Cameroun : Le coût de la libéralisation à Ngaoundéré

Minepia Ngaoundéré

Une source au ministère de l’Elevage relativise la thèse de l’exportation massive des bœufs vers les pays voisins invoquant une réglementation stricte et un quota de sortie.

A la délégation régionale du ministère de l’Elevage, des Pêches et Industries animales (Minepia) de l’Adamaoua, la situation du prix en hausse de la viande de boeuf est suivie de près. Ici, l’argument développé c’est la libéralisation du secteur et ses effets. « On ne peut pas obliger un éleveur de vendre son produit dans telle ville ou au niveau local. On fait de l’élevage pour gagner », explique un cadre du Minepia en service à Ngaoundéré. Sur la question de l’exportation des bœufs vers certains pays voisins, ce responsable rejette la thèse d’une exportation massive vers des pays voisins. « Il y a une réglementation et un quota de sortie. Un suivi est fait chaque mois de la situation. C’est impossible de faire sortir des bœufs du Cameroun sans un document. D’ailleurs sans document, il ne peut pas entrer dans un pays voisin » explique-t-il.

Selon cette source, depuis plus de 10 ans, le financement de l’Etat pour le développement de la filière élevage a été multiplié par 5. Les projets Prodel, Acefa sont là pour aider les éleveurs à développer leurs activités en octroyant des financements. Sur la question, le syndicat des éleveurs bovins de la Vina accuse le Minepia d’avoir levé les restrictions de passage du poste d’élevage de Mbé. La conséquence étant l’entrée en masse des bœufs Mbororos. Pour le syndicat, l’objectif des restrictions étaient de faire respecter les mesures prises par le Minepia, de s’assurer sur l’origine du bétail et de stopper tout transporteur de bœufs venant du Tchad et du Soudan d’entrer sur le territoire national. C’est peine perdue selon les éleveurs. « Chaque jour des centaines de bœufs Mbororos venant du Tchad et du Soudan traversent ici. Le poste vétérinaire de Mbé ne joue pas son rôle », explique le président du syndicat des éleveurs bovins de la Vina. Selon les responsables de ce syndicat des éleveurs, la cherté de la viande s’explique par le départ massif des bœufs vers d’autres localités. « Les commerçants ont opté pour les marchés étrangers. Le travail de l’éleveur s’arrête au marché à bétail. on ne demande pas à l’acheteur où il va avec le bœufs » conclut-il. Alhadji Oumarou Djibo, s’offusque du manque de soutien du gouvernement à la filière élevage. « Nous payons les vaccinations de nos animaux, nous payons les taxes aux communes, pourquoi devons-nous vendre moins cher nos bœufs. Le tourteau coûte extrêmement cher. Je ne parle pas des foins et autres aliments pour le bétails », fulmine-t-il. Et d’ajouter que : « Auparavant nous faisions l’élevage pour le prestige. Maintenant c’est du business qu’on fait, car le capitalisme a gagné le monde ». Impuissant face à la montée du prix du kilogramme de viande sur le marché local, les consommateurs subissent.

2500 FCFA, c’est le prix du kilogramme de viande de bœuf dans la ville de Ngaoundéré et ses environs. Depuis le mois de décembre 2021, la position des bouchers est formelle sur ce nouveau tarif. A l’origine de cette hausse de 300 FCFA sur le prix officiel, les bouchers pointent du doigt les nombreuses charges et l’indisponibilité des bœufs pour la consommation locale. Selon les acteurs de la filière cette hausse est acceptée par le gouvernement qui privilégie l’exportation des bœufs vers les pays tel que le Gabon, le Congo, la Guinée-Equatoriale et même la république démocratique du Congo (Rdc). Chaque jour c’est au moins une vingtaine de camion qui part des villages de l’Extrême-Nord pour transiter vers Douala et Ebolowa et se retrouver dans les pays voisins.

Adolarc Lamissia

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