Cameroun: Inertie et sclérose érigées en règle

Le Cameroun est-il en panne d’innovations ? Tout porte à le croire. Surtout au regard du surplace regrettable observé depuis maintenant presque une décennie.[pagebreak] Le pays vivote, malgré ses énormes potentialités. Le taux de croissance n’arrive même pas à gagner plus de 2 points et stagne désespérément à 5, 3%. Alors même que les experts planchaient sur un rebond significatif, après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte.
Mais les réformes attendues n’ont pas suivies. C’est comme si l’ensemble des acteurs étaient paralysés. A commencer par le gouvernement qui fait preuve parfois d’une vacuité écœurante. L’assainissement des finances publiques et de la fonction publique est pratiquement laissé en plan. La maîtrise de la dépense reste un vœu pieux, autant que la qualité de celle-ci. La mobilisation des recettes publiques est en – deçà des attentes. Les services fiscaux jadis si percutants ont perdu leur allant et ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Au moment justement où l’Etat a le plus besoin d’argent pour financer le développement et encadrer les forces de sécurité engagées dans la lutte contre les menaces sécuritaires. Les systèmes éducatifs et de santé s’ils ne sont pas complètement obsolètes ne brillent toutefois pas de mille feux. Nos hôpitaux sans être tout à fait des mouroirs ne pointent néanmoins pas en tête des classements. Le système éducatif ne parvient pas à se départir de cette image calamiteuse d’usine de fabrication des chômeurs. Sans oublier cette misère rampante qui s’est définitivement installée dans la durée. Conséquence, le Cameroun vient une fois de plus de reculer dans le classement mondial de l’indice sur le développement urbain.
Pourtant toute cette avalanche de malheurs qui vous tombent sur la tête n’a qu’une seule cause : l’absence d’innovation.
On a la ferme impression que tous les acteurs nationaux sont frappés d’immobilisme. Les politiques, la société civile et le gouvernement sont à la peine, profondément endormis. On note particulièrement l’inexistence des think thank comme on l’observe ailleurs, ces laboratoires de réflexion et de recherches dans lesquels s’entrechoquent les idées novatrices que peuvent s’approprier le gouvernement et les partis politiques. Ce qui accentue davantage ce désert de la pensée qui recouvre désormais l’espace socio-politique. La pauvreté du débat est telle que plus rien ne mobilise plus la communauté nationale, même des situations d’une gravité évidente comme les problèmes d’insécurité que certains profiteurs ont réussi à ranger au rayon du folklore.
attend le déclic salvateur. Et d’aucuns disent qu’il ne pourrait venir que du Président Paul BIYA, si d’aventure il remaniait le gouvernement. Argument fortement contesté par d’autres qui estiment que ce
n’est pas la promotion de quelques nouvelles têtes qui peut apporter le changement. Parce que soutiennent-ils, c’est même la prééminence de l’Etat dans la marche de la société qui fausse tout le processus.
En l’absence d’autres cadres d’expression notamment professionnelles, les acteurs sociaux ont tendance à louvoyer, en faisant le pied de grue dans l’antichambre du pouvoir, question d’espérer quelque strapontin pourvoyeur de prébendes.
C’est pourquoi les hauts fonctionnaires mis à la retraite préfèrent se terrer dans le silence, pour éviter
de prononcer une parole qui pourrait leur fermer les voies du repêchage tant espéré. Voilà comment le pays est privé tant de la sagesse que de l’expérience de cette catégorie de citoyens désormais libérés de toutes les entraves de la vie active et qui sous d’autres cieux s’installent en consultants. Privé d’une jeunesse qui ose et pris en otage par des papy boulimiques et accrochés aux affaires, il (le pays) s’enfonce progressivement dans les abysses, malgré les rares coups de génie de celui qui est aux commandes à savoir S.E.M. Paul BIYA.
L’heure est grave et il faut rapidement réagir. Car si rien n’est fait, l’avenir risque d’être compromis. Les chantiers de l’émergence exigent de la créativité et de l’audace. L’audace des innovateurs à la pointe d’idées nouvelles susceptibles de mobiliser la communauté nationale. Et ces oiseaux rares peuvent se recruter partout, autant au gouvernement que dans la société civile et les partis politiques.
Ailleurs, églises, Ong, associations et autres contribuent largement au débat, à l’avancée de la société, en prenant notamment position sur les grands sujets du moment. Alors que chez nous, on se complaît dans le suivisme, quand on ne manœuvre pas à l’ombre dans l’espoir d’obtenir quelques prébendes ou autres avantages du pouvoir. Une corruption déguisée qui est à l’origine de la défiance de la population contre tous, y compris les autorités morales.

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