Le Cameroun pleure l’une de ses figures politiques historiques. Luc Ayang, président du Conseil Économique et Social et ancien Premier ministre, s’est éteint ce mardi 14 octobre 2025 des suites d’une maladie. Victime d’un accident vasculaire cérébral début octobre à son domicile de Maroua, l’homme d’État âgé de 78 ans avait été évacué en urgence vers l’Europe. Sa disparition marque la fin d’une ère pour toute une génération de Camerounais qui ont connu son passage éclair mais marquant à la Primature en 1983. Comment le pays rendra-t-il hommage à ce pilier du RDPC pendant plus de quatre décennies ?
Une carrière politique fulgurante dans les années 80
Natif de Doukoula dans l’arrondissement de Kar-Hay (département du Mayo-Danay) en 1947, Luc Ayang a gravi tous les échelons de l’administration camerounaise. Diplômé en droit et économie de l’Université de Yaoundé en 1972, puis administrateur civil sorti de l’ENAM en 1974, il débute au secrétariat général de la Présidence dès 1975.
Sa nomination comme Ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales en mai 1978 propulse le jeune cadre sur le devant de la scène nationale. Mais c’est en août 1983 que survient le tournant majeur : Paul Biya le nomme Premier ministre par intérim, en remplacement de Bello Bouba Maigari.
Ce passage à la Primature, bien que bref – seulement cinq mois – reste gravé dans l’histoire politique camerounaise. En janvier 1984, le poste de Premier ministre est supprimé par amendement constitutionnel, mettant fin à cette fonction.
Quarante ans à la tête du Conseil Économique et Social
Loin de s’éclipser de la vie publique, Luc Ayang rebondit immédiatement. Depuis 1984 jusqu’à son décès, il occupe sans discontinuer la présidence du Conseil Économique et Social, institution consultative majeure du pays. Cette longévité exceptionnelle – 41 ans au même poste – fait de lui la 4ème personnalité du pays sur le plan protocolaire.
Membre titulaire du Comité Central du RDPC et membre de son Bureau politique, Luc Ayang incarnait la fidélité au parti au pouvoir. Il a également servi comme représentant personnel du Président Paul Biya lors de nombreuses cérémonies officielles, dont la conférence des chefs d’État de la Francophonie en 1997 et l’inauguration du SIARC 2016.
Un homme du Nord emporté par la maladie
L’AVC qui l’a terrassé début octobre à Maroua a brutalement mis fin à sa carrière. Malgré son évacuation médicale en Europe, l’ancien Premier ministre n’a pas survécu. Sa disparition laisse un vide dans le paysage politique camerounais, particulièrement dans la région du Nord dont il était originaire.
Le Cameroun perd ainsi un témoin privilégié des grandes mutations politiques du pays depuis l’indépendance. Quelle cérémonie d’hommage national le gouvernement organisera-t-il pour saluer ce parcours exceptionnel ?
