Un vent de changement souffle-t-il au sommet de l’État camerounais ? Selon les informations recueillies par 237online.com, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a brillamment orchestré une opération de communication politique lors des Rencontres économiques du Cameroun (REC), organisées les 26 et 27 février 2025 à Yaoundé. Cet événement d’envergure, coorganisé avec le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), lui a permis de s’affranchir momentanément de l’ombre du tout-puissant Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence.
Tony Elumelu, l’arme secrète du Premier ministre
C’est un coup de maître qu’a réalisé le chef du gouvernement en invitant personnellement Tony Elumelu, puissant banquier et philanthrope nigérian. L’homme d’affaires, arrivé en jet privé le 25 février, a été reçu à dîner à la résidence du Premier ministre, loin des radars d’Etoudi. Ce rapprochement avec l’une des plus grandes fortunes d’Afrique n’est pas anodin dans un contexte où la lutte d’influence fait rage au sommet de l’État camerounais, comme l’ont souligné plusieurs analyses publiées par 237online.com ces derniers mois.
Le lendemain, devant près de 500 chefs d’entreprise et invités internationaux réunis à l’hôtel Hilton, le milliardaire nigérian a livré un discours percutant contre la bureaucratie, tout en plaidant pour un soutien étatique à l’émergence de champions nationaux. Un message qui résonnait comme une caution internationale à la vision du Premier ministre, tandis que « des ministres médusés » assistaient à la scène, probablement conscients du poids politique de ce moment.
Une présidence prise de court et réduite à l’observation
Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence souvent décrit comme l’homme fort du régime, a été réduit à un rôle de spectateur. Revenant d’un voyage à l’étranger, il n’a dû qu’au hasard de voyager aux côtés de Geoffroy Roux de Bézieux, ancien président du Medef français, lui-même invité aux REC.
Face à l’ampleur prise par l’événement, retransmis en direct sur plusieurs chaînes de télévision, la présidence a tenté de réagir en envoyant discrètement Jean-Claude Ayem Mauger, conseiller économique et « homme de confiance de Ferdinand Ngoh Ngoh », en simple mission d’observation. Des émissaires ont également tenté d’organiser une rencontre entre Elumelu et le palais présidentiel, mais sans succès, le milliardaire devant quitter le pays en urgence suite à un incident avec son avion.
Cette fois, contrairement au Grand dialogue national de 2018 où Ferdinand Ngoh Ngoh avait repris la main sur un événement initialement porté par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute a réussi à garder le contrôle de « son » événement, marquant ainsi des points dans l’équilibre subtil des pouvoirs au sommet de l’État camerounais.
