André Fotso va-t-il pouvoir faire passer sa reforme des statuts ? La dernière Assemblée générale extraordinaire portant amendement des textes régissant le Groupement interpatronal du Cameroun s’était achevée en mai 2013 en queue de poisson.[pagebreak] Dix mois plus tard, le président remet ça. A-t-il suffisamment huilé ses réseaux ? Wait and see !
Un communiqué signe le 13 février 2014 du président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) et publié sur son site et dans les journaux depuis le 24 février 2014 convoque les adhérents du Gicam à une Assemblée générale extraordinaire (Age), le mercredi 26 mars 2014 dès 9 heures très précises. On y lit que cela est fait conformément aux résolutions prises aux assemblées générales du 30 mai 2013 et du 2 juillet 2013, de même qu’à la session du Conseil exécutif du 7 février 2014.
L’ordre du jour portera sur un seul point : «la reforme des statuts». On se souvient que le 30 mai 2013 la première Assemblée générale extraordinaire consacrée à ce point l’ordre du jour s’était achevée en queue e poisson. Et pour cause, Charles Kooh II et Marème Malong, deux membres de l’organe de gestion du Gicam avaient décidé de ramer à contrer courant de la dynamique de l’Alliance Active dans laquelle, ils avaient été élus en décembre 2011. En se passant pour la voix des sans voix.
Notamment en s’opposant à la visée du Président du Gicam, André Fotso de faire amender les textes fondamentaux du Gicam, principalement pour changer la durée du mandat qu’il envisageait de faire passer de 3 à 5 ans. Sous cape, plusieurs membres n’étaient pas d’accord, mais n’osaient pas porter ouvertement la contestation.
D’emblée Charles Kooh II, Dg de Coopers & Lybrand Afrique Centrale et Marème Malong, Dg de MW Marketing avaient porté l’opposition à ce plan qu’ils qualifiaient de mesquin parce que visant à servir de coup de semonce à la politique d’alternance qui avait été implémentée après le passage du flambeau d’André Siaka et qui avait permis à André Fotso d’arriver aussi rapidement au perchoir du Groupement patronal après que Olivier Behlé, le successeur d’André Siaka ait fait seulement un mandat. L’opération n’était pas évidente pour les frondeurs. Ils s’étaient tout d’abord accrochés sur le délai de convocation qui n’avait pas été respecté. Ce qui avait ouvert le débat sur la légalité de cette Age.
Cette situation va déboucher sur un imbroglio. Entre ceux qui sont pour le report de l’Age, et ceux qui sont contre. André Fotso tout confus devant ce spectacle qui est livré devant des invités de marque, présents, à l’instar de Mme Ama Tutu Muna, Ministre des Arts et de la Culture (Minac) et Allisson Marriott, Deputy High Commissionner de Grande Bretagne au Cameroun, va faire preuve d’une grande maîtrise et d’une maestria pour conduire les travaux à une fin anticipée.
En reportant les travaux pour le 2 juillet 2013. Non sans adresser ses excuses auprès de ces invités de marque. «Je présente nos excuses pour ce visage inhabituel que présente le Gicam aujourd’hui», avait déclaré André Fotso. Certaines indiscrétions faisaient état de ce que les deux frondeurs avaient précédemment, lors de la session du Conseil exécutif qui s’était tenue la veille et prolongé leurs travaux jusqu’à un peu plus tard, bloqué le vote du compte administratif du Gicam, faisant durer cette session au point que l’Age va débuter avec une heure de retard. Ce que les membres n’avaient pas apprécié.
Les lendemains de cet incident va faire couler beaucoup d’encre et de salive, suscitant une grande désolation au sein du patronat camerounais et partant au sein de l’opinion publique. Certains proches du président du Gicam avaient vite fait de qualifier cela d’acte d’indiscipline notoire, alors que d’autre y voyaient une preuve que le Gicam connaît désormais une liberté de pensée. Même si le hic pour la plupart des membres et observateurs était que l’on en soit à se demander si après dix mois, André Fotso a réussi à taire ces divergences au sein de son Conseil exécutif d’une part.
Surtout lorsqu’on sait qu’avant que ce groupe ne vole en éclats, l’esprit d’union et de complicité avait prévalu quand il fallait défendre le projet de la liste Alliance active lors des dernières élections. Et Charles Kooh II était le porte-parole de cette liste. Et d’autre part, qu’il ait travaillé pour contrôler la majorité des membres du Groupement pour que cette session connaisse un meilleur aboutissement.
Entre fin et prorogation de mandat
Surtout que cette année est initialement la fin du mandat du Conseil exécutif actuel que conduit André Fotso. Par ricochet elle devrait déboucher sur l’organisation des élections en décembre prochain, sauf si l’amendement de proroger le mandat de 3 à 5 venait à obtenir la majorité des suffrages. Quelques indiscrétions de l’équipe Alliance active révèlent que leur détermination à mener contre vents et marées leur projet. «Ce n’est pas le petit incident de l’année dernière qui va nous ébranler, nous irons jusqu’au bout. Nous avons été élus sur la base d’un programme ; nous sommes allés au-delà dans sa mise en œuvre et notre bilan est largement positif», confie un membre du Conseil. Et un autre de poursuivre : «Nous avons réussi à consolider le Gicam comme principal interlocuteur du gouvernement en matière de dialogue secteur public/secteur privé.
En ce moment le combat de notre groupement est certes la défense des intérêts de nos membres, mais davantage la lutte contre le chômage, et surtout aider le gouvernement à faire du Cameroun un pays émergent en 2035. Nous venons de publier à cet effet un ouvrage sur les 100 propositions pour l’émergence du Cameroun». Avant de conclure : «Tous ceux qui veulent imposer au Gicam un autre combat sont non seulement les ennemis du Gicam, mais aussi du Cameroun.»