La santé de Laurent Esso, ministre de la Justice du Cameroun, a pris une tournure dramatique ces derniers mois. Après un malaise public lors des festivités de l’Unité nationale, il a été hospitalisé localement avant de tenter une évacuation sanitaire qui a échoué en décembre dernier. Ce n’est que récemment, après une intense pression des chefs traditionnels sawa, que Paul Biya a cédé, permettant l’évacuation de son ministre à l’étranger.
La réaction des chefs sawa
Les chefs de la communauté sawa, ethniquement liés à Laurent Esso, se sont montrés particulièrement actifs. Leur visite à Yaoundé, où ils ont constaté l’état alarmante de leur compatriote, a été suivie d’une réunion privée. La menace d’un « dikalo » public, un communiqué formel et critique, a été brandie pour forcer la main du président. Cette action a révélé une dynamique de pouvoir où les chefs traditionnels peuvent encore jouer un rôle significatif dans les décisions politiques.
Les coulisses d’une décision présidentielle
L’intervention de figures influentes, comme le directeur de l’hôpital militaire de Douala, proche du cercle présidentiel, a également pesé dans la balance. Ces émissaires ont mis en lumière les risques d’une détérioration de la santé de Laurent Esso si aucun traitement adéquat n’était administré à l’étranger. La décision de Paul Biya, longtemps retardée, semble donc avoir été influencée par une combinaison de pressions politiques et sociales.
Laurent Esso, connu pour son rôle central dans la gestion des affaires judiciaires et politiques complexes du pays, est maintenant sous traitement à l’hôpital d’instruction des armées françaises de Clamart, près de Paris. Ce transfert marque une reconnaissance implicite de l’urgence médicale et soulève des questions sur la gestion de la santé des hauts fonctionnaires camerounais.