« Le président de la république, le 1er ministre, les membres du gouvernement et assimilés, le président et les membres du bureau de l??assemblée nationale, le président et les membres du bureau du Sénat, les députés, les sénateurs, tout détenteur d??un mandat électif, les secrétaires généraux des ministères et assimilés, les directeurs généraux des entreprises publiques et parapubliques, les magistrats, les personnels des administrations chargées de l??assiette, du recouvrement et du maniement des recettes publiques, tout gestionnaire de crédits et des biens publics, doivent faire une déclaration de leurs biens et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction.
Une loi détermine les autres catégories de personnes assujetties aux dispositions du présent article et en précise les modalités d??application. ». Telle est la lettre de la loi n° 96 / 06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972 et révisée par la loi n° 2008 / 001 du 14 avril 2008.
A la lecture de l??article, il est aisé de comprendre pourquoi jusqu??ici personne n??a encore été contraint de déclarer sa fortune. En effet, le constituant camerounais de 1996 a subordonné l??application de cet article à une loi devant être votée postérieurement et devant en définir les modalités. Le constituant s??est comporté comme s??il complotait avec les personnes visées dans cet article : il n??a fixé aucun délai pour le vote de la loi d??application. Et même si le commun des mortels s??accorde à penser que le chef de l??Etat doit tout mettre en ??uvre pour que la loi d??application soit votée afin qu??il la promulgue, rien ne l??y oblige, l??article 66 laissant simplement entendre que l??on devra attendre une loi qui en déterminera les modalités d??application.
On comprend aussi et alors pourquoi notre célèbre ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, répond à Maître Charles Nguini, président de Transparency International Cameroon, en ces mots : « tu ne peux pas arriver chez quelqu??un et lui demander le nombre de ses poules, de ses chèvres, de ses femmes?? », à la question de savoir pourquoi le Président Paul BIYA ne s??est jamais soucié de l??application 66 de la constitution de son pays. Notre Tchiroma est porte parole du gouvernement ; il parle pour le pays tout entier et le défend si bien que lors d??une interview accordée à un confrère de la télévision nationale, il affirme : « pourquoi nous parler de l??application systématique de l??article 66 de la constitution ? Les gestionnaires ou toute autre personne en charge des fonds de notre nation ne sauraient tenter de s??en accaparer. Ils ont compris que la justice camerounaise fait son travail. Pour preuve, certaines personnes arrêtées pour cause de détournement ont été jugées et déclarées coupables au cours de procès équitables avec toutes les garanties des droits de la défense. Les autres personnes en détention attendent d??être fixées sur leur sort. C??est en lui seul un élément de dissuasion pour celles-là qui seraient encore tentées de s??accaparer les biens de la nation. Par ailleurs, les organes de lutte contre les détournements de deniers publics, à savoir l??Agence Nationale d??Investigation Financière, la Commission Nationale Anti-Corruption, le Conseil Supérieur de l??Etat, la chambre des comptes de la Cour Suprême sont autant d??épées de Damoclès suspendues au-dessus de leurs têtes?? »
Mireille Djifedeu, 237online.com