La décentralisation est souvent présentée comme l’un des moyens les plus efficaces de rapprocher le pouvoir des citoyens et de promouvoir une gouvernance locale participative.
Cependant, au Cameroun, le récent décret présidentiel concernant les nominations des Secrétaires Généraux des Collectivités Territoriales soulève des interrogations. Certains observateurs y voient une centralisation déguisée qui pourrait freiner les efforts de décentralisation.
Une centralisation masquée ?
La première question qui se pose est celle de l’autonomie des collectivités territoriales. En nommant directement les Secrétaires Généraux, le Président maintient un contrôle direct sur les acteurs clés des administrations locales. Ces Secrétaires Généraux, plutôt que d’être redevables envers les citoyens ou les conseils locaux, peuvent se sentir redevables envers Yaoundé, compromettant ainsi l’indépendance des collectivités territoriales.
Une uniformité dangereuse
Chaque région du Cameroun a ses spécificités, ses défis et ses besoins. Un Secrétaire Général nommé par la Présidence pourrait appliquer une approche uniforme aux problèmes locaux, sans prendre en compte les nuances régionales. Cela pourrait mener à des décisions inadéquates, loin des réalités du terrain.
Où est la participation citoyenne ?
La décentralisation est censée rapprocher le pouvoir des citoyens, leur permettant d’avoir un mot à dire dans la gestion de leurs affaires locales. Mais avec cette nomination directe, où est la place du citoyen ? Cette démarche risque de renforcer la méfiance des citoyens envers les institutions locales, les éloignant encore plus de la politique.
La compétence mise à l’écart ?
Lorsqu’une nomination vient de la Présidence, elle peut être perçue comme étant basée sur la loyauté ou les affiliations politiques plutôt que sur la compétence. Cela pourrait compromettre l’efficacité et l’intégrité de l’administration locale.
Un appel à la reconsidération
Alors que le Cameroun s’efforce de décentraliser pour répondre aux aspirations de ses citoyens, il est essentiel que les processus et les structures mis en place soutiennent véritablement cet objectif. Pour garantir une décentralisation réussie, il pourrait être sage de repenser la manière dont les acteurs clés des collectivités territoriales sont nommés.