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Cameroun – Gaffes à répétition au sommet de la Ceeac: Pourquoi Tsimi Evouna doit démissionner

À travers un discours piqué de vers, le super-maire de la capitale a semé l’émoi lundi à Yaoundé, devant un parterre de chefs d’État et de délégation réunis contre Boko Haram.Le rôle d’un délégué du gouvernement auprès d’une communauté urbaine a toujours consisté, face à un parterre d’invités de marque, à souhaiter une chaleureuse bienvenue à ses illustres hôtes et, accessoirement, à leur présenter le panorama de la ville qui les accueille. Pas plus. Curieusement, lundi dernier au Palais des congrès, Gilbert Tsimi Evouna s’est permis, avec stupéfaction, une série de dérapages langagiers qui ont sérieusement ébranlé les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Ceeac), réunis dans le cadre d’une session extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de la sous-région (Copax) consacrée à la lutte contre la secte islamiste nigériane.
Ce jour-là, l’inénarrable et flegmatique délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de la capitale (Cuy) s’est livré à un mémorable exercice de sabotage diplomatique, protocolaire et géopolitique. Invité à souhaiter la traditionnelle bienvenue ainsi qu’un bon séjour à l’aréopage de Vip ainsi rassemblée, et avec l’accent châtié qui l’a rendu célèbre dans les chaumières, l’orateur se met en devoir de citer les chefs d’État présents dans la salle.
Au niveau de la Centrafricaine Samba Panza, il prend le soin de signaler qu’elle est «présidente par intérim». Elle est certes présidente de transition, mais cette étourderie a provoqué un véritable vent de malaise parmi les invités d’honneur. Une telle déviance ne peut provenir que d’une méconnaissance totale des us diplomatiques ou, pire, d’une cécité intellectuelle avérée.

Et, alors qu’on le croit revenu sur le droit chemin, Gilbert Tsimi Evouna récidive en rappelant, à ses interlocuteurs, qu’ils ne sont pas à Yaoundé pour parler uniquement des stratégies contre Boko Haram, mais de la sécurité dans la sous-région en général, question de pouvoir venir en rescousse à un État si jamais il est agressé. Que cet homme, Tsimi Evouna, sait-il seulement des approches géostratégiques, un domaine hautement sensible et éminemment réservé aux plus hautes autorités politiques et militaires ? Qui est-il, Tsimi Evouna, pour donner des instructions à des dirigeants de haut vol réunis, justement, pour trouver une stratégie à un cancer qui veut s’installer en Afrique centrale ? Cette autre bourde témoigne d’une méconnaissance aiguë du casseur de Yaoundé, des pratiques dans le haut commandement, voire en diplomatie. Passons.

On en était à peine revenu, que le même Tsimi Evouna, vers la fin de son laïus et alors que le directeur du protocole d’État venait de lui souffler quelques mots, que le super-maire commet un impair plus catastrophique. Le non moins trésorier du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) a «oublié», dans son énumération (inutile ?) des dirigeants présents, le nom du chef de l’État gabonais, Ali Bongo Ondimba, pourtant très visible, puisque, installé, évidemment, aux premières loges.
Avec aplomb, le casseur de Yaoundé se confond en excuses. Plutôt que de se la boucler, le successeur de Nicolas Amougou Noma mettra clairement cette fâcheuse omission sur le dos de « [sa] secrétaire» – et non moins son assistante de direction, remarquez. Toute chose qui traduit une légèreté pathologique chez l’homme, généralement présenté comme un ingénieur urbaniste. Et donc prétendument doté d’un bagage intellectuel minimal. «J’ai oublié de citer son Excellence M. le président de la République du Gabon. Vous savez, les secrétaires au dernier moment, elles vous avalent une phrase.» À l’évidence, M. Tsimi Evouna, qui gère l’Hôtel de ville comme une épicerie familiale, ne relit pas les notes rédigées par ses collaborateurs. Ce qui est également très grave, à pareille circonstance, pour un homme de son rang.
L’on note que le raté sur Ali Bongo, dont on sait d’ailleurs les bons rapports avec le président Biya ainsi que son dynamisme pour le rayonnement de l’Afrique centrale, est intervenu alors que le chef de l’État gabonais, dans son pays, fait face actuellement à une opposition pernicieuse et brouillonne allant jusqu’à mettre en doute, ses origines ainsi que sa filiation. C’est justement le moment qu’a choisi «homme sec » pour un exercice de provocation. Il aurait voulu démontrer que le Cameroun est dirigé par des incultes qu’il ne s’y serait pas pris autrement.

Conséquence immédiate, et selon nos sources, plusieurs Camerounais résidant au Gabon font depuis lors, l’objet de toutes sortes de tracasseries, les locaux les accusant, à travers Tsimi Evouna, d’avoir humilié leur leader en ignorant son auguste présence à Yaoundé. Certains n’hésitent pas, apprend-on, dans leur colère, à demander aux compatriotes de Paul Biya de retourner au Cameroun, pays où les Gabonais peuvent se compter sur les doigts d’une seule main et alors que, eux, des Camerounais, ont envahi tous les secteurs de la vie de ce voisin. Fort de l’amitié doublée d’estime que leur chef porte au président camerounais, qu’il appelle affectueusement «Papa», des dirigeants gabonais, indiquent les mêmes sources, ont entrepris depuis lors de calmer les esprits, de ne point jeter l’anathème sur des immigrants par la faute d’un individu visiblement hors de notre temps. Plus grave, il se raconte, en haut lieu, que M. Tsimi Evouna, ainsi que le veulent les pratiques en pareille circonstance, se soit gardé de soumettre sa bafouille à la sanction au cabinet civil de la présidence de la République. Oubli, méprise ou mépris ? Toujours est-il que, si le super-maire avait eu l’humilité de faire relire son allocution par la présidence de la République, il aurait pourquoi pas, épargné le Cameroun des insultes dont il fait l’objet à l’heure qu’il est.
Manifestement, cet enchaînement de frasques est la preuve que l’homme à la tête de la Cuy n’est pas à sa place. Il conforte, surtout, les observateurs dans le fait que Gilbert Tsimi Evouna est un danger pour le pays, une honte pour sa famille politique et un gâchis pour l’intelligentsia nationale.

René Atangana

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