Cameroun – Crise anglophone : Paul Biya ordonne la libération de 289 détenus

Combattans neutralisés

Le chef de l’Etat a également prescrit l’arrêt des poursuites contre les personnes poursuivies dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Tout laisse croire que certains prisonniers détenus à Kondengui depuis plus d’un an et condamnés devant le tribunal militaire de Yaoundé pour les actes de terrorisme et d’hostilité contre la patrie seront libérés dans les prochaines heures. Afin d’ouvrir la voix au dialogue et trouver une solution à cette crise qui sévit depuis deux années dans les régions du Nord-Ouest et Sud-ouest, le président de la République a ordonné la libération de 289 détenus. Cette mesure du président de la République a été rendu public hier en fin d’après-midi par un communiqué du secrétaire général de la Présidence de la République « le ministre secrétaire général de la Présidence de la république porte à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que le président de la République a décidé ce jour de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre un certain nombre de personnes arrêtées pour délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. 289 détenus au total sont concernées par cette décision qui mise en œuvre à la diligence du ministre délégué à la présidence chargé de la Défense. Intervenant après la création du Comité national de désarmement de démobilisation et de réintégration. Cette décision du chef de l’Etat procède de sa volonté de permettre à ceux de nos jeunes compatriotes de ces deux régions désireux de renoncer à la violence et de revenir dans le droit chemin de pouvoir de nouveau participer à la grande œuvre de construction nationale. Le chef de l’Etat réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise qui affecte des régions de notre pays, en vue de la normalisation souhaitée par l’immense majorité du peuple camerounais », précise le communiqué signé par Ferdinand Ngoh Ngoh.

Le communiqué signé hier par le secrétaire général de la présidence de la République ne précise pas les villes où les prisons dans lesquelles sont détenues les 289 personnes concernées. Mais l’on sait que la majorité des personnes poursuivies dans le cadre de cette crise sont en détention à Yaoundé notamment à la prison centrale et la prison principale. Certains prisonniers et leaders de la société civile anglophone comme l’animateur radio Mancho Bbc ou le journaliste Awa Thomas ont été condamnées respectivement à 15 et 10 ans d’emprisonnement ferme depuis le mois dernier. Pendant ce temps d’autres leaders comme Ayuk Tabe, le président de l’Etat imaginaire de l’Ambazonie ainsi que neuf de ses lieutenants, interpellés au Nigeria en janvier 2018, sont jugés par le tribunal militaire de Yaoundé depuis une semaine.

Difficile de dire si ces personnes seront libérées dès ce jour. Depuis le déclenchement de la crise anglophone en octobre 2016, c’est la deuxième fois que le président de la République ordonne l’arrêt des poursuites à l’encontre des personnes poursuivies. Le 29 aout 2017, certains leaders comme Paul Ayah, Felix Agbor Bala, le docteur Fontem Neba et une cinquantaine d’autres jeunes avaient été libérées. Cette mesure du chef de l’Etat avait suscité une indignation chez de nombreuses personnes. Les détenus comme Mancho Bbc avaient été maintenus en prison. La dernière mesure du président de la République intervient dans un contexte d’enlisement de la crise.

A ce jour, l’on compte environ 1000 personnes décédées, plus de 30.000 déplacés. Depuis quelques mois, certains villages dans les régions du Nord-
Ouest et Sud-Ouest sont abandonnés. Les activités économiques dans les deux régions sont complètement paralysées. Les élèves, les étudiants et les forces de maintien de l’ordre et de sécurité, des cadres administratifs ainsi que des autorités religieuses et traditionnelles ont péri dans cette crise.

Prince Nguimbous, Le Jour

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