans équivoque : « Attendez !… Quand les choses vont changer dans ce village, vous verrez ce que vous cherchez. » Ce qui signifiait en clair : « Quand mon petit‐fils sera chef dans ce village, vous verrez ce que vous cherchez… » De telles menaces ont suffi aux dépositaires du testament pour s’inquiéter de leur sort, et l’on comprend qu’ils aient fait pression sur le chef Tayo Mehguep pour l’amener à changer son testament.

Deuxième raison. Djomo Christophe se sachant successeur désigné s’est installé dans une attitude de désinvolture et d’insouciance à l’égard de son père, donnant manifestement l’impression de ne plus attendre que le jour où il serait sur le trône…. Pendant ce temps, Sinkam Charles, commerçant installé à Bafang et propriétaire d’une voiture pickup, était aux petits soins de son père, y compris en l’amenant se faire soigner jusqu’à l’Hôpital de Dschang, alors Chef‐lieu de la Région Bamiléké.

Tels sont les faits et les circonstances qui ont amené le Chef Tayo Mehguep à changer son testament en faveur de Sinkam Charles. Voilà la vérité de l’affaire, pour que nul n’en ignore désormais.
Le Messager de la famille Ngnépi a donc cru devoir reprendre à son compte l’affirmation si souvent galvaudée, et selon laquelle c’est par « des intrigues de palais et avec l’appui de certains dignitaires extérieurs » que le choix des notables a porté sur Sinkam Charles. Mais curieusement, le même messager avoue, paradoxalement, que c’est à l’unanimité ‐ moins un ‐ que les notables habilités ont porté Sinkam au trône de bangou. La preuve ‐ et il l’affirme bien ‐ il ne s’est trouvé qu’un seul des neufs notables pour protester contre ce choix. Ce qu’il oublie de préciser c’est que cet unique membre des neuf qui s’est opposé n’était autre que le grand‐père maternel de Djomo Christophe, à savoir Dzossop.

Changer de dynastie !… L’ambition cachée de Tayo/Kezembou

Je reviendrai pour conclure à Tayo/Kezembou Marcel, pour dire que toute personne, un tant soit peu au fait des méandres de son règne pourrait exhiber mille et une preuves que ce Kezembou avait bien conscience de sa forfaiture et de son illégitimité. Il se savait totalement étranger à Bangou. Et il en a souvent donné bien des preuves, tant en paroles qu’en actes, y compris en proférant des moqueries à l’endroit des Bangou. Il se savait illégitime et l’a même quelquefois confessé. A ce propos, un de ses amis d’enfance, surpris de le retrouver comme Chef à Bangou, et ce au tout début de son règne confesse l’avoir entendu déclarer: « Je sais que je serai loin en haut là‐bas en train de sortir quand viendra le moment d’installer un chef dans cette chefferie.»
Mais l’appétit venant en mangeant, comme on dit, et fort des soutiens que j’ai évoqués plus haut, il a pris goût et a entrepris toutes sortes de manœuvres pour installer à Bangou une nouvelle dynastie. Il suffit d’interroger ses 39 ans de règne, dont on nous rabâche les oreilles, pour se rendre à l’évidence qu’ils sont truffés d’actes dont la finalité était d’asseoir cette nouvelle dynastie. De ces actes, on pourrait en énumérer tout un chapelet. Mais peut‐être faut‐il donner encore du temps au temps, car certaines blessures sont encore trop fraiches, trop douloureuses, et certains des bras armés toujours à l’affût, pour qu’on s’hasarde à ouvrir ce lourd dossier aujourd’hui.
Tout cela dit, et en te remerciant, très cher Fankou Ngnépi Jean‐Paul, pour avoir éclairé à suffisance notre lanterne, je voudrais espérer qu’avec toutes les vérités rétablies, s’ouvrira l’étape de la réconciliation, celle où toute la communauté Bangou suturera et pansera ses plaies pour un vivre ensemble dans la paix et l’harmonie des fils et filles de notre beau village.

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