Cameroun: Des assaillants emportent 21 armes à Zina dans l’Extrême-Nord





La brigade territoriale de gendarmerie a été la cible d’une attaque des assaillants non identifiés.
Dans la nuit du 8 au 9 juillet 2014, des assaillants non identifiés ont attaqué la brigade de gendarmerie de Zina logée dans les locaux de l’ex hôpital de la Fondation helvétique sis au quartier Waliagua.[pagebreak] Au cours de l’assaut, le maréchal de logis François Ndjiedougou a été blessé pendant que les assaillants libéraient au passage trois détenus poursuivis pour vol de bétail dans des villages riverains du parc de Waza, non sans emporter avec eux 21 armes dont un PM 49, 9 PA, 7 FAL, 3 AK47, 2 Beretta, une caisse de munitions et quatre taureaux.

Parmi les armes emportées, deux appartiennent à la police. Un pillage en règle de la brigade commandée par l’adjudant-chef Holdong et qui ne compte que sept éléments au total. Cette attaque vient mettre en lumière un ensemble de dysfonctionnements dans l’encadrement et la sécurisation des quelque 30.000 âmes qui peuplent cette unité administrative située dans le Logone et Chari.

Une zone considérée comme sensible parce que limitrophe du Tchad et du parc de Waza, mais que les autorités censées l’administrer au quotidien choisissent de déserter, une partie de l’année. Certains logent à Maroua, d’autres à Kousseri. «Le sous-préfet Nadourou Yabana et le maire Djibrine Bakary sont invisibles dans l’arrondissement une bonne partie de l’année. Il en est aussi du commandant de brigade», confirme un riverain. Personne n’a donc été surpris de leurs absences au moment de l’attaque de la brigade. Et les populations se sont retrouvées abandonnées à elles-mêmes.

Les autorités s’accrochent sur les difficiles conditions de vie dans l’arrondissement pour justifier leur présence à mitemps à Zina. En saison sèche, entre janvier et juin, elles sont en poste et peuvent se mouvoir ici et là. Mais dès les premières pluies, les inondations sont telles qu’il est en effet difficile de se déplacer et même de mener tout simplement une vie normale. En août, 90% de l’arrondissement est complètement inondé. «Depuis un mois, les voitures ne circulent plus. Les motos sont garées parce qu’elles ont de la peine à se déplacer, vraiment de la peine. Quant aux pirogues à moteur, le niveau d’eau est très bas pour qu’elles puissent être utilisées.

Nous sommes donc coupés de tout et durant plusieurs mois. Les plus malins s’installent à l’extérieur de l’arrondissement et gèrent les affaires de loin», explique un responsable local. L’absence de couverture du réseau téléphonique rend cependant plus difficile cette gestion à distance. Le moins que l’on puisse dire est que le séjour des autorités est rythmé par la météo.

Même les élus locaux, censés être proches de la population, ont déserté l’unité administrative. Le député Rdpc, Sassouang Hiri Hiri, a pris ses quartiers à Maroua. Idem pour le maire Djibrilla Bakary qui officie aussi comme receveur municipal de la commune rurale de Kaélé. «Il nous est demandé de nous rapprocher des autorités pour dénoncer tout suspect, mais où sont-elles ? Il n’y a personne à Zina vers qui se tourner», regrette Hassan, un riverain.

Alors même que la situation est passablement inquiétante. En effet, selon diverses sources, la secte islamiste disposerait dans l’arrondissement de nombreux sympathisants du fait même de la attraction d’une partie de la population pour un islam rigoriste. «Quand vous écoutez les musiques enregistrées dans les téléphones portables des uns et des autres, vous avez une indication de la tendance», confirme une source sécuritaire.

Pourquoi dans ces conditions n’avoir pas fait de cette unité administrative une zone prioritaire de sécurité ? «Il est difficile de circuler dans l’arrondissement, limitrophe qui plus est du parc de Waza où se terraient avant les coupeurs de route et qui héberge aujourd’hui quelques bandes armées se réclamant plus ou moins de Boko Haram», poursuit la source militaire. A en croire les riverains, les assaillants de la brigade de Zina auraient trouvé refuge dans ce parc que la secte islamiste veut édifier en petite forteresse.

«L’arrondissement est abandonné par les autorités. Les bandits pourraient profiter de ce vide d’autorité et en faire un sanctuaire pour acheminer des armes dans le parc. Si les autorités militaires n’y prennent pas garde, la situation risque de se complexifier dans un avenir proche», explique une autorité administrative du Logone et Chari.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *