Cameroun – Gérontocratie: Au pays des e-mortels !

Marcel Niat de retour

Plusieurs fois tués par les réseaux sociaux, ces vieillards qui dirigent le Cameroun résistent au poids de l’âge et de la pression, déjouant à chaque fois les pronostics des internautes. Accrochés à leurs postes, contrevents et marées, tels des immortels.

Au pays des Fake news, les e-mortels ont le vent en poupe. Il ne passe plus une semaine, un mois, une période au cours desquels on n’annonce pasla mort d’une personnalité Camerounaise sur la toile. Devenus l’exercice favori d’un type d’internautes, influents sur les réseaux sociaux, les laboratoires de Fake news ont produit de véritables e-mortels. Combien de fois les a-t-on tuéssur la toile ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. Tellement les cas sont légion. Les réseaux sociaux, désormais ancrés à nos habitudes, décident d’envoyer outre-tombe qui ils veulent. Bien plus dans notre contexte, les laboratoires de ces malins de la toile, font la part belle aux gérontocrates. Il y a quelques jours, le retour au bercail de Marcel Niat Njifenji mettait fin à la rumeur qui avait jusque là agité les réseaux sociaux sur la mort du président du Sénat. Mort sur internet, la deuxième personnalité du pays est bel et bien vivantedans le monde réel.Du haut de ses 86 ans, le président du Sénat a bien présidé le 10 juin dernier, l’ouverture de la session ordinaire de juin de la Haute chambre. Signe qu’il a encore au moins la capacité physique et intellectuelle de remplir sa mission vis-à-vis de sa fonction, malgré le poids de l’âge.

Idem pour son compatriote de la chambre basse du Parlement. Alors qu’on a longtemps annoncé sur internet le décès de Cavaye Yeguie Djibril pendant son séjour sanitaire en Europe en début d’année 2020, le député du Mayo Sava dans l’Extrême-nord prenait tout le monde à contre-pied. Lorsqu’il a regagné le pays le 14 mars, à la veille de l’ouverture de la session du même mois. Une session qu’il a personnellement présidée et à l’issue de laquelle il a rempilé au poste de président de l’Assemblée nationale pour la 29 année consécutive à la tête du perchoir. Des langues s’étaient déliées dans le landerneau politique pour dénoncer cette attitude du natif de Mada dans l’arrondissement de Tokombéré. Lui a qui on prête des velléités de confiscation de cette parcelle de pouvoir. Lui qui, comme son homologue de la Chambre haute, malgré sa condition physique chancelante tient bon le gouvernail de l’Assemblée nationale, comme si personne d’autre n’avait la capacité pour assurer cette fonction.

Le créateur immortel

Que dire de leur créateur ? Le président de la République est en tête du classement des e-mortels. Plusieurs fois morts dans le virtuel, toujours ressuscité dans le réel. Alors que ces derniers mois, les Camerounais s’interrogeaient sur le silence de Paul Biya, lui qui avait disparu de la circulation, et que d’autres l’avaient carrément annoncé pour mort sur la toile, comme un sphinx, ce dernier a donné signe de vie à travers des audiences diplomatiques qui n’ont guère convaincu l’opinion. Pour preuve, beaucoup se sont révélés des talents de « Factchecker » pour démontrer que les images vues à la télé étaient des montages. Pire, le discours du 19 mai, inhabituel, a fini de convaincre les internautes que Biya n’est plus de ce monde. Au point de prêter à la vidéo du discours, une rectification du portrait du Nnom Gui ; dont l’oreille avait disparue. En tout cas, comme il avait dit à ceux qui s’étaient déjà intéressés à ses obsèques en 2004, il faudra encore patienter…Jusqu’en 2024 ? Qui sait ?

Des cas qui amènent à se poser des questions sur la longévité de ces personnalités qui apparaissent finalement aux yeux de certains comme des immortels. Tant ils résistent au temps, au poids de l’âge, aux attaques de toute part. Mais ce n’est qu’une vue de l’esprit car tout homme est mortel. Biya, Niat, Cavaye et compagnie n’en sont pas moins. Une chose est sûre, ils sont e-mortels et non immortels.

Achille KAMGA

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